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Actualités - REPORTAGE

RÉGIONS - Écotourisme et dialogue des cultures dans la région de Batroun Camp de travail pour trente jeunes volontaires français et libanais à Douma (photos)

Chaque été, le club de Douma, dans la région de Batroun s’active pour initier des activités sociales, touristiques et culturelles, susceptibles d’enrichir quelque peu le quotidien des habitants de la localité et de la région. Cette année, une quinzaine de jeunes Français et Libanais ont été invités à participer à un camp de travail dont le coup d’envoi a été donné à la fin de la semaine dernière. Ces volontaires, âgés entre 18 et 30 ans, encadrés par six animateurs, s’emploieront jusqu’au 27 août à aménager un sentier pédestre dans la montagne de Feghré (Douma). Objectif de ce projet : promouvoir l’écotourisme dans la région. Le village de Douma, réputé, entre autres, pour ses maisons en tuiles rouges et sa forme en scorpion, est classé par le ministère du Tourisme comme village touristique et a été désigné dans les années 70 comme l’un des plus beaux villages du Liban. Mais à Douma, on ne dort pas sur ses lauriers, ou plutôt ses oliviers (qui font la particularité de la région). Il faut savoir exploiter ses atouts afin d’en faire profiter les autres. C’est ce qu’a décidé de tenter le Club de Douma en collaboration avec M. Amine Saadé, spécialiste du développement rural, des activités des jeunes et des camps de volontaires. Cette action est entreprise en collaboration avec Mme Dominique Flores de l’Association du Rocheton (Meulen, France). Cette association française a pour but de « développer toutes les activités d’accueil, d’animation, d’éducation et de service social, soit dans le cadre d’activités de loisirs, soit par le biais d’actions de formation, soit en apportant un soutien aux jeunes en difficulté, aux réfugiés ou à divers groupes des pays du tiers-monde (...) ». La vice-présidente du Club de Douma, Mme Hayat el-Hajj Chalhoub, a eu l’idée il y a quelques années de promouvoir l’écotourisme dans la région. Aujourd’hui, le Club de Douma, présidé par M. Farès Sawaya, a relevé le défi, à savoir: regrouper des jeunes de Douma et d’autres régions du Liban (Hermel, Saïda, Békaa, Beyrouth) avec des jeunes Français en vue de tracer dans la montagne un sentier pédestre qui sera un atout touristique de plus pour le village. Un projet qui tombe à point nommé à plus d’un titre. D’abord, l’année 2002 a été décrétée par les Nations unies année internationale de l’écotourisme. Ensuite, le Liban place toutes les activités organisées dans le pays depuis plusieurs mois, dans la perspective du sommet de la francophonie, sur le thème du dialogue des cultures. Le camp de travail organisé à Douma combine ainsi parfaitement les deux thèmes de l’écotourisme et du dialogue des cultures. Une double approche Le projet d’aménagement d’un sentier pédestre à Douma vise à combiner deux approches complémentaires. L’aspect purement matériel permet de développer, en préservant l’environnement naturel, l’écotourisme, qui constitue un important atout économique pour les régions rurales isolées. Parallèlement, l’aspect social tend à favoriser les notions de partage, de solidarité, de remise en question, en sus de l’interaction des cultures et des religions. Dans la pratique, le sentier pédestre sera tracé dans la montagne sur les traces d’un vieux sentier utilisé anciennement par les bergers. D’une longueur de 3370 mètres, il aura pour point de départ le siège du Club de Douma et se terminera à 1900 mètres d’altitude. Des coins de pique-nique avec sept aires de repos sont prévus, ainsi que des tables, des bancs, des poubelles et des pylônes d’électricité en bois fabriqués à la main par les jeunes volontaires. Les trente jeunes (quinze Français et quinze Libanais) logeront dans un camping aménagé pour l’occasion par le Club de Douma, sur un terrain de 5000 mètres carrés. Le camping sera formé de sept tentes avec des douches, une cuisine, un terrain de tennis. À proximité immédiate, se trouve un jardin public avec des espaces de jeux pour enfants, financé par la ville jumelle de Douma, Digne-les-Bains (France). Des activités variées Parallèlement aux travaux d’aménagement du sentier pédestre, d’autres activités sont prévues afin de rendre le séjour plus interactif et agréable. Parmi les activités proposées : des ateliers de poterie ; du théâtre ; de l’informatique ; des travaux utilisant le bois et la mosaïque. Les activités serviront également à l’apprentissage ou à la pratique de la langue française. Pour les habitants du village, des soirées musicales à thème seront prévues. Préparer un tel camp de travail n’a pas été chose facile, aussi bien sur le plan financier qu’au niveau de l’organisation et de l’aménagement. Le coût total du projet s’élève à 30 millions de livres libanaises. Ce