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Actualités - CHRONOLOGIE

VIE POLITIQUE - Première rencontre à trois entre Lahoud, Berry et Hariri, depuis huit mois Le cellulaire, les minibus et les enseignants : les plats de résistance, hier, à Baabda

La dernière fois que la troïka s’était retrouvée, côte à côte, c’était le 22 novembre dernier. Pour la fête nationale. C’est dire donc, huit mois plus tard, combien le déjeuner de travail qui s’est tenu hier, durant deux heures à Baabda et à huis clos, entre Émile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri, était tout sauf anodin. Huit jours également après la très maladroite inauguration du Mövenpick, qui s’était transformée en véritable kermesse électorale pour al-Walid, avec au premier rang du public, le général Lahoud et Nabih Berry. Inutile de se perdre en conjectures, vouloir savoir si le président de la République, le chef du Parlement et le Premier ministre sont convenus, seuls, de se réunir, ou si on leur a gentiment suggéré l’idée fait en sorte que chacun d’entre eux soit convaincu qu’elle vient de lui. Inutile donc, parce que ce dont le Liban et les Libanais ont besoin, en ce moment, a eu lieu : qu’ils se retrouvent. Qu’ils débattent. Quels que soient l’ambiance et les résultats. « L’ambiance était très bonne », dit-on. C’est d’ailleurs en gros la seule chose que l’on a bien voulu laisser filtrer de la salle à manger présidentielle. Les trois hommes se sont effectivement entendus, en principe, pour éviter les fuites. Ce qui peut être vu comme un signe sinon positif, du moins largement encourageant. Seul Nabih Berry (qui s’en est retourné de Baabda dans la même voiture que Rafic Hariri – tous deux accompagnés jusqu’au perron par Émile Lahoud) s’est (relativement) lâché : « Le repas était très bon. Et la rencontre reposante. » Ça c’est pour la forme. Visiblement réussie. Et le fond ? Si les trois hommes ont évidemment dû aborder tous les rebondissements sur la scène régionale, en s’arrêtant plus particulièrement sur les interventions au lance-flammes du sénateur US Bob Graham au sujet des camps d’entraînement terroristes au Liban et contre le Hezbollah, ils se sont longuement arrêtés sur la situation locale. En s’attaquant – et c’était le minimum requis – aux problèmes de l’heure. Trois gros points ont été débattus. La téléphonie mobile (ils savent qu’il faudra faire très vite et bien pour éviter une crise retentissante après le 31 août prochain, tant à l’intérieur qu’avec, notamment, Paris), les minibus roulant au mazout (sans doute ont-ils trouvé un compromis entre la détermination du bipôle de l’Exécutif à appliquer la loi et celle du chef du Législatif, attaché inconditionnellement au paiement des indemnités), et le dossier des professeurs, qui refusent de corriger des centaines de milliers de copies du baccalauréat avant que leurs revendications ne soient écoutées. Ce sujet se taillera d’ailleurs la part du lion au Conseil des ministres aujourd’hui, et il semblerait qu’une solution ait été trouvée. Notons que le ministre de l’Éducation, Abdel-Rahim Mrad, a été reçu par le n° 1 de l’État. Autres sujets évoqués et sur lesquels il semble également y avoir eu consensus : la préparation de Paris II, ainsi que les relations (la coopération, la complémentarité) entre l’Exécutif et le Législatif. Là, les trois hommes se sont rendus à l’évidence, faisant savoir qu’ils allaient s’atteler à renforcer les liens entre les deux pouvoirs. « À tous les niveaux ». C’est sans doute cela qu’a évoqué en profondeur, et parallèlement au déjeuner, le locataire de Baabda avec le ministre d’État chargé des relations avec le Parlement, Michel Pharaon. Où l’on en déduit, du premier abord, où l’on espère, que chacun des membres de la troïka a admis une évidence. Pour Émile Lahoud, c’est l’urgence de régler définitivement le dossier du cellulaire, en satisfaisant les investisseurs, les consommateurs et l’État. Pour Rafic Hariri, c’est la nécessité de penser d’abord au niveau du pays, avant que de se consacrer à un Paris II par exemple, c’est-à-dire à la crise des enseignants ou des hôpitaux : à l’incapacité actuelle de l’État de s’acquitter de ses dus. Et pour Nabih Berry, qu’il lui faudra jouer bien plus pleinement son rôle de chef du Législatif (qui contrôle), fut-ce nécessaire au détriment d’une participation bien moins active à l’Exécutif. Dernier espoir : celui de voir se multiplier, se régulariser cette rencontre tripartite. Ne serait-ce que pour éviter les brouilles, létales pour le pays, et savamment chroniques, elles. Ziyad MAKHOUL
La dernière fois que la troïka s’était retrouvée, côte à côte, c’était le 22 novembre dernier. Pour la fête nationale. C’est dire donc, huit mois plus tard, combien le déjeuner de travail qui s’est tenu hier, durant deux heures à Baabda et à huis clos, entre Émile Lahoud, Nabih Berry et Rafic Hariri, était tout sauf anodin. Huit jours également après la très...