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Actualités - CHRONOLOGIE

DÉBAT BUDGÉTAIRE - Les « non » ont considérablement augmenté en un an Le « oui » l’emporte par 73 % des voix

Hier, peu avant 20h, c’est-à-dire au moment où ses députés votaient la proposition de budget 2002 du gouvernement Hariri, le Libanais a dit : «Mais quelle mascarade ! Comment ont-ils pu voter le budget alors qu’ils n’ont jamais été aussi critiques à l’encontre du gouvernement ?» Sans doute. Parce que s’il est vrai que l’issue du débat ne faisait aucun doute, il est également vrai que les interventions des parlementaires à la tribune place de l’Étoile ont rarement été aussi virulentes. Avec comme bruit de fond, les rumeurs d’un changement gouvernemental – improbable avant la fin mars, et encore –, ainsi que les déclarations assez tonitruantes, durant le débat, du chef de l’État Émile Lahoud. Résultat des courses : le budget 2002 a été tout naturellement approuvé. Avec une confortable majorité : 83 parlementaires sur 113 présents, soit 73 % des voix. Avec 18 «non» (16 % des voix), et 12 abstentions (11 % des voix). Et un taux d’abstention de 12 %. En comparant rapidement avec l’an dernier : le budget 2001 avait été voté à 64 % des voix, mais il y avait un très grand taux d’abstention, 25 %. Quant aux «non», ils ont considérablement augmenté cette année : de 7 l’an dernier, ils étaient, hier, 18. Soit une augmentation de 250 %. Comment s’est dessiné le vote ? Politiquement d’abord. Le bloc Hariri a évidemment voté oui, comme un seul homme. Le bloc Berry aussi. Idem pour le bloc Joumblatt – à l’exception notable de Salah Honein, qui s’est abstenu. Était-ce par cohérence avec son intervention faite quelques jours plus tôt, ou par solidarité avec ses collègues de Kornet Chehwane ? Kornet Chehwane justement : ses membres ont tous voté non. Un non très politique. Nassib Lahoud (qui a été l’homme de la journée, avec ses colères rouges contre Fouad Siniora et ses leçons d’économie et de finances assénées à Rafic Hariri), Nayla Moawad, Farès Souaid, Boutros Harb, Mansour Ghanem el-Bone et Élias Skaff. Autre bloc d’importance : le Hezbollah. Le Hezbollah qui a exprimé en coulisses sa satisfaction à l’égard du discours du Premier ministre, mais qui, pour ne pas rajouter de l’huile sur le feu en votant non, a préféré se contenter de son vote «naturel», l’abstention. Étaient ainsi concernés hier : Abdallah Cassir, Ibrahim Bayan, Mohammed Fneich, Ali Ammar, Ammar Moussawi, Mohammed Yaghi, Mohammed Raad, Nazih Mansour, Massoud Houjeiry, Georges Najm et Mohammed Berjaoui. Enfin, un détail d’importance : les trois députés du Baas – Kassem Hachem, Abdel-Rahmane Abdel-Rahmane et Assem Kanso – ont quitté l’hémicycle juste avant le début du vote. Géographiquement, l’analyse du vote est également intéressante. Les députés chrétiens de Zahlé ont tous voté non : Élie Skaff donc, mais aussi Nicolas Fattouche, Youssef Maalouf et Georges Kassarji. Même topo chez leurs collègues de Jbeil et du Kesrouan : Nehmetallah Abi-Nasr, Abbas Hachem, Farès Boueiz et Farid el-Khazen. Idem pour les Nordistes Maurice Fadel et Mohammed Kabbara – outre, évidemment, l’ancien Premier ministre Omar Karamé. Sans oublier le dernier «non», celui de l’un des co-initiateurs de la «Rencontre de consultations et de réformes», l’ancien n°2 de l’État, Hussein Husseini. Quoi qu’il en soit, avant le vote du budget 2002 (qui prévoit 9 425 milliards de livres libanaises pour les dépenses et 5 650 milliards de livres libanaises de revenus – soit un déficit de 15,3 à 16,3 % par rapport au PIB estimé entre 16 et 17 milliards de dollars), il y eut, outre le débat sur les articles du budget, les réponses du gouvernement. Par ministres interposés d’abord : on retiendra notamment – même si elles ont été très fraîchement accueillies par l’hémicycle – celles du ministre des Finances Fouad Siniora, de l’Énergie Mohammed Abdel-Hamid Beydoun, et de l’Agriculture, Ali Abdallah (voir par ailleurs). Par Rafic Hariri lui-même ensuite. Qui a affirmé la nécessité du dialogue avec Washington – tout en mettant l’Administration Bush en garde contre Israël –, insisté sur le respect de «toutes» les résolutions onusiennes, promis qu’il n’y aura ni dévaluation ni abandon de la politique de stabilité monétaire, reconnu qu’il y avait des manquements aux libertés ou à la démocratie mais que «le tableau était loin d’être tout noir». Et qui a rappelé à tous ceux qui voulaient bien entendre l’inaliénabilité des relations libano-syriennes. Le problème : tout laisse à croire, à l’issue de ce débat budgétaire cuvée 2002, que l’avenir du Liban tient désormais, au regard, surtout, de la conjoncture régionale et internationale, aux promesses du gouvernement en place. C’est bien mince. Ziyad MAKHOUL
Hier, peu avant 20h, c’est-à-dire au moment où ses députés votaient la proposition de budget 2002 du gouvernement Hariri, le Libanais a dit : «Mais quelle mascarade ! Comment ont-ils pu voter le budget alors qu’ils n’ont jamais été aussi critiques à l’encontre du gouvernement ?» Sans doute. Parce que s’il est vrai que l’issue du débat ne faisait aucun doute, il...