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Actualités - OPINION

Les assurances de Hariri manqueraient de consistance Réaction mi-figue, mi-raisin des cercles d’affaires

Rien de meilleur pour une image de marque que l’image tout court. En orfèvre émérite de la communication, jouant la transparence éclairée (par les spots de studio), le président du Conseil s’est adressé lundi soir au pays économique. Pour en remonter le moral, et récuser ces appréhensions qu’il qualifie de rumeurs plus ou moins ignares sinon malveillantes. Il soutient ainsi que la croissance est là, que son taux passe du négatif (sous-entendu hossien) au positif et que le redressement est sur les rails. Sur la bonne voie (de garage ?), M. Hariri fait la part des choses, en relevant ce que le gouvernement doit et ce qui lui est dû. Il affirme que les efforts en cours vont dans le bon sens. En déplorant que certains en dénaturent à dessein la portée, en usant parfois de considérations confessionnelles. Il répète qu’il ne faut pas confondre l’état des finances publiques et la situation économique. Dissociation plutôt confondante du reste dans un pays où l’État (providence) est de loin le plus gros employeur et le principal moteur économique. En tout cas cette distinction, théoriquement défendable, lui permet d’affirmer que les difficultés financières du Trésor sont indéniables, il n’en est pas moins exact que l’économie commence à bien se porter. En s’engouffrant, sur le plan de l’exploitation médiatique, dans la brèche favorable suscitée par les concessions économiques syriennes faites à l’occasion de la visite du président Assad. Un moratoire et des projets qui ont fait, sans aucun doute, la meilleure impression dans les cercles professionnels d’affaires. Ainsi, certains financiers indiquent que les gracieusetés syriennes incitent à l’optimisme et constituent un cadeau appréciable au Liban, État en tête. Ces mêmes personnalités se félicitent, et en congratulent l’intéressé, des assurances de M. Hariri concernant la livre. En soulignant que les politiciens doivent prendre garde à ne pas jouer avec ce thème monétaire, la dévaluation ne pouvant que détruire ce qu’il reste de confiance, sans apporter de relance comme l’affirment ses partisans. Mais les spécialistes se posent des questions. «Est-il certain, dit l’un d’eux, que M. Hariri a tout mis au clair ? A-t-il tout dit, n’a-t-il pas omis certaines réalités pesantes ? N’embellit-il pas un peu trop le tableau ? Les chiffres avancés sont contestés par de multiples sources ou études techniques. L’on est, par exemple, naturellement sceptique quant aux prévisions concernant la réduction du déficit budgétaire. C’est en effet une coutume jamais démentie que le gouvernement livre des prévisions initiales beaucoup trop optimistes. Et quand il parle d’un plafond déficitaire de quelque 40 %, tout le monde s’attend à ce qu’à l’arrivée on en soit à près de 60 % sinon plus. De même, bien évidemment, pour la croissance. Il paraît un peu étonnant en effet que le Liban, coincé dans tant de difficultés, annonce une telle reprise alors que presque partout ailleurs dans le monde c’est la décrue». Les loyalistes cependant n’en démordent pas : la relance est si tangible que le gouvernement n’hésite pas à en faire état dans un rapport destiné au Fonds monétaire international comme à la Banque mondiale «que nul ne peut bluffer», rappelle un responsable. Ce document sera remis aux instances concernées par le ministre de l’Économie et du Commerce, M. Bassel Fleyhane, qui doit gagner Washington à cet effet. Du même coup, le ministre tentera de procéder à des échanges de vues pouvant ranimer le projet de Paris II. Dont l’objectif, on le sait, est essentiellement d’alléger la dette publique libanaise. Mais, répétons-le, les organismes économiques locaux restent plutôt dubitatifs quant aux vues d’ensemble de l’équipe Hariri. Dont on ne distingue pas bien les contours, affirment-ils. En soulignant que, jusqu’à présent, le gouvernement semble se contenter d’agir au coup par coup, par des mesures séparées comme la TVA ou la levée potentielle de la protection des agences exclusives. Selon l’un des pontes du marché, qui a pu s’entretenir dernièrement avec le président du Conseil, M. Hariri «ne donne pas l’impression de vouloir promouvoir l’élaboration d’un plan global. Peut-être faut-il expliquer ces réticences par la difficulté qu’il y a, notamment, à codifier en bloc les privatisations». En effet cet apport capital, c’est le mot, pour un lifting des finances publiques, reste entouré d’incertitudes. S’il semble assez facile de céder à bon prix la Régie des tabacs et tombacs ou le cellulaire, l’électricité ou la MEA par contre ne trouveraient pas preneurs. Aussi les espérances s’articulent-elles surtout sur Paris II. C’est ce qu’avouent des loyalistes qui précisent qu’à travers cette conférence, M. Hariri veut pouvoir établir des mécanismes concrets permettant la réduction de la dette publique et de son service. Philippe ABI-AKL
Rien de meilleur pour une image de marque que l’image tout court. En orfèvre émérite de la communication, jouant la transparence éclairée (par les spots de studio), le président du Conseil s’est adressé lundi soir au pays économique. Pour en remonter le moral, et récuser ces appréhensions qu’il qualifie de rumeurs plus ou moins ignares sinon malveillantes. Il soutient...