Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Dossier régional - « C’est la rencontre de la dernière chance », affirme Amr Moussa L’initiative Abdallah n’a pas encore été intégrée à l’ordre du jour du sommet de Beyrouth

Le Caire, de notre envoyé spécial Khalil FLEYHANE C’est une conférence de presse commune qu’ont tenue hier au Caire, en clôture de la 117e session du Conseil de la Ligue arabe – qui réunit périodiquement les chefs de la diplomatie des pays membres –, le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud, son homologue koweïtien Mohammed Sabah el-Salam el-Sabah (dont le pays est président en exercice du Conseil ministériel de la Ligue arabe), ainsi que le secrétaire général de la Ligue, Amr Moussa. Une conférence de presse au cours de laquelle l’on a appris que les pays arabes offriront à Israël, à l’occasion du sommet de Beyrouth, «la dernière chance pour la paix». Quant à l’ordre du jour de ce sommet, qui n’a pas été dévoilé par le secrétariat général de la Ligue, mais que L’Orient-Le Jour a pu avoir, il ne comprendrait aucune allusion à l’initiative Abdallah, à cause notamment de la poursuite des négociations autour des principes de cette proposition – surtout, d’ailleurs, entre Ryad et Damas. Et après que Mahmoud Hammoud eut réaffirmé que tout était fin prêt pour accueillir les 27 et 28 mars le 14e sommet arabe, et espéré que les dirigeants arabes soient à l’origine de résolutions et de décisions qui seraient en accord avec les espérances des peuples arabes, après que le chef de la diplomatie koweïtienne eut déclaré, sans trop de précisions, que le sommet de Beyrouth sera celui de la «dernière chance pour (le Premier ministre israélien Ariel) Sharon et pour l’Administration israélienne : ils doivent savoir qu’ils sont désormais à la croisée des chemins et qu’ils doivent choisir entre la paix et la destruction», c’était autour d’Amr Moussa de réaffirmer que Beyrouth sera «la dernière chance pour la paix». Amr Moussa, qui avait souligné avant-hier samedi la nécessité pour les pays arabes de «prendre des mesures pour protéger leur sécurité nationale» au cas où Israël persistait à ne pas accepter la paix, a refusé hier de commenter ces «mesures» éventuelles. Quoi qu’il en soit, la diplomatie des coulisses entre le Four Seasons où était descendu le ministre saoudien des AE et le Semiramis qui recevait la quasi-majorité des autres ministres s’est terminée hier sur l’annonce de ce qui sera débattu au cours du sommet de Beyrouth. À savoir : l’ordre du jour et les documents que présenteront à Beyrouth le Conseil des ministres des AE à l’issue de leur réunion le 25 mars, le rapport du président de la session actuelle – le roi Abdallah II de Jordanie, le rapport du secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa pour la période allant du sommet d’Amman jusqu’au rendez-vous beyrouthin, le rapport de la commission ministérielle de suivi né du sommet du Caire en 2001, le rapport du Conseil économique arabe, et, enfin, le discours du prince héritier saoudien sur son initiative pour un règlement. Informations contradictoires Les informations se contredisaient hier sur le point de savoir si des «concertations intensives» ont eu lieu autour d’un éventuel texte qui résumerait l’essence de la proposition saoudienne. Des sources ministérielles arabes disent qu’un texte d’une page et demie a été débattu entre les ministres saoudien, syrien et égyptien, et Amr Mousa – et que des propositions de changement de certains mots ou expressions ont été présentées. Selon des diplomates arabes cités par l’AFP, Ryad a accepté une demande syrienne d’introduire le terme «paix globale» de préférence à «normalisation complète», car la nouvelle formulation se réfère à des liens diplomatiques – de gouvernement à gouvernement – plutôt que des liens de peuple à peuple (voir page 10). Il n’est d’ailleurs même pas sûr que ce texte comprenne une allusion directe au droit au retour des réfugiés palestiniens, mais une reconnaissance, un aveu, sur la nécessité de trouver une solution à ce dossier. Tout cela parce que les Américains y seraient fermement opposés. D’autres sources diplomatiques arabes prétendent qu’aucun accord sur un quelconque texte écrit autour de l’initiative Abdallah n’a eu lieu au cours des concertations tous azimuts qui ont eu lieu dans l’aile réservée au prince Séoud el-Fayçal à l’hôtel Four Seasons. Et ces sources d’ajouter que la première mouture de l’ordre du jour du 14e sommet arabe de Beyrouth ne comprend aucune allusion à la proposition Abdallah, parce que le ministre saoudien des AE n’a présenté aucune demande officielle. Et qu’il s’est contenté d’informer ses collègues arabes, dans la nuit de vendredi, sur la nature des