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Actualités - INTERVIEWS

L’ambassadeur à Paris, Koudou Kessie, évoque la mutinerie au nord du pays La Côte d’Ivoire appelle les pays francophones à son secours

La situation en Côte d’Ivoire a été l’un des sujets qui figuraient à l’ordre du jour du Sommet de Beyrouth. Et la délégation de l’un des pays les plus riches de l’Afrique de l’Ouest, qui accueille sur son territoire 60 000 Libanais, souhaitait une réaction ferme de la planète francophone au sujet de la rébellion interne. Depuis un mois, le régime du président élu Laurent Gbagbo (socialiste) fait face à une rébellion venue du Nord. « Des militaires et déserteurs qui s’étaient réfugiés depuis le coup d’État de 1999 au Burkina Faso et des mercenaires étrangers dont certains parlent anglais sont derrière les événements », explique à L’Orient-Le Jour M. Raymond Koudou Kessie, ambassadeur de Côte d’Ivoire en France et au Portugal et chef de délégation à la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF), qui avait tenu ses réunions à Beyrouth mardi et mercredi derniers. M. Koudou Kessie souligne que son président a été démocratiquement élu et qu’il s’était investi dans la réconciliation nationale en organisant notamment un forum qui avait rassemblé toutes les parties et factions présentes sur le terrain. Il refuse que « le gouvernement et le mouvement rebelle soient mis sur un pied d’égalité ». « C’est la question de la légitimation d’une rébellion qui est posée », explique-t-il. Évaluant les discussions des pays francophones sur la Côte d’Ivoire, M. Koudou Kessie indique qu’il « n’existe pas de problèmes entre francophones ». Mais il faudra que la communauté internationale et la planète francophone sachent que « si la situation en Côte d’Ivoire n’est pas réglée, ce sont tous les pays du sous-continent qui seront asphyxiés et déstabilisés, notamment le Burkina Faso, le Mali et le Niger », indique-t-il. Justement, qu’en est-il de ces pays voisins et des implications étrangères dans le conflit ? Les autorités ivoiriennes ignorent encore la ou les parties qui financent et forment les rebelles. Les armes et munitions utilisées par les déserteurs ne sont pas répertoriées par l’armée ivoirienne. « Une telle affaire prouve l’implication dans le conflit d’une partie étrangère », relève M. Koudou Kessie. « On sait par exemple que les déserteurs ont trouvé refuge au Burkina Faso, ils ne se sont pas entraînés sur la lune », dit-il. Mais est-ce que le Burkina Faso, l’un des pays les plus pauvres de la planète, a-t-il les moyens d’entraîner les rebelles de la Côte d’Ivoire ? « À partir du moment où les rebelles sont revenus du Nord puissamment armés, et formés à la guerre, on peut se poser des questions sur l’implication passive ou active du pays qui les a hébergés », relève-t-il. Les Ivoiriens, peuple pacifique qui a vécu quasiment sans armée jusqu’à 1990, qui accueille sur son territoire beaucoup d’étrangers (un quart de la population n’est pas originaire du pays), dont 2,2 millions de Burkinabés, ne parviennent pas à comprendre ce qui leur arrive. « Le pouvoir, qui garde une place au dialogue, n’a pas les moyens de lutter seul contre la rébellion ; il lui faut une aide étrangère », relève M. Koudou Kessie. Sur le plan francophone, « il ne faut plus se contenter d’une Déclaration de principe, celle de Bamako ou de Beyrouth pour simplement condamner un coup d’État, il faut passer à l’acte, s’engager aux côtés des forces républicaines, légalement et constitutionnellement établies », rappelle l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France et au Portugal. « Il faudra donc aider le pays avec les moyens logistiques, militaires et matériels afin qu’il puisse contrer la rébellion », ajoute-t-il La délégation ivoirienne qui était présente à Beyrouth refuse que « la Côte d’Ivoire soit confinée dans un schéma classique de guerre », que les habitants du pays soient « accusés de xénophobie » et condamne encore « le complot du silence », celui de beaucoup de pays étrangers et des médias. Pour le IXe Sommet francophone, le président ivoirien Laurent Gbagbo ne s’est pas déplacé jusqu’à Beyrouth. Son Premier ministre, Pascal Affi N’Guessan, l’a représenté. Patricia KHODER
La situation en Côte d’Ivoire a été l’un des sujets qui figuraient à l’ordre du jour du Sommet de Beyrouth. Et la délégation de l’un des pays les plus riches de l’Afrique de l’Ouest, qui accueille sur son territoire 60 000 Libanais, souhaitait une réaction ferme de la planète francophone au sujet de la rébellion interne. Depuis un mois, le régime du président...