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Actualités - CHRONOLOGIE

SÉCURITÉ - Perquisition et saisie d’armes dans une permanence du Fateh-CR d’Abou Nidal Tirs sur l’armée au camp « Wafel » de Baalbeck La troupe riposte. Bilan : un militaire et trois Palestiniens tués, ainsi que 15 blessés au moins(PHOTOS)

Le camp « Wafel » (al-Jalil), à quelques kilomètres au sud de Baalbeck, est l’un des plus paisibles du Liban. À peine six mille habitants et une pacification à la syrienne, qui donne le contrôle du camp, depuis des années, aux organisations favorables à Damas. C’est pourtant dans ce réduit, à peine plus grand qu’un quartier pauvre, que le drame a éclaté hier, à la suite d’une perquisition de l’armée dans une permanence du Fateh-Commandement révolutionnaire d’Abou Nidal, rappelant aux Libanais et sans doute aux Palestiniens, les terribles images de la guerre. Fumée noire, fedayine armés embusqués et VTT de l’armée dans les ruelles étroites, essuyant des tirs meurtriers qui ont fait une victime libanaise, le sergent-chef Mahmoud Srour et trois palestiniennes. Baalbeck s’apprêtait à accueillir le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, dans le cadre de la lutte contre la drogue, mais ce sont de tout autres visiteurs qui sont venus, à l’aube, avec armes et matériel. Ayant reçu des informations sur l’existence d’un dépôt d’armes et de munitions dans une permanence du Fateh-Commandement révolutionnaire de Sabri Banna, alias Abou Nidal, l’armée libanaise a envoyé une patrouille sur place, à 5 heures du matin, hier. La patrouille a trouvé le lieu et les armes et alors qu’elle s’apprêtait à quitter le camp, elle a été attaquée par des fedayine armés. Des tirs nourris se sont abattus sur les soldats libanais, alors que des combattants palestiniens s’empressaient de fermer la route principale du camp, pour empêcher les militaires de se retirer. L’ultimatum de l’armée Aussitôt, ce fut comme les pires moments de la guerre, des combats de ruelle, avec la participation des habitants, qui ont commencé à jeter des pierres sur la troupe, tout en brûlant les pneus pour rendre toute retraite encore plus difficile. C’est ainsi qu’est mort le sergent-chef, Mahmoud Srour, né à Aïta al-Chaab (Liban-Sud) en 1965 et père de six enfants. L’armée a aussitôt répondu à la source de tirs, faisant plusieurs victimes dans les rangs palestiniens : trois morts Khaled Chéhab, Mohammed Hassan et Rabih Faour et au moins quinze blessés, dont deux en état grave. Elle a ensuite adressé un ultimatum aux combattants, les sommant de rouvrir l’artère principale, faute de quoi, elle devra le faire elle-même. Les Palestiniens ne voulant pas céder, l’armée a avancé de force sur la route jonchée de pierres et de pneus, assurant son chemin vers la sortie. À dix heures, tout était fini, mais la tension était encore vive et les habitants se terraient dans leurs maisons. La patrouille est rentrée dans son QG et les Palestiniens ont recommencé à sortir dans la rue, mais le traumatisme était visible sur tous les visages. Personne ne comprenait les raisons de cet accrochage meurtrier et au camp de « Wafel », nul ne voulait vivre l’expérience de Aïn el-Héloué. Mais c’est pourtant ce qui est en train de se passer. Les combats terminés, et la route principale rouverte, les négociations ont commencé entre des représentants du commandement de l’armée et ceux des organisations palestiniennes afin de livrer aux autorités ceux qui ont tué le sergent-chef et tiré sur la troupe. Les négociations traînent Les forces syriennes, très présentes dans la région, et plutôt influentes à l’intérieur même du camp, participent activement aux négociations. Mais en dépit des déclarations de bonne volonté de la part des responsables palestiniens, qui assurent ne vouloir aucun mal à l’armée libanaise, les pourparlers n’ont pas encore abouti. À « Wafel », comme à Aïn el-Héloué, les Palestiniens refusent de livrer aux autorités leurs compatriotes réclamés par la justice libanaise. Pourtant, en dépit du discours musclé du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, qui, à partir du sérail de Zahlé, a menacé les organisations palestiniennes de mesures très fermes si elles ne répondent pas aux exigences de l’armée, la plupart des déclarations se veulent rassurantes. Le secrétaire général du comité populaire du camp, Mahmoud Waked, a rappelé que « Wafel » n’avait jamais connu le moindre incident sécuritaire et que tous les efforts sont déployés pour circonscrire l’événement. « Il n’y a pas d’éléments du Fateh-Commandement révolutionnaire au camp », a-t-il ajouté. Il a enfin précisé que l’armée a autorisé les Palestiniens à enterrer leurs morts au cimetière situé hors du camp. Ce qui a d’ailleurs eu lieu, dans l’après-midi même, aussi discrètement que possible et dans une atmosphère tendue, l’armée s’étant déployée en force pendant la cérémonie. De son côté, cheikh Bakr Rifaï, représentant des ulémas de Baalbeck, a précisé que toutes les parties cherchent à résoudre le problème calmement et sans vouloir aggraver la situation. Place donc à la raison et à la recherche d’un règlement à l’amiable, surtout à une étape aussi délicate et alors que tous les yeux sont tournés vers les camps, après les accusations de l’Administration américaine et la déplorable affaire du groupe de Denniyé : les autorités attendent toujours que les membres de ce groupe leur soient remis, alors que ceux-ci semblent s’être évaporés à Aïn el-Héloué, malgré les promesses des diverses factions palestiniennes. Des questions sans réponses Toutefois, l’incident de « Wafel » soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi a-t-on choisi de mener une telle opération, dans un camp réputé pour son calme, alors que le secrétaire adjoint au département d’État américain, David Satterfiel, est en visite au Liban ? Pourquoi aussi s’en prendre au groupe d’Abou Nidal, qui n’est plus très puissant depuis que les Syriens ont fermé ses permanences à Damas et surtout, depuis l’assassinat de son chef, en août dernier, à Bagdad ? Enfin, pourquoi entrer dans un des douze camps palestiniens, alors que, depuis des années, toutes les tentatives du genre avaient échoué, butant sur la volonté libanaise de ne pas provoquer un bain de sang et sur l’existence d’une équation régionale, interdisant une telle mesure ? Sultan Aboul Aynaïn, représentant de Yasser Arafat au Liban, a très vite saisi l’occasion pour rappeler qu’il est urgent pour les autorités libanaises d’avoir un seul interlocuteur palestinien. Tout en déplorant l’incident de « Wafel », il a demandé que les responsables du drame soient dénoncés et châtiés, et s’est interrogé sur les motivations de l’opération. En attendant les réponses à toutes ces questions, les négociations se poursuivent, mais le contentieux entre les organisations palestiniennes et l’armée libanaise ne cesse de s’alourdir. Sur fond de menaces américaines et israéliennes. Scarlett HADDAD
Le camp « Wafel » (al-Jalil), à quelques kilomètres au sud de Baalbeck, est l’un des plus paisibles du Liban. À peine six mille habitants et une pacification à la syrienne, qui donne le contrôle du camp, depuis des années, aux organisations favorables à Damas. C’est pourtant dans ce réduit, à peine plus grand qu’un quartier pauvre, que le drame a éclaté hier, à la...