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Actualités - CHRONOLOGIE

La francophonie « sereine » et les trois priorités du Wallon Van Cauwenberghe(photo)

Serein, Jean-Claude Van Cauwenberghe. Le ministre-président socialiste du gouvernement wallon, qui présidait la délégation de la Communauté française de Belgique (CFB) au sein de la Conférence ministérielle de la francophonie, est un homme qui semble non seulement serein, mais qui assume, et c’est suffisamment rare pour le signaler, une francophonie « sereine ». Mais cela n’engage que lui (l’élu wallon), et il préfère ne pas préjuger de la position sur ce sujet de la CFB, dont le ministre-président Hervé Hasquin présidera la délégation lors de la réunion des chefs d’État et de gouvernement, demain vendredi. Et c’est la première fois que la région wallonne est associée à un raout francophone du calibre de la CMF. « Avant, la (CFB) venait seule, monopolisait un peu le tout. » Sans rancune, apparemment. Aucune impression qu’il est assiégé, le ministre-président, que sa francophonie (et celle de sa région) sont (ou se doivent d’être) une francophonie-bunker. « Nous avons compétence internationale en matière de politique étrangère, alors pourquoi une francophonie bunker ? En ce qui concerne sa politique extérieure, la région wallonne a trois cibles. La signature de traités bilatéraux (ils l’ont fait, à Beyrouth, avec le Vietnam) avec, notamment, les pays d’Europe centrale et orientale – nos partenaires de demain. L’Amérique latine, pour renforcer notre présence en Bolivie, au Brésil, au Chili, en Haïti... Et en trois : la francophonie. » Sauf qu’on frôle un peu l’écartèlement. Jean-Claude Van Cauwenberghe refuse la francophonie-bunker, mais critique les États multilingues (français inclus, évidemment) qui « plaident pour un combat moins énergique en faveur de la diversité culturelle ». Une francophonie assumée non pas comme un combat d’assiégés, mais comme une lutte, primordiale pour les deux entités fédérées, en faveur de la défense du français et de la diversité culturelle (qui « font l’originalité et qui légitiment la francophonie »). Mais, interrogé par L’Orient-Le Jour sur l’un des enjeux majeurs du Sommet de Beyrouth, la nécessité – ou non – de politiser la francophonie, Jean-Claude Van Cauwenberghe adopte sans ambages la réponse « oui », qu’elle « doit s’imposer de façon critique sur des questions liées à la démocratie, aux droits de l’homme ». Mais reconnaît qu’il « ne voit pas comment cette mutation, cette politisation pourraient s’opérer ». La francophonie, regrette-t-il, n’a pas le poids politique suffisant : « La France n’a pas besoin de la francophonie pour exister. Le Canada non plus. Même si le secrétaire général l’avait voulue, cette politisation aurait été particulièrement difficile. » Le ministre-président wallon prône ainsi, clairement, une triple priorité, sans hiérarchie – il a horreur de la hiérarchisation, quelle qu’elle soit – en regrettant le « manichéisme » de Ghassan Salamé par exemple qui aurait appelé, déplore-t-il, à « plus de politique, moins de francophonie ». Trois priorités donc : renforcer la langue française partout où elle est en recul (à commencer par la Belgique) et la diversité culturelle, politiser l’institution francophone, « si on y arrive », et préserver un « réel réseau de coopérations ». Parce que « l’on ne peut pas donner plus de poids à la francophonie et défendre sa spécificité si les francophones n’ont pas de quoi manger, boire ou bénéficier d’une véritable éducation ». Enfin, en ce qui concerne la Déclaration de Beyrouth, le ministre-président wallon estime qu’elle est « équilibrée », qu’elle « porte en elle tous les compromis ». Reconnaissant que le problème majeur a été le débat sur l’instrument juridique international qui protégerait la diversité culturelle. Forte de cet instrument, la francophonie pourra s’opposer, au sein de l’OMC, à la libéralisation totale des services et des biens culturels. Et cela suffit au bonheur de Jean-Claude Van Cauwenberghe. L’auteur serein, en 1998, d’Oser être Wallon !... Z.M.
Serein, Jean-Claude Van Cauwenberghe. Le ministre-président socialiste du gouvernement wallon, qui présidait la délégation de la Communauté française de Belgique (CFB) au sein de la Conférence ministérielle de la francophonie, est un homme qui semble non seulement serein, mais qui assume, et c’est suffisamment rare pour le signaler, une francophonie « sereine ». Mais cela...