Irak Bagdad et l’Onu reprennent le dialogue sur la question du désarmement

Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a repris hier après un hiatus d’un an les discussions avec Bagdad sur la difficile question du retour des inspecteurs en désarmement de l’Onu en Irak, alors que monte la pression de Washington contre le régime de Saddam Hussein. M. Annan a rencontré au siège de l’Onu pendant deux heures jeudi matin le ministre irakien des Affaires étrangères Naji Sabri, première rencontre à haut niveau entre les deux parties depuis l’échec d’entretiens de deux jours fin février 2001. À l’issue de la séance du matin, Naji Sabri a qualifié les discussions de «positives et constructives». Une porte-parole de l’Onu Marie Okabe a précisé que les premières 20 minutes des discussions avaient constitué en un tête-à-tête entre MM. Annan et Sabri, arrivé avec une délégation de quatre personnes. Avant la rencontre, M. Annan avait indiqué à la presse que des gouvernements proches de l’Irak lui avaient dit «sentir une certaine flexibilité de la part de l’Irak». «Nous allons discuter de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et nous demanderons un retour des inspecteurs», avait déclaré M. Annan. À l’inverse des positions exprimées par le secrétaire d’État américain Colin Powell, M. Annan a indiqué que «la suspension éventuelle des sanctions» contre l’Irak serait discutée si Bagdad était prêt à se plier aux demandes du Conseil de sécurité. Le Conseil demande que les inspecteurs de l’Onu soient autorisés à reprendre le travail de vérification en Irak concernant le démantèlement de ses armes de destruction massive après la guerre du Golfe en 1991. Les inspecteurs avaient quitté l’Irak en décembre 1998 à la veille d’une campagne de bombardements par l’aviation américaine et britannique. L’Irak s’est depuis toujours opposé à leur retour. Le chef de la Commission de surveillance, de vérification et d’inspection des Nations unies (Unmovic), Hans Blix, participe à la réunion. Depuis les attentats du 11 septembre, le président américain George W. Bush a inclus l’Irak dans un «axe du mal» composé de pays dotés d’armes de destruction massive et qui soutiennent le terrorisme. Il a menacé d’agir contre l’Irak s’il ne permettait pas le retour des inspecteurs de l’Onu. Le vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz a affirmé jeudi que son pays se préparait à la guerre. «L’agression américano-britannique est attendue (...) et nous avons pris toutes les mesures nécessaires» pour y faire face, a-t-il affirmé. Interrogé sur le fait de savoir s’il craignait une attaque américaine contre les États-Unis dans le cas d’un refus de Bagdad, M. Annan a déclaré qu’il ne voudrait «pas voir un élargissement du conflit dans la région», en plus de «la tragédie déjà en cours», référence au conflit israélo-palestinien. Il a ajouté souhaiter «voir une situation où nous sommes capables de résoudre nos différends par la diplomatie et où l’Irak se conforme aux demandes». Les États-Unis ont clairement fait savoir qu’ils désapprouvaient les entretiens entre MM. Annan et Sabri, et le mois dernier, Colin Powell avait indiqué que M. Annan devait se limiter à demander à l’Irak de se conformer aux demandes de l’Onu. Mais interrogé sur le fait de savoir s’il était prêt à discuter d’une possible levée des sanctions contre l’Irak avec M. Sabri, Kofi Annan a affirmé : «Si nous parlons de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité, l’éventuelle suspension des sanctions, une fois que l’Irak se serait plié aux demandes, fait partie des discussions».