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Actualités - ANALYSES

VIE POLITIQUE - Les accords de dimanche restent à compléter - Le spectre de la troïka perturbe la marche du pouvoir

C’est un cercle vicieux. Lorsque deux présidents accordent leurs violons, le troisième grince des dents, ce qui fait plutôt dissonance. Mais pourquoi ne s’entendraient-ils pas tous les trois ? Parce qu’on leur reprocherait de ressusciter la troïka, système en principe (mais pas tout à fait en pratique) condamné depuis l’avènement du présent régime. Tant que les hautes autorités ventilent les décisions consensuelles, c’est-à-dire s’arrangent pour qu’elles ne soient pas trop visiblement prises à trois, les autres pôles du landernau local ferment les yeux. Ou, plus exactement, se contentent, comme nombre de ministres ou de super-leaders laissés en rade, de pousser de gros soupirs d’agacement, sans révolte ouverte. Tout est donc dans les apparences. Alors que, pour le fond, ces gesticulations dites subtiles empêchent la mise en place effective de l’État des institutions (et de droit) que Taëf, Bkerké et les autres ont pu pieusement souhaiter. Au jour d’aujourd’hui, pour ne pas déroger aux traditions de démarquage, les berriyistes bon teint, amateurs d’anagrammes faciles, ne cachent pas la «crainte criante» que le pacte dominical conclu par les têtes de l’Exécutif soit dirigé contre leur chef. Ils en «suffoquent et s’en offusquent» comme d’une véritable déclaration de guerre. D’autant que, les nominations sonnant aux portes, les choix peuvent évidemment défavoriser le président qui se retrouve isolé. Pris en sandwich pour ainsi dire, ce qui est un comble pour un partage de fromage ou de gâteau. Découpage succulent auquel, cette fois, le Hezbollah pourrait être convié. Une première collation qui ne serait pas vraiment du goût du mouvement Amal. Source supplémentaire d’inquiétude pour les partisans de M. Berry : les accords entre MM. Émile Lahoud et Rafic Hariri engendrent un vaste plan de développement (3,5 mds de dollars) pour les régions déshéritées. Et ce prodigieux pactole risque d’être distribué sans trop tenir compte des exigences du mouvement Amal. Car les absents ont toujours tort, et le président de la Chambre n’était pas dimanche dernier au rendez-vous décisif de Baabda. Les échanges ayant porté partiellement sur la 1 373, le ministre des AE, M. Mahmoud Hammoud, aurait dû être présent, affirment les berriyistes. Qui ajoutent qu’il est également étonnant de voir le président du Conseil confier la préparation du prochain sommet arabe, prévu à Beyrouth, au ministre de la Culture plutôt qu’au chef (nominal) de la diplomatie libanaise. Il n’est pas étonnant dès lors que M. Berry se soit montré plutôt agressif mardi dernier place de l’Étoile à l’égard du gouvernement. Dont le chef a préféré quitter la scène, pour éviter un esclandre. Le président de la Chambre n’a pas caché qu’il souscrivait aux critiques développées par le député Bassem el-Sabeh. Position que des amis communs ont été chargés de communiquer à Baabda, le même jour. En glissant en outre que, dans des propos tenus en privé, M. Berry estime que le régime doit savoir choisir ses amitiés, dont la sienne propre qui est sincère, à l’en croire. Pour contrer ses nombreux adversaires et retrouver la forte popularité dont il bénéficiait à ses débuts. Ces attaques, directes ou indirectes, «adaptées et adoptées» par le camp Berry ont hautement déplu à M. Hariri. Dont M. Sabeh «est l’un des obligés électoraux», rappelle obligeamment l’entourage du Premier ministre. Qui, toujours selon ses proches, «ne comprend pas que l’on puisse semer la zizanie à un moment où le pays a tellement besoin de stabilité et de cohésion. Lui-même réalise si bien cet impératif que, dernièrement, il s’est abstenu de livrer publiquement son point de vue au sujet de diverses incidences fâcheuses qui se sont produites sur la scène locale. De même, il s’est refusé à polémiquer avec les parties qui l’ont pris à partie avec virulence lors de divers iftars. S’il avait voulu se montrer démagogique, il aurait pu tirer, contre les uns ou les autres, des flèches incendiaires qui lui auraient valu un considérable regain de popularité. Mais le pays n’a que faire de secousses politiciennes et de faux problèmes. Car le Liban se trouve confronté à de sérieux périls extérieurs, ainsi qu’à de pénibles difficultés économiques. Dont le traitement nécessite beaucoup de travail sérieux, rationnel, accompli dans d’indispensables conditions de calme». M. Hariri veut donc positiver, comme on dit maintenant. C’est dans et esprit, enchaînent ses partisans, qu’il a pris «le ferme engagement de tout mettre en œuvre pour harmoniser ses rapports avec le régime. Malgré les réserves qu’il peut avoir par rapport à certaines approches qui lui sont peu favorables ou qu’il n’approuve pas. Comme les débordements du côté de Mar Roukoz. Un incident qui est venu lui rappeler que, malgré ses protestations d’août, il reste privé de pouvoir en matière de dossier sécuritaire politique. M. Hariri a cependant laissé les choses se tasser, évitant systématiquement d’attiser les tensions. Ce qui a permis les tranquilles retrouvailles de dimanche dernier dont le pays peut se féliciter». De fait, les organismes économiques, concernés au premier chef par les décisions arrêtées entre les dirigeants de l’Exécutif, confirment qu’ils en sont fort satisfaits. Tout en précisant, encore une fois, qu’on peut être sceptique quant à la faisabilité même de ces projets. Mais que l’essentiel réside, pour le moment, dans le rétablissement de la confiance qu’implique l’entente entre les présidents Lahoud et Hariri. Une approbation que partage le ministre joumblattiste de l’Information, M. Ghazi Aridi. Qui pense pouvoir annoncer que les effets de la réunion se feront sentir au début de l’an prochain, à travers les démarches que le chef du gouvernement entend effectuer d’ici là. Sans doute une allusion du ministre à une éventuelle résurrection de Paris II, colloque moratoire que presque tout le monde donnait pour mort et enterré.
C’est un cercle vicieux. Lorsque deux présidents accordent leurs violons, le troisième grince des dents, ce qui fait plutôt dissonance. Mais pourquoi ne s’entendraient-ils pas tous les trois ? Parce qu’on leur reprocherait de ressusciter la troïka, système en principe (mais pas tout à fait en pratique) condamné depuis l’avènement du présent régime. Tant que les hautes...