montant est couvert par le Club de Douma et la municipalité, aucune aide ministérielle n’ayant été accordée. Malgré les difficultés rencontrées, surtout au niveau financier, l’accomplissement de ce projet est la preuve que la notion de solidarité ne peut en aucun cas être perçue uniquement sous l’angle financier et matériel. Les liens qui se tisseront durant ce séjour seront un gain inestimable pour tous les participants. Reste à espérer que l’initiative du club de Douma servira d’exemple à d’autres villages, de manière à permettre aux habitants des régions rurales de s’investir dans le dialogue des cultures et des religions à travers des projets enrichissants pour le développement de l’écotourisme au Liban. Douma, un village fier de son patrimoine Douma s’étend sur le flanc d’une colline dans le caza de Batroun. Vu du sommet, le village a la forme d’un scorpion. Sa superficie est de 9,7km2, à une altitude de 1100m. Douma est à 35 km de la ville de Batroun, et à 85 km de Beyrouth. En hiver, le nombre d’habitants est de 2000 alors qu’en été, il atteint 3500. L’origine du mot vient de l’ancien grec signifiant maison ou château. Douma est également le nom d’une impératrice orientale, épouse de l’empereur romain Septime Sévère. On l’appelle également Douma el-Hadid (ou fer) par allusion aux minerais de fer et aux nombreux gisements qui s’y trouvaient. Des 1878, les missionnaires américains fondèrent à Douma une école. En 1897, une autre école privée enseigna l’arabe, l’anglais et le turc. La société moscovite a subventionné de 1897 à 1914 deux écoles orthodoxes qui furent ensuite financées par la société Zahret el-Ihsan de Cordoba, en Argentine. Actuellement, on y trouve une école primaire des sœurs chouérites, une école publique, un lycée officiel et technique. Il y a environ 100 ans, un journal fut édité à Douma, écrit à la main. Le théâtre débuta en 1895 à Douma, financé par les émigrés et dirigé par les Moscovites. Il y avait même un cinéma, el-Fouad, inauguré en 1940. Le club de Douma a été fondé en 1943 et ses activités ont toujours été le point d’attraction des touristes au village. Renommé pour ses eaux minérales, Douma était un centre thermal pour les cures d’estomac. Les Romains y édifièrent un temple dédié au dieu de la médecine (son sarcophage est exposé sur la place du village) et c’est l’orientaliste Ernest Renan qui, en 1860, lors d’une visite, déchiffra l’écriture gravée sur le sarcophage et la publia dans son ouvrage Mission en Phénicie. En 1867, on trouvait deux pharmacies à Douma et un peu plus tard, il y eut un hôpital. Sur le plan agricole, Douma est connu pour ses oliviers et ses pommiers. Les loukoums et l’huile d’olive sont des spécialités du cru. Depuis 1985, Douma est jumelé avec la ville de Digne-les-Bains (Alpes de Haute-Provence, France) : ce jumelage a duré presque 17 ans et des échanges de groupes et de dons sont toujours en cours. Les amitiés qui se sont liées entre ces deux villes prouvent la réussite de ce jumelage toujours actif. Pour relancer le contact entre les émigrés et les habitants de Douma ainsi que pour promouvoir les activités touristiques et culturelles du village, un site Web a été créé : doumaclub.org Qu’est-ce que l’écotourisme ? S’il n’existe pas de définition universelle de l’écotourisme, il est cependant possible d’en résumer les caractéristiques générales comme suit : 1 - L’écotourisme rassemble toutes les formes de tourisme axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du tourisme est d’observer et d’apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles. 2 - Il comporte une part d’éducation et d’interprétation. 3 - Il est généralement organisé, mais pas uniquement, pour des groupes restreints par de petites entreprises locales spécialisées. On trouve aussi des opérateurs étrangers de dimensions variables qui organisent, gèrent ou commercialisent des circuits écotouristiques, habituellement pour de petits groupes. 4 - L’écotourisme s’accompagne de retombées négatives limitées sur l’environnement naturel et socioculturel. 5 - Il favorise la protection des zones naturelles : - en procurant des avantages économiques aux communautés d’accueil, aux organismes et aux administrations qui veillent à la préservation des zones naturelles ; - en créant des emplois et des sources de revenus pour les populations locales ; - en faisant davantage prendre conscience aux habitants du pays comme aux touristes de la nécessité de préserver le capital naturel et culturel. Z.S.
Chaque été, le club de Douma, dans la région de Batroun s’active pour initier des activités sociales, touristiques et culturelles, susceptibles d’enrichir quelque peu le quotidien des habitants de la localité et de la région. Cette année, une quinzaine de jeunes Français et Libanais ont été invités à participer à un camp de travail dont le coup d’envoi a été donné à la fin...