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Actualités - REPORTAGE

« Je n’aime pas tuer ou être tué... »

Le kamikaze palestinien qui s’est fait exploser mardi matin dans un bus au sud de Jérusalem, tuant 19 personnes, avait laissé une lettre à sa famille dans laquelle il affirmait détester l’idée de tuer ou d’être tué. « Cette opération ne signifie pas que j’aime tuer ou être tué, mais je l’ai faite pour que les générations futures aient une meilleure vie », a écrit Mohammed el-Ghoul, 23 ans, trois jours avant de se rendre à Jérusalem, de monter dans un bus et de faire détoner la charge qu’il portait sur lui. La branche armée du groupe islamique radical Hamas, les brigades Ezzeddine al-Qassam, ont revendiqué l’attaque, promettant de lancer de nouvelles attaques contre Israël. Ce n’est que lorsque le nom de Mohammed a été retransmis par les haut-parleurs de la mosquée du camp de réfugiés d’al-Faraa, entre Naplouse et Jénine, au nord de la Cisjordanie, que sa famille a compris. « Ma mère l’a trouvée. Elle ne voulait pas croire que Mohammed était responsable de l’opération et est allée chercher dans sa chambre, en espérant qu’elle se trompait. Mais la lettre était là, datée du 15 juin », dit Jihad, 35 ans, l’un des six frères du kamikaze. Dans son message, le kamikaze explique aussi avoir essayé de mener une attaque anti-israélienne « déjà à trois reprises, mais que les circonstances n’ont pas permis qu’elles réussissent », sans plus de précision. Appelant sa mère par son prénom, le kamikaze a écrit : « Ne sois pas triste, ne pleure pas, mais sois fière que je sois un martyr. » Lorsqu’on lui demande ses sentiments à propos de l’acte de son frère et sa mort, Jihad répond : « Je suis troublé. D’un côté, je suis triste qu’il soit mort, mais d’un autre côté, je suis fier qu’il ait mené un acte aussi héroïque. » Selon son frère, Mohammed était « très religieux ». Il avait entamé une maîtrise en droit islamique à l’université de Naplouse (nord de la Cisjordanie) et « voulait la terminer », explique Jihad. « Il aimait la vie » « Il aimait la vie, il aimait et était aimé de tout le monde. Il était très tranquille », dit-il. « Il était très gentil, poli et d’humeur égale. Il était toujours prêt à rendre service. Je suis très surpris qu’il ait pu commettre un tel acte », affirme Yasser Abou Kichek, chef du comité populaire du camp. Mais cheikh Zaïd Sahran, responsable religieux du Hamas à al-Faraa, a un point de vue différent sur le jeune homme. « Il était doux et gentil. Nous sommes tous fiers de ce qu’il a fait. Son acte vient en réponse aux meurtres quotidiens de civils et d’enfants palestiniens par Israël. » « Comment pouvons-nous répliquer à des chars et à des avions ? Cette opération ramène un peu d’équilibre entre eux (les Israéliens) et nous », ajoute-t-il. « Mohammed avait appris le Coran entier par cœur et dirigeait de temps en temps la prière dans la mosquée (du camp), et malgré sa jeunesse, les gens ici parlaient de lui comme de l’imam », assure Amjad, un professeur de 38 ans, un de ses autres frères. Les six frères et les trois sœurs de Mohammed ont tous fait des études malgré la modestie des revenus du foyer familial. Son père, en retraite, était auparavant ouvrier de chantier et sa mère est au foyer. Plusieurs membres de la famille pourraient avoir été au courant de ses desseins. Iyad, infirmière de 30 ans dans un hôpital de Jérusalem, a été arrêtée dans la foulée de l’attentat commis par son frère. Mais selon Amjad, Mohammed n’avait pas donné de ses nouvelles à sa famille depuis dimanche.
Le kamikaze palestinien qui s’est fait exploser mardi matin dans un bus au sud de Jérusalem, tuant 19 personnes, avait laissé une lettre à sa famille dans laquelle il affirmait détester l’idée de tuer ou d’être tué. « Cette opération ne signifie pas que j’aime tuer ou être tué, mais je l’ai faite pour que les générations futures aient une meilleure vie », a écrit Mohammed...