idées-phares de la proposition – des idées qui se basent, selon lui, sur les constantes arabes nationales et qui ont été rendues publiques par le communiqué publié à l’issue du sommet libano-syrien, qui a eu lieu il y a dix jours au palais de Baabda. Séoud el-fayçal aurait également dit à ses collègues que le prince Abdallah préférerait ne pas dévoiler toute l’initiative qu’il rendra publique au cours du sommet de Beyrouth. Et que les bases de son initiative ne sont pas encore décidées, au regard des négociations qui continuent entre plusieurs pays et plusieurs parties. À ce sujet, le ministre syrien des AE Farouk el-Chareh a déclaré n’avoir aucune réserve à l’égard de la proposition saoudienne «parce que la Syrie participe à sa formulation». Et son collègue égyptien Ahmed Maher répétait qu’il y a «un temps à tout», y compris pour parler de cette initiative avant la tenue du sommet. Notons également que le ministre palestinien du Plan et de la Coopération internationale Nabil Chaath a proposé par écrit quelques idées qu’il s’en est allé sonder auprès de ses collègues. Il n’empêche, le secrétariat général de la Ligue n’a pas jugé bon de dévoiler l’ordre du jour du sommet de Beyrouth, sur base du sommet d’Amman et de ce qui s’est passé depuis – événements du 11 septembre compris. Mais, selon des indications d’une source ministérielle arabe recueillies par L’Orient-Le Jour au Caire, cet ordre du jour sera divisé en cinq parties : politique, économique, social, information et finances. La partie politique comprend la guerre israélo-arabe, le dossier palestinien, Jérusalem et le soutien au Liban, financier et pour la libération de tout son territoire. La partie économique concerne la zone franche, celle liée à l’information parle de l’exécution d’un plan médiatique de soutien à la cause palestinienne, etc. Solidarité avec le Liban Quant à la journée d’ouverture (avant-hier samedi), elle a vu l’approbation du projet d’accord de solidarité avec le Liban, de même qu’elle a confirmé la nécessité de poursuivre la libération du territoire libanais de l’occupation israélienne, ainsi que celle des prisonniers libanais qui continuent de croupir dans les geôles de l’État hébreu. Également à l’ordre du jour : le déminage et la demande d’indemnités et de dommages et intérêts à Israël ainsi que le droit au retour des réfugiés palestiniens, conformément à la résolution 194 de l’Onu. Cela sans oublier le refus de considérer le Hezbollah comme faisant partie de la liste terroriste, la nécessité de distinguer résistance et terrorisme, le rappel du combat que mène le Liban contre ce terrorisme international ainsi que l’appel à une conférence internationale sur le terrorisme. Et dans son intervention au Caire, le chef de la diplomatie Mahmoud Hammoud a évoqué la réactivation du soutien au Trésor libanais, remerciant au passage les pays qui ont offert leur aide au Liban. «Mais à quoi servent les résolutions si elles ne sont pas appliquées, alors qu’elles ont été prises depuis des dizaines d’années ?», s’est-il demandé. Souhaitant la création d’une motion exécutoire : «Le Liban a payé le prix très cher et la majorité de sa dette qui dépasse les 28 milliards (de dollars) est le résultat des agressions israéliennes sur plus de vingt-cinq ans et les Palestiniens savent cela», a souligné le locataire du palais Bustros. Avant d’aborder le boycottage d’Israël, ainsi que l’intifada, assurant qu’il restait «attaché à ce mot», et qu’il refusait que ce concept soit abandonné «comme cela s’est produit au cours d’une réunion passée». Interrogé par les journalistes, Mahmoud Hammoud a confirmé que les grands axes de la réunion ont tourné autour de la guerre arabo-israélienne et le soutien à l’intifada, de la solidarité avec le Golan syrien et avec le Liban. Et dans une interview à une télévision locale, il a rappelé la nécessité du boycottage d’Israël – un sujet inscrit à l’ordre du jour –, déclarant également ne voir «aucun rapport» entre la proposition Abdallah et ce boycottage. «La proposition confirme les constantes arabes, sur la base de l’accord de Madrid», a-t-il souligné. Notons enfin que la Commission économique issue de la réunion à huis clos du Conseil a approuvé le mémorandum sur le dossier de la zone franche arabe, ainsi qu’explicitée au Caire par le conseiller économique de Rafic Hariri Ghazi Youssef.
Le Caire, de notre envoyé spécial Khalil FLEYHANE C’est une conférence de presse commune qu’ont tenue hier au Caire, en clôture de la 117e session du Conseil de la Ligue arabe – qui réunit périodiquement les chefs de la diplomatie des pays membres –, le ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud, son homologue koweïtien Mohammed Sabah el-Salam el-Sabah (dont le...