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Opinion Économie et politique ne font pas bon ménage
Par Haddad JOE, le 05 novembre 2002 à 00h00
par Joe HADDAD * Le traumatisme du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les scandales des géants américains Enron et Worldcom – des comptes truqués et deux dizaines de milliards de dollars détournés – une récession qui n’ose pas dire son nom dans la plupart des pays industrialisés, et enfin le bruit de bottes aux portes de l’Irak, tous ces évènements ne rassurent pas les marchés. Les cours de la Bourse ont, depuis le début de l’année, chuté de près de 258 % en Amérique, 40 % en Allemagne et 35 % en France. Pourquoi ? Tout simplement parce que les investisseurs n’aiment pas, mais pas du tout, les incertitudes. Or l’économie mondiale est dans le brouillard. À preuve les indices boursiers qui montent un jour de 3, voire 4 ou 5 % pour redescendre le lendemain d’autant, et ce sur une parole ou un geste de l’homme le plus puissant de la planète : M. Bush. Car aujourd’hui, tout se résume à cette interrogation : la guerre d’Irak aura-t-elle lieu ? Oui, répondent des observateurs avisés. Et ce pour deux raisons : l’une de politique intérieure – les élections législatives de novembre pourraient, en cas de conflit – en faisant vibrer la fibre patriotique – donner sans doute la majorité au parti de M. Bush, et l’autre de politique étrangère, avec une connotation économique évidente. En effet cette guerre d’Irak, si elle a lieu, sent le pétrole à plein nez. Les Américains, depuis le 11 septembre, n’ont plus confiance en l’Arabie saoudite. Non seulement, leur ennemi du moment Ben Laden est saoudien mais 15 des 19 pirates de l’air qui se sont jetés sur les « Twin Towers » sont aussi saoudiens. Si l’Arabie possède les plus grosses réserves de pétrole du monde, elle est suivie de près par l’Irak. D’où l’intérêt pour les USA de diversifier leurs sources d’énergie et de s’installer durablement en Mésopotamie sous les prétextes les plus divers. Depuis deux semaines, cependant, la propension du président américain et des faucons de son Administration à agir vite a été freinée par les sérieuses réserves émises par la France, l’Allemagne et la Russie. Quelles seraient, à court terme, les conséquences d’une guerre, mises à part la tragédie sur le plan humain qui, elle, n’est pas chiffrable, ainsi que les réactions imprévisibles des pays arabes ? Désastreuses. En 1991, lors de la guerre du Golfe, le prix du baril de pétrole est passé de 20 à 40 dollars. Il pourrait très bien s’envoler – sans raison apparente – président les plus pessimistes. En tout cas, un coup sérieux serait porté à l’économie mondiale, provoquant – cette hypothèse n’est pas exclue – un krach semblable à celui d’octobre 1929. Le monde avait alors mis 25 ans pour s’en remettre. Le malaise profond dans lequel s’enfoncent les économies de nombreux pays est importable aux déclarations comminatoires de M. Bush junior et à sa détermination, non feinte, de terminer le travail commencé par son père, il y a 11 ans. En somme une affaire de famille, en quelque sorte. Mais pas seulement. Derrière cette volonté, il y a deux puissants lobbies qui poussent à la roue : l’israélien qui veut en découdre par Américains interposés, et le pétrolier qui a contribué à le faire élire, après les avatars que l’on sait. À moins que les gesticulations guerrières du locataire de la Maison-Blanche ne soient finalement qu’un grand coup de bluff pour amener Saddam Hussein à résipiscence. Cette situation nouvelle qui perdure, coûte, selon les experts, 500 millions de dollars par jour à la communauté internationale. Le prix du baril de brut qui ne devrait pas dépasser les 22 ou 23 $, frôle les 29 ou 30 $ actuellement. Selon ces mêmes experts, rien ne justifie une telle remontée des cours. Car, si même la production irakienne – qui est de 2 millions de baril/jour – s’arrêtait, elle serait vite compensée par une augmentation de la production des autres pays de l’Opep qui pourraient tripler ce chiffre, c’est-à-dire arriver à 6 millions de barils/jour. Tout cela est donc artificiel ou à mettre sur le compte d’une psychose du manque de pétrole. Tant il est vrai que cet or noir, découvert il y a plus d’un siècle, commande note univers. Quant aux répercussions sur le Liban, elles pourraient paradoxalement être négligeables si le conflit – se limitait à l’Irak. Dans le cas d’un embrasement de la région, le Liban serait naturellement pris dans la tourmente. On n’ose y penser. Et les plus optimistes continuent de croire au succès de la réunion, avant la fin de l’année à Paris, des pays donateurs. Notre pays qui s’est conformé à toutes les recommandations du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale a toutes les chances d’être à nouveau aidé. Et de s’en sortir. Sa gestion rigoureuse de la crise – initiée et poursuivie par la Banque centrale – inspire confiance aux argentiers internationaux. On est loin de l’épisode argentin et des scénarios catastrophe. Il faut y croire. « Croire, c’est aimer le Liban ». Cette réflexion est du gouverneur de la BDL Riad Salamé qui, dans un récent entretien qu’il m’accordait, réaffirmait sa foi dans une prochaine sortie de crise, malgré le contexte international troublé. * journaliste
par Joe HADDAD * Le traumatisme du 11 septembre 2001 aux États-Unis, les scandales des géants américains Enron et Worldcom – des comptes truqués et deux dizaines de milliards de dollars détournés – une récession qui n’ose pas dire son nom dans la plupart des pays industrialisés, et enfin le bruit de bottes aux portes de l’Irak, tous ces évènements ne rassurent pas les marchés. Les cours de la Bourse ont, depuis le début de l’année, chuté de près de 258 % en Amérique, 40 % en Allemagne et 35 % en France. Pourquoi ? Tout simplement parce que les investisseurs n’aiment pas, mais pas du tout, les incertitudes. Or l’économie mondiale est dans le brouillard. À preuve les indices boursiers qui montent un jour de 3, voire 4 ou 5 % pour redescendre le lendemain d’autant, et ce sur une parole ou un geste de...
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