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Actualités - OPINION

Un précédent fâcheux, mais un peu trop médiatisé

Mis à part des assassinats ou des molestations du temps de guerre, et pas nécessairement ou pas toujours imputables à des Libanais, il n’est pas de coutume dans ce pays de s’en prendre à l’habit du moine. C’est sans doute pourquoi l’agression contre Mgr Haddad a eu droit à tant de temps d’antenne, parallèlement à l’agitation autour du mazout. Il faut dire que l’incident s’étant produit dans une télé, la réaction poussée des médias audiovisuels paraît assez logique. Cependant, si tout le monde s’accorde à souligner que l’État doit sévir fermement, beaucoup pensent qu’il ne faut pas être plus royaliste que le roi. Le prélat ayant lui-même considéré les coups reçus comme un simple fait divers, sa politisation immédiate peut sembler exagérée. C’est un peu l’impression que laisse, du reste, la remarque faite par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, qui a estimé que l’on a un peu trop amplifié les choses. De leur côté, des professionnels de la politique soulignent que l’on a tort de généraliser. Et de vouloir juger, ou analyser, la situation locale à la lumière, ou à l’ombre, de la violence faite à l’ancien évêque grec-catholique de Beyrouth. C’est une façon de dire que si les retombées de la dure bataille du Metn ont pu être oubliées au bout de quelques jours, du moins au niveau de l’opinion, il est peu raisonnable de faire toute une apocalypse autour d’un geste malencontreux. Même si au bout du compte, comme plusieurs personnalités l’ont maintes fois répété, il se confirme que l’après-Taëf a renforcé dans ce pays composite de déplorables tendances confessionnelles. Les dérapages successifs ont stimulé une vague de mécontentement diffus qui produit nombre d’excès. On en voit, depuis de nombreux mois voire de multiples années, des exemples dans les enclaves du Sud comme du côté de Denniyé. Ou même à Beyrouth où les Ahbaches se sont illustrés avec des haches. Où le militantisme exacerbé d’éléments fondamentalistes a donné lieu à des débordements comme à des affrontements dont la population civile a fait les frais. Sans compter les poussées de chaleur qui accompagnent nombre de matchs sportifs, de football ou de basket-ball notamment. Bref, Taëf a engendré des pulsions redoutables. En consacrant un fait accompli de vainqueurs et de vaincus, nonobstant les vertueuses protestations des officiels. Ce malaise persistant doit prendre fin. Tout comme, du reste, la confusion qui règne au sein de la communauté melkite ou plus généralement parmi les catholiques, du fait que Mgr Haddad développe des idées propres à lui. Qui semblent toucher aux dogmes, ce qui réduit du coup la possibilité d’interprétation personnelle, du moins pour les gens d’Église. Surtout si ces vues continuent à être télévisées, malgré les réactions en flèche qu’elles ont provoquées sans feu vert ou sans contrôle préalable des autorités ecclésiastiques. Un point qui a été soulevé par un responsable devant le patriarche Laham, lors de la réunion du conseil supérieur grec-catholique. Cela dit, rien ne justifie ni l’attaque physique ni la timidité des agents de sécurité envoyés justement pour la prévenir. Philippe ABI-AKL
Mis à part des assassinats ou des molestations du temps de guerre, et pas nécessairement ou pas toujours imputables à des Libanais, il n’est pas de coutume dans ce pays de s’en prendre à l’habit du moine. C’est sans doute pourquoi l’agression contre Mgr Haddad a eu droit à tant de temps d’antenne, parallèlement à l’agitation autour du mazout. Il faut dire que...