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Actualités - CHRONOLOGIE

Colloque - Clôture du quatrième forum méditerranéen à Amman Le développement politique, une priorité dans le monde arabe

Amman - de notre envoyé spécial Michel HAJJI GEORGIOU La région Moyen-Orient-Afrique du Nord (Mena), et notamment le monde arabe, souffre de plusieurs maux: absence de participation de la femme à la vie publique, manque d’emplois, analphabétisme, mauvaise gestion des ressources naturelles et humaines ou problèmes d’éducation. Mais s’il est un fléau qui constitue un obstacle principal au développement de ces pays, il est bien de nature culturelle et politique. Il s’agit de l’absence de démocratie et de libertés, privés ou publiques, et, tout aussi grave, du manque de diffusion de la culture des droits de l’homme, voire même de leur remise en question dans certaines idéologies à l’échelle nationale ou partisane, à l’heure où le monde entier est en train d’adopter ces principes universels comme normes supérieures. La société civile qui se réclame de ces valeurs pour tenter de faire bouger les choses est d’ailleurs systématiquement laminée dans ces pays. Tel est le constat principal du quatrième forum méditerranéen pour le développement, qui a clôturé ses travaux mercredi soir, à l’hôtel Inter-Continental à Amman. Constat amer, d’autant plus qu’il a été fait un peu a contrario, les sujets fondamentalement politiques ayant été peu évoqués et débattus, comme s’il s’agissait d’une fatalité à laquelle il faut soit se résigner, soit contourner en œuvrant à d’autres niveaux, social ou économique par exemple, dans l’espoir d’initier un changement de l’intérieur à très long terme. Pourtant, comme le souligne Ahmad Galal, chercheur égyptien en économie, au cours de la séance de clôture, une bonne économie ne sert à rien si le terrain politique n’est pas favorable. Une presse muselée L’une des rencontres les plus révélatrices au niveau du constat sur les libertés limitées dans la région Mena et le monde arabe a été le « Panorama médiatique régional », qui a regroupé des journalistes de différents pays. Une véritable thérapie de groupe, au cours de laquelle chacun a fait un bilan de la répression subie par la presse dans son pays. Certains ont fait part de leur expérience personnelle, des poursuites engagées contre eux pour telle ou telle opinion exprimée. Plusieurs d’entre eux ont même fait de la prison pour leurs idées. Quant aux solutions recommandées par certains des participants, elles n’augurent rien de meilleur pour l’avenir : davantage de vigilance, encore plus d’autocensure. Difficile de parler de développement dans ce domaine. Et le problème, une fois de plus, provient de la sphère politique, de pouvoirs autoritaires peu portés sur la culture des libertés publiques et des droits de l’homme. Les participants ont toutefois discuté de l’éventualité de tenir prochainement plusieurs tables rondes à l’échelle régionale sur les étapes à suivre pour essayer d’améliorer les conditions de la presse. La décentralisation au Liban L’atelier de travail organisé par le Centre libanais d’études des politiques publiques (LCPS) sur le renforcement des capacités des gouvernements locaux dans la région Mena, et plus précisément sur la décentralisation, a également débouché sur une conclusion similaire, concernant l’inévitable lien entre décision politique et développement. L’un des intervenants à la dernière séance de l’atelier de travail du LCPS, M. Ziyad Baroud, chargé du programme du Pnud pour la décentralisation et professeur à l’USJ, a particulièrement insisté sur ce point : « Les accords de Taëf consacrent des dispositions spécifiques en vue de l’organisation administrative et de la décentralisation (...) Depuis 1989, ces recommandations sont restées lettre morte. Les tentatives de réforme ont buté sur deux obstacles principaux : l’absence d’une volonté politique claire, irrévocable, convaincue et convaincante, qui puisse mener ce projet de réforme à son terme, et l’absence, jusqu’en 1998, des acteurs de la démocratie locale, les municipalités, et la timidité de la revendication au niveau local et dans la société civile. » Et de rappeler, toujours au plan politique, que le sort de la décentralisation dépend aussi de la dialectique entre démocratie consensuelle et démocratie numérique, puisqu’il est tributaire de la loi électorale mise en place pour l’élection des représentants locaux. Même constat du côté du directeur du LCPS, Sélim Nasr, qui a ajouté, entre autres, dans une synthèse des travaux de l’atelier de recherche que la décentralisation nécessite un pouvoir central fort, mais dans le sens de l’efficacité et non de la brutalité. Changer l’infrastructure ? Beaucoup parmi les composantes de l’élite intellectuelle présente à Amman ont déploré l’absence de mesures pratiques, sur le terrain, en faveur du développement. La critique est revenue comme un leitmotiv, surtout durant la cérémonie de clôture. Le rôle que le forum s’était fixé était de mettre en relation plusieurs chercheurs pour aboutir à des plans d’action communs en matière de développement. Les échanges théoriques se sont avérés des plus fructueux, mais la dimension pratique était nettement moins évidente, du moins jusqu’à présent. Dans un forum plein de non-dits – on est en Jordanie, en plein cœur du monde arabe – la question des libertés et de la démocratie a hanté les participants, surtout dans les dicussions en marge des sessions plénières et des ateliers de travail. La question est à débattre : est-il possible de changer l’infrastructure, si les structures étatiques et les pouvoirs en place y font le plus souvent obstacle ? La question est brûlante dans le contexte régional et international actuel, à l’heure où le dialogue Nord/Sud se porte mal. Et alors que les événements du 11 septembre ont frappé des pays de la région Mena du sceau de l’infamie.
Amman - de notre envoyé spécial Michel HAJJI GEORGIOU La région Moyen-Orient-Afrique du Nord (Mena), et notamment le monde arabe, souffre de plusieurs maux: absence de participation de la femme à la vie publique, manque d’emplois, analphabétisme, mauvaise gestion des ressources naturelles et humaines ou problèmes d’éducation. Mais s’il est un fléau qui constitue un...