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Actualités - ANALYSE

RÉTROSPECTIVE 2002 Mouvement estudiantin : 2003, année de la « résistance culturelle » ?

Le mouvement estudiantin est resté mobilisé tout au long de l’année 2002. Non plus seulement pour réclamer le rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance, comme c’est le cas depuis 1997 (date à laquelle le mouvement s’était reformé pour la première fois depuis la fin de la guerre après l’interdiction faite à la MTV de diffuser une interview du général Michel Aoun), mais également, cette fois-ci, pour participer à la contestation à caractère socio-économique. Certes, la lutte pour recouvrer la souveraineté manquée est loin d’avoir été abandonnée en 2002. Les étudiants aounistes ont manifesté devant un barrage syrien le 14 mars, et tous les courants de l’opposition sont descendus dans la rue pour contester les atermoiements du pouvoir à annoncer la victoire de Gabriel Murr, le 2 juin – victoire à laquelle les jeunes ont, du reste, largement contribué. Cette bataille de longue haleine pour l’indépendance et la démocratie continuera sans doute à constituer l’essence de l’action estudiantine durant les années à venir. Mais parallèlement à cette action politique, les étudiants se sont mobilisés aussi cette année pour des questions d’ordre social et économique. Ils ont manifesté contre la TVA et la gestion économique et financière du gouvernement en février, devant le Parlement. À l’Université Saint-Joseph (USJ), ils ont organisé en mars une journée de solidarité avec les agriculteurs, pour dénoncer la concurrence illicite syrienne. Les jeunes aounistes ont continué, eux aussi, à vendre des fruits et des légumes libanais dans les rues pour protester contre cette concurrence, subissant souvent le courroux des services de renseignements et des agents de l’ordre. Les étudiants ont également manifesté leur disposition à s’engager pour toute bataille les concernant en tant que citoyens sous le thème de la « liberté » ou, plus exactement, des libertés publiques et privées. Le 19 mars, au lendemain de la condamnation de MM. Habib Younès, Toufic Hindi et Antoine Bassil par la Cour de cassation militaire, ils sont descendus spontanément dans la rue pour dénoncer cette … injustice. En septembre, au lendemain de la fermeture de la MTV, support audiovisuel principal du mouvement estudiantin, ils ont été les seuls à se solidariser dans la rue avec les employés de la chaîne avec lesquels ils ont essuyé les coups de la brigade antiémeutes et les jets d’eau des camions de la Défense civile. Enfin, grande nouveauté, les étudiants ont ajouté à leur panel un nouveau concept inspiré des discours prononcés cette année par le recteur de l’USJ, le R.P. Sélim Abou : celui de la résistance culturelle. Le nombre de conférences et de débats organisés par les étudiants, à caractère politique, économique, social ou culturel, a atteint son apogée en 2002. Les étudiants de l’USJ ont surtout innové avec l’organisation, le 10 décembre, de la « Journée Charles Malek » pour célébrer la culture des droits de l’homme. Les manifestations sont certes un moyen redoutable et nécessaire, et le mouvement estudiantin aura du mal à y renoncer. Dans l’optique étudiante, elles ont une double fonction : continuer à s’approprier l’espace public de la rue pour perpétuer les revendications, et sensibiliser la majorité silencieuse, la conscientiser. Cependant, ces manifestations se heurtent à la répression brutale des forces de l’ordre et sont le plus souvent snobées par les étudiants désengagés ou qui refusent de mettre en péril leur santé physique « alors qu’il y a d’autres moyens de résister ». Par ailleurs, les tentatives de museler le mouvement estudiantin – lequel souffre déjà de la dépolitisation et de l’émigration massive des jeunes, mais aussi du manque de coordination entre les différents courants politiques – vont grandissantes. Preuve en est le travail de sape des services de renseignements, les convocations de jeunes aux centres de ces SR, la présence de « taupes » parmi les étudiants ou encore, plus directes, les nominations de directeurs loyalistes dans les sections opposantes de l’Université libanaise… Pourquoi la « résistance culturelle » ? La fin de l’occupation ottomane du Liban avait été marquée par un foisonnement intellectuel et culturel sur le thème de la liberté. Un bouillonnement qui avait produit la renaissance culturelle, la « Nahda », le « siècle des Lumières » libanais. Plus que jamais, le mouvement, passé maître dans les actions sur le terrain, a besoin de jeunes pour se penser, pour susciter une réflexion académique sur son devenir. Et à cet égard, il a notamment besoin de produire et d’écrire. Son action, dans ce cas de figure, dépasse le cadre universitaire. À travers le mouvement étudiant, c’est aussi l’avenir du Liban qui est entre les mains des jeunes. Michel HAJJI GEORGIOU
Le mouvement estudiantin est resté mobilisé tout au long de l’année 2002. Non plus seulement pour réclamer le rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance, comme c’est le cas depuis 1997 (date à laquelle le mouvement s’était reformé pour la première fois depuis la fin de la guerre après l’interdiction faite à la MTV de diffuser une interview du...