Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Retour possible à la bipolarisation d’avant-guerre

Jouant jadis les journalistes studieux, aux côtés de Doureid Laham, le comique syrien Nihad Kalaï répétait ce leitmotiv : si on veut savoir ce qui arrive en Italie, il faut regarder ce qui se passe en Argentine. Aujourd’hui, le monde est devenu un plus petit village encore. Ainsi, le premier tour des législatives en France marque le retour à une bipolarisation partisane sans nuances : une opposition de gauche qui se résume pratiquement au PS et une majorité de droite réservée à l’UMP. Le même phénomène a l’air de se produire ici même, toutes proportions gardées. Et à cette (énorme) différence près qu’il n’y a pas d’alternance en vue, comme chez nos ancêtres les Gaulois. Il n’en reste pas moins que, pour la première fois depuis la guerre, le pays politique se trouve grosso modo scindé en deux camps. Car, haro sur le baudet dirait La Fontaine, les affaiblissements successifs du pouvoir, provoqués par ses querelles intestines d’abord, par sa déroute du Metn ensuite, encouragent même les tièdes ou les indécis à se ranger contre lui. En intégrant dans une sorte de nébuleuse opposante qui forme un front souple mais progressivement coordonné. Une évolution qu’illustrent, entre autres, les prises de position de M. Walid Joumblatt. Qui resserre ses liens avec l’Est militant, au point de regretter de n’avoir pas été invité aux assises de Sodeco. Exemple frappant de désaffection à l’égard du pouvoir qui est loin d’être unique. On entend de la sorte beaucoup de voix s’élever, même parmi les taëfistes, pour réclamer sinon un changement de système, du moins un nouveau gouvernement. En insistant pour qu’il soit bien mieux participatif. Entendre qu’il mette fin à la discrimination qui frappe l’Est depuis Taëf. C’est une revendication qui résonne même du côté, autre exemple, des Kataëb, parti qui pourtant ne renie pas ses alliances. Même après Murr réflexion. À ce propos, les sages parmi les loyalistes affirment que la débâcle, pour pathétique qu’elle paraisse, n’est pas totale. Dans ce sens que l’opposition aura bien du mal à rester unie. Et qu’on pourra la neutraliser, ou du moins en récupérer certains pôles, par les voies diplomatiques habituelles. Mais ces vétérans ne disent pas comment leur camp va panser ses propres plaies intérieures. Car, on le sait, la lutte d’influence entre ses composantes, si elle semble concerner moins qu’avant les chefs, est repartie de plus belle dans d’autres directions, à l’occasion de la partielle. M. Joumblatt, répétons-le, a pris ses distances. Il en va de même pour MM. Omar Karamé et Sleiman Frangié. Mais, surtout, l’on a vu, et entendu le ministre de l’Intérieur tirer à boulets rouges sur le président du Conseil. Tandis que nombre de techniciens, pas nécessairement haririens, reprochent aux Murr d’avoir causé au camp du pouvoir d’irréparables dégâts politiques. En soulignant que les décideurs ont clairement fait savoir leur irritation des contre-performances successives, des couacs qui ont émaillé la bataille du Metn. Assez paradoxalement, à bien y regarder, c’est cependant les courants les plus proches du ministre de l’Intérieur et de son père qui paraissent capables, dans l’immédiat, de mieux limiter les dégâts que les autres composantes de l’Exécutif, entendre que les haririens. Cela, en profitant essentiellement de ce que le régime pour sa part garde bien des atouts. Et conserve, notamment, de l’avance en matière de dialogue, national ou circonstanciel. En pleine tourmente, le président Émile Lahoud a traité directement avec l’un des symboles en vue de l’opposition active comme de Kornet Chehwane, M. Nassib Lahoud. Selon leurs proches, l’entrevue entre le chef de l’État et le député cousin a été articulée autour de trois points : – La partielle du Metn ne vise pas les positions de la présidence, dont la neutralité est reconnue. L’opposition attend du pouvoir qu’il reconnaisse officiellement la victoire de M. Gabriel Murr. Baabda rappelle de son côté ses incessantes exhortations au strict respect, par tous, de la loi. – L’État doit savoir saisir la chance de voir les radicaux accepter d’œuvrer à l’ombre de la légalité taëfiste. En faisant à son tour des dégagements, comme la libération du Dr Geagea, de MM. Hindi, Habib et Bassil. Et en permettant le retour au bercail du général Aoun. Le chef de l’État a répondu qu’il a toujours été pour la participation de tous et pour l’ouverture. En répétant cependant que les lois doivent être respectées. Et qu’il ne saurait y avoir d’immixtion dans les affaires relevant de la justice. – L’instauration d’un dialogue sérieux entre l’État et l’opposition, sur des bases claires. Le président a redit à ce sujet qu’il a toujours gardé les portes de Baabda ouvertes à tous. Et qu’il est tout disposé à recevoir de nouveau une délégation de la Rencontre. Philippe ABI-AKL
Jouant jadis les journalistes studieux, aux côtés de Doureid Laham, le comique syrien Nihad Kalaï répétait ce leitmotiv : si on veut savoir ce qui arrive en Italie, il faut regarder ce qui se passe en Argentine. Aujourd’hui, le monde est devenu un plus petit village encore. Ainsi, le premier tour des législatives en France marque le retour à une bipolarisation partisane sans...