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Actualités - CHRONOLOGIE

AIB - Toutes les divergences arabes ont hanté la nouvelle aile La longue journée d’Émile Lahoud à l’aéroport (photos)

Un homme seul sous un ciel chargé d’orages. C’est l’image de cette longue journée à l’aéroport de Beyrouth. Le Liban si fier de recevoir le sommet arabe ne donnera pas à ses hôtes l’impression d’un pays uni, en paix avec lui-même à défaut de l’être avec ses voisins. Le président de la Chambre et le Premier ministre ont en effet choisi de boycotter les cérémonies d’accueil, pour des raisons protocolaires, laissant le chef de l’État pratiquement seul sur le tarmac. Mais dans les coulisses, on murmurait hier que les motifs du boycott seraient plus profonds. Si on ajoute à cela la mauvaise surprise du président égyptien, les pronostics deviennent plutôt pessimistes, malgré les efforts du président Émile Lahoud pour paraître serein. Tout avait été pourtant soigneusement préparé pour que l’arrivée des chefs de délégations ressemble à une petite fête. Des pots de fleurs le long de la route, les rues remises à neuf, débordant d’un asphalte brillant sous la pluie, des drapeaux pour chaque pays, alternant avec ceux de la Ligue arabe, des banderoles pour souhaiter avec effusion la bienvenue aux hôtes prestigieux et une aile grandiose, inaugurée pour la circonstance… Le Liban voulait faire les choses en grand, trop grand peut-être pour un pays en pleine crise économique, mais l’occasion, pensait-il, en valait la peine. D’autant que Beyrouth a été choisi pour ce sommet en hommage à la libération du Sud en mai 2000. C’est d’ailleurs la première fois depuis longtemps qu’un sommet arabe se tient dans un pays «en guerre» avec Israël. Les derniers sommets s’étant déroulés au Caire et à Amman, dont les pays ont signé la paix avec Israël. Le président Émile Lahoud voulait, à partir de ce symbole, faire du sommet de Beyrouth un défi à la mesure du bouillonnement des peuples de la région. Il voulait aussi en faire le sommet du refus clair et net de l’implantation des Palestiniens dans les pays d’accueil. Or, certaines chancelleries arabes ne partagent pas ce point de vue, appelant discrètement à plus de pragmatisme dans l’examen de cette question et qualifiant l’implantation des Palestiniens de fatalité… Toutes les divergences arabes, les susceptibilités et l’appréhension face à une volonté américaine de plus en plus pesante ont donc hanté hier la nouvelle aile de l’aéroport, où depuis le matin un service de sécurité impressionnant s’activait pour veiller à tous les détails. La météo ayant annoncé des orages, la fanfare est installée à l’entrée du grand hall et les formalités protocolaires modifiées à la dernière minute pour éviter au président et à ses hôtes de rester dehors par ce mauvais temps. Des mesures strictes sont prévues pour les journalistes, et à midi moins dix, le chef de l’État arrive sur les lieux, souriant, comme à son habitude. Salué par la fanfare, et encadré par le chef de la garde présidentielle, le colonel Mostafa Hamdane, il se dirige aussitôt vers «le salon présidentiel» pour une rapide réunion avec le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa et les ministres Mahmoud Hammoud et Ghassan Salamé. La météo bouleverse le programme des arrivées La première délégation arrive à l’AIB à 12h20, avec quelques minutes de retard en raison des conditions climatiques. D’ailleurs, tout le programme des arrivées est bouleversé pour ces mêmes raisons. Lahoud accueille ainsi le premier vice-président soudanais Ali Osman Taha. Comme il pleut à torrents, une des 30 Mercedes blindées, prêtées au Liban pour le sommet, le cueille à sa descente d’avion, sous la bonne garde du chef du protocole, l’ambassadeur Maroun Haïmari. Après l’hymne national et les salutations, Lahoud et son hôte se dirigent vers l’aile présidentielle du bâtiment d’honneur, où ils ont un rapide aparté. C’est d’ailleurs cet aparté, ainsi que tous les autres, que Lahoud aura avec ses hôtes, qui ont poussé MM. Nabih Berry et Rafic Hariri à boycotter les cérémonies d’accueil. Les deux responsables libanais ont protesté contre leur exclusion, leur participation étant seulement requise pour l’accueil officiel. La raison invoquée paraît un peu mince, d’autant que les apartés sont de pure courtoisie. C’est pourquoi certains laissent entendre que leurs motifs pourraient être plus profonds et qu’il s’agit plutôt de ne pas donner leur aval à ce qu’on appelle, côté libanais, «le sommet de Lahoud». En tout cas, la longue journée du président à l’aéroport est épuisante. Commencée à midi, elle se prolonge au-delà de 21h et le chef de l’État accueille les présidents du Yémen, de Tunisie et de Djibouti, le roi du Maroc, le prince héritier d’Arabie saoudite et les chefs des autres délégations : Soudan, Somalie, Bahreïn, Émirats arabes unis, Qatar et Koweït. Le président syrien, lui, modifie son itinéraire, en arrivant au Phoenicia par la route alors que son avion survolait l’AIB. Quant au président égyptien, il fait carrément faux bond, sa non-participation au sommet ayant été annoncée à la dernière minute. Le président algérien arrive en soirée. Au total, et selon les prévisions officielles d’hier, onze dirigeants arabes seront absents du sommet : le roi Fahd d’Arabie, l’émir du Koweït et le cheikh Zayed des Émirats pour des raisons de santé, le sultan d’Oman qui, semble-t-il, ne participe plus depuis quelque temps aux sommets arabes, le colonel Kadhafi de Libye parce que «les sommets ne respectent pas leurs décisions», le président de Somalie parce qu’il n’a jamais reçu de responsable libanais chez lui, l’émir de Bahreïn pour des raisons inconnues, l’émir du Qatar parce que, dit-on, son projet de marché commun moyen-oriental a été sérieusement critiqué et parce qu’il ne veut pas que soit évoquée l’ouverture dans son pays d’un bureau de liaison avec Israël, le président irakien qui ne quitte pratiquement plus son pays, le président de Mauritanie et, finalement, le président égyptien Hosni Moubarak, pour des raisons non divulguées, mais qui, selon certaines sources, seraient liées à son opposition aux options guerrières de quelques Arabes. Sans compter l’absence forcée du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, qui s’adressera toutefois à ses pairs arabes par liaison satellitaire. Si la moitié des dirigeants arabes ne participera donc pas personnellement au sommet, tous se sont fait représenter. Mais, déjà, les ambitions sont revues à la baisse. Scarlett HADDAD
Un homme seul sous un ciel chargé d’orages. C’est l’image de cette longue journée à l’aéroport de Beyrouth. Le Liban si fier de recevoir le sommet arabe ne donnera pas à ses hôtes l’impression d’un pays uni, en paix avec lui-même à défaut de l’être avec ses voisins. Le président de la Chambre et le Premier ministre ont en effet choisi de boycotter les...