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Actualités - CHRONOLOGIE

UNIVERSITÉ - 40e anniversaire du « Dorm » qui porte le nom de la veuve d’Émile Boustani L’AUB rend hommage à Laura Boustani(photos)

« C’est à des occasions pareilles que je réalise que nous marchons dans le sillage de géants. Quand j’étais jeune homme, le nom d’Émile Boustani était indissociable de celui de John Fitzgerald Kennedy. Deux hommes jeunes qui ont captivé l’esprit de toute une génération et dont le leadership exemplaire a inspiré ceux qui les entouraient... » Ainsi s’est exprimé le président de l’AUB, M. John Waterbury, au cours de la cérémonie marquant le 40e anniversaire du Laura Boustani Hall abritant le logement des étudiantes de l’AUB. Ce bâtiment, connu sous le nom de « Dorm », avait été offert en 1962 par Émile Boustani. Il s’agit là d’un don d’amour et de gratitude. Un don d’amour à son épouse Laura, à laquelle il avait dédié le bâtiment (en guise de cadeau d’anniversaire), et un don de gratitude à l’AUB où il avait fait ses études avant de devenir un politicien et un homme d’affaires de grande stature. Il est décédé en 1963 dans un accident d’avion. Par le biais de cette commémoration, l’AUB a voulu honorer son épouse, Laura Boustani, qui a joué un rôle majeur dans sa vie et sa carrière. Émile Boustani, un esprit libre et bien en avance sur son temps, a été évoqué avec beaucoup d’émotion et de vérité. On n’a pas omis aussi de se souvenir de son légendaire sens de l’humour. Un couple exceptionnel Après l’Alma Mater (qu’il avait l’habitude de fredonner sous la douche), le doyen des étudiants, M. Maroun Kesrouani, a commencé par le présenter ainsi : « Il était l’un des bâtisseurs de l’avenir lorsque dans les années 50 d’autres s’entre-déchiraient. Il faisait appel à l’amour et au pardon quand il n’était question que de haine et d’hostilité... Son franc sourire était un message d’espoir. Son envergure était celle d’un homme d’État et ses projets immenses... Il avait dit que, sans son épouse, il n’aurait pas pu réaliser ce qu’il avait réalisé. C’est pourquoi, il lui a dédié ce bâtiment destiné aux étudiantes : car il était également un défenseur des droits de la femme. » Reprenant l’adage que derrière chaque homme illustre, il faut chercher la femme, le président de l’AUB, M. John Waterbury, a notamment brossé un tableau du couple exceptionnel, Émile-Laura. « Au départ, a-t-il dit, Émile Boustani avait dû travailler pour payer ses études à l’AUB. Il a fait la connaissance de Laura (née Syriani) quand il lui fut assigné comme professeur d’anglais. Diverses sont donc les récompenses du dur labeur. Nouveau venu au pays, je me sens incapable de parler de cette famille à l’existence si riche de savoir. Je me contenterai de citer sa fille, Myrna, qui avait dit : “Il était reconnaissant à l’AUB qui lui avait infusé le savoir, qu’il croyait être la chose la plus précieuse au monde, qui lui avait donné des amis et des collaborateurs et qui avait donné au monde arabe ses hommes les plus célèbres” ». Après le témoignage d’une jeune fille vivant depuis trois ans dans le « Dorm », Raya Abdel Baki, Myrna Boustany a pris la parole : « Mon père aimait l’AUB et lui savait gré de l’éducation libérale qu’elle lui avait donnée et pour son refus des préjugés. Il y a appris les mathématiques, les sciences et l’astrophysique. Il pratiquait toutes les activités disponibles sur le campus : il a inscrit un record de saut en hauteur et un autre de cent mètres et il était actif au club du théâtre en tant que comédien. « Il avait rencontré ma mère par l’entremise du président Bayard Dodge. Il lui a fait la cour sous les étoiles perçues à travers l’Observatoire de l’université dont il était en charge... Plus tard, le nom de Laura devait être partout : c’est ainsi que fut nommée ma fille et ce “Dorm”. « Mon père croyait ferme en l’égalité des hommes et des femmes. Dans son premier discours à l’AUB, il avait prôné le droit de la femme à l’avortement. Le premier prix qu’il a obtenu était celui de Julia Dimachkié, récompensant le meilleur article écrit au nom de la défense des droits des femmes... « Ma mère a été son inspiration, son ancre, sa chance, sa force et sa sagesse. Elle a vécu avec lui 25 ans. Elle est sans lui depuis 40 ans, s’assumant entièrement, sa force intérieure ne lui faisait pas défaut. Elle a été à la tête d’une compagnie de construction et d’une banque ; elle a bâti un hôtel de cinq étoiles. Elle a écrit l’histoire de sa vie dans un livre intitulé Un mariage hors du temps. Elle est à l’aise avec les jeunes et les moins jeunes, les gens célèbres et les gens humbles et elle a côtoyé des personnes de différentes cultures : de l’Afrique au Japon, de l’Australie à la Perse. « Elle combine remarquablement la fragilité et la force, la féminité et la fermeté. « Elle a un sixième sens. Nous nous référons toujours à elle et nous admettons, parfois à contrecœur, qu’elle a toujours raison ! « Elle est juste ma mère et je vous remercie de l’honorer aujourd’hui. Aujourd’hui coïncide aussi avec l’anniversaire de mon père. Il aurait eu 96 ans. » Puis la principale intéressée, Laura Boustani, ayant conservé sa finesse de tanagra, son élégance, son charme et son beau parler, a remercié les responsables de l’AUB pour cette cérémonie qui, dit-elle, « l’a fait remonter bien loin dans le temps ». Elle a ajouté : « Si Émile a donné mon nom au “Dorm”, c’est pour que je sois encore plus proche de l’AUB qu’il aimait tant. » Et pour que perdure ce lien, l’AUB a offert à Laura Boustani une peinture réalisée par David Kourani et représentant le bâtiment du « Dorm » tel qu’il est aujourd’hui. À noter qu’avant le début de la cérémonie, on a pu entendre l’ouverture de l’opéra de Beethoven Fidelio. Cette musique avait été jouée à l’inauguration du « Dorm » en 1962, car à l’époque le célèbre journaliste Rouchdi Maalouf (père d’Amin Maalouf) avait écrit dans le journal al-Jarida un éditorial intitulé Laura et Leonora où il comparait Mme Boustani à l’héroïne de Beethoven. Irène MOSALLI
« C’est à des occasions pareilles que je réalise que nous marchons dans le sillage de géants. Quand j’étais jeune homme, le nom d’Émile Boustani était indissociable de celui de John Fitzgerald Kennedy. Deux hommes jeunes qui ont captivé l’esprit de toute une génération et dont le leadership exemplaire a inspiré ceux qui les entouraient... » Ainsi s’est exprimé le...