Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

VIE POLITIQUE - Un parallèle avec le Petersberg via Brahimi - Plaidoyer larvé à l’Est - pour un Taëf II

C’est un peu étonnant : nul à Beyrouth n’a relevé que c’est à Lakhdar Brahimi, concepteur du processus de Taëf, que l’on (l’On-u) confie l’orchestration de la paix civile afghane. Et nul, ailleurs, ne s’avise de s’en inquiéter ! D’autant que le cas du lévrier, bien plus tribalisé, mouvant et complexe tout compte fait, a besoin d’un autre levier, bien plus puissant que le cas du cèdre. Il faut compter en effet non pas avec deux mais avec quatre voisins intéressés, pour ne pas dire gloutons, le Pakistan, la Russie, la Chine et l’Iran. En plus, les considérations religieuses se doublent de rapports de force ethniques. Bref, tout le monde est présent au Petersberg, alors que chacun se défend de vouloir intervenir dans un arrangement qui doit être purement interafghan. Privilège souverain dont Taëf, officiellement parrainé par l’Onu, les USA, le comité tripartite arabe de la Ligue et la Syrie, n’avait pas vraiment bénéficié. Et ne bénéficie toujours pas. Toujours est-il qu’aujourd’hui comme hier, on peut souhaiter à M. Brahimi bien du plaisir. Mais toute ironie mise de côté, chez nous l’Est politique, douché par l’incident nocturne de Mar Roukoz et stimulé par les sorties indépendantistes du patriarche Sfeir à l’étranger, se remet à marmonner. En reposant la question de la présence militaire syrienne comme de la régulation des relations politiques ou économiques avec Damas. Et surtout, en s’étonnant qu’après dix années de constats accumulés de fiasco, on laisse Taëf en l’état (de fait) et en l’État. Des voix s’élèvent derechef pour réclamer une révision de la Constitution. À des degrés divers du reste : certains, qui gardent sans doute quelque espérance d’être cooptés par le pouvoir lors de la formation du prochain gouvernement, se contenteraient d’une redéfinition des prérogatives comme des rapports entre les pouvoirs. D’autres vont jusqu’à réclamer un changement complet de système. Soit par l’abolition, d’un coup de plume, du confessionnalisme politique ; soit, tout au contraire, par une consécration d’une répartition communautaire mieux équilibrée. Ce à quoi les loyalistes, haririens compris, répondent que l’heure n’est pas aux débats diviseurs, mais à un regroupement national sous l’égide de la légalité. Un point de vue que les opposants réfutent par une lapalissade : pour que le pays se montre uni, il faut qu’il le soit vraiment. Autour non pas du pouvoir, qui n’est en soi qu’une simple forme de convention, mais des constantes inaliénables, sinon impérissables, que sont la souveraineté, l’indépendance, l’autonomie de décision et tutti quanti. Or sur ce plan, élémentaire mais primordial, on est si loin du compte que les nominations administratives s’annoncent d’ores et déjà comme un partage de gâteau excluant le camp dit chrétien. En outre, l’Est n’est en général pas d’accord sur la ligne dure généralement suivie par les tenants du régime (plutôt que par les haririens, plus coulants) à l’égard de Washington. Et dans ce contexte, la visite de coordination de M. Farouk el-Chareh est volontiers interprétée à l’Est comme une démonstration manifeste d’un suivisme officiel qui privilégie les relations bilatérales aux impératifs nationaux et internationaux. Plusieurs politiciens remettent de la sorte sur le tapis, dans leurs