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Actualités - OPINION

L’accord d’association avec l’UE, une première lucarne sur le commerce mondial

Les chefs d’entreprise et les banquiers de la place se frottent les mains après la présignature, dite paraphe, de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE). En termes juridiques, on en est encore à un stade de simples fiançailles. La vraie signature devrait intervenir dans deux mois, après ratification parlementaire. Mais la satisfaction des professionnels du cru s’explique par la solennité dont on a voulu entourer la cérémonie de Bruxelles. On sait en effet que ce sont le président du Conseil libanais et le président de la Commission européenne, M. Romano Prodi, flanqué du commissaire aux AE, M. Chris Patten, qui ont procédé en personne à l’échange des documents. Comme la Commission européenne le souligne volontiers, l’entrée en vigueur de l’accord «constituera un tremplin pour la libéralisation économique du Liban». Traduction en vers libres, pour rester dans le ton : bienvenue dans le circuit de l’échange multilatéral, en avant toute, cap sur le grand cirque du commerce international. Et vive notre mer commune, la Méditerranée, et notre mère à tous, dame mondialité. Bref, c’est presque l’euphorie à Beyrouth. Où, selon les hommes d’affaires, on peut désormais espérer de notables percées vers l’extérieur en termes d’exportations, confortées par des importations d’un genre rare sinon nouveau, les investissements étrangers. Le rôle économique du Liban sur le plan régional, plutôt pâlichon à l’heure actuelle, devrait s’en trouver revigoré. Avec l’assistance de l’Union, par le biais notamment de prêts privilégiés. Comme quoi l’on n’a jamais rien sans rien. Cependant pour l’heure, l’essentiel reste d’ordre immatériel. Car la toute première qualité de la présignature avec l’Europe est de réhabiliter la confiance, facteur indispensable pour entamer le redressement économique du pays. Un élément dont il faudra toutefois attendre confirmation sur le plan strictement intérieur. Par une trêve durable, sinon par une entente définitive, entre les responsables. Car il est évident que les tiraillements chroniques entre pôles d’influence affectent lourdement le crédit (populaire) de l’État et aggravent la crise socio-économique. Quoi qu’il en soit, pour le moment, le ton est à l’optimisme pugnace dans les milieux d’affaires. Qui projettent sans complexe – on sait que le Libanais vise haut – de se lancer à la conquête du monde, à partir de la plate-forme européenne, pour y placer leur production sans craindre la concurrence. Projections touchantes, comparables si l’on veut aux rêves innocents de la Perrette du bon La Fontaine. Bien entendu, les haririens ne sont pas moins (auto) satisfaits. À les en croire, la cérémonie bruxelloise de jeudi est un événement considérable sur le double plan économique et financier. Armé de ce viatique, annoncent-ils, le gouvernement va pouvoir aller résolument de l’avant dans l’application de son plan de sauvetage. Mais, selon le premier cercle qui l’entoure, le Premier ministre garde pour sa part les pieds sur terre. Il sait en effet, souligne l’un de ses proches, que les obstacles qui restent à franchir sont de taille. Et il ne compte s’accorder aucun répit avant d’avoir, en tout premier lieu, fait passer ses vues en même temps que le budget 2002 à la Chambre. Où il ne compte pas que des amis. Certes, il n’ignore pas que le projet de loi de finances sera finalement voté. Mais il tient à ce que les députés n’y apportent aucune modification majeure. Et à ce que leur agrément soit massif. Car une majorité étriquée rendrait plus difficile l’exercice acrobatique consistant à faire accepter les ponctions fiscales et autres gâteries qui attendent (au tournant) les Libanais. Autrement dit, la confiance de la Chambre conditionne en partie celle de la population. Neutralisation préventive d’autant plus nécessaire qu’au printemps, la belle au bois dormant, cette Confédération générale des syndicats qui pour le moment ne pipe mot, risque de se réveiller. Pour réclamer une partie de ces sous que le Trésor veut arracher aux salariés, seuls véritables imposés sur le revenu dans ce pays. D’éventuelles revendications d’autant plus justifiées que, comme le relèvent des opposants, le projet de budget 2002 ne sévit pas assez contre le gaspillage endémique et ne ferme pas assez de robinets connus. Autrement dit, ces députés accusent le pouvoir d’exiger des sacrifices sans y soumettre les profiteurs dilapidateurs de cette vache à lait qu’est le service public dans toutes ses composantes. Les contestataires précisent qu’à leur sens, le projet de budget devrait servir pour mettre en place un système de contrôle comptable préalable des dépenses administratives. Tout comme il devrait prévoir l’éradication d’anomalies civiques, qui s’apparentent à de l’abus de biens sociaux, comme les pensions versées aux anciens députés ou les voyages officiels d’agrément aux frais de la princesse. Une moralisation qui compenserait un peu la frustration du Libanais lambda appelé à casquer la TVA. Cette mesure doit rapporter au Trésor, selon le ministre des Finances, 800 milliards de livres libanaises. En sus des rentrées douanières dont la suppression corollaire, qu’exigent les conventions internationales, attendra sans doute des années. Cette contradiction, il convient de le mentionner, est soulignée par les commerçants comme par les industriels. Qui invitent, mais vainement, le gouvernement à reporter l’application de la TVA, prévue pour début février, pour éviter une flambée des prix qui aggraverait la crise sociale. Une temporisation que l’on compenserait en faisant démarrer le processus des privatisations qui concerne 29 institutions publiques, autonomes ou mixtes. Parallèlement, bien évidemment, à l’apport que le Liban officiel attend de Paris II, conférence capitale qui pourrait se tenir en fait à Bruxelles. Pour boucler la boucle. Philippe ABI-AKL
Les chefs d’entreprise et les banquiers de la place se frottent les mains après la présignature, dite paraphe, de l’accord d’association avec l’Union européenne (UE). En termes juridiques, on en est encore à un stade de simples fiançailles. La vraie signature devrait intervenir dans deux mois, après ratification parlementaire. Mais la satisfaction des professionnels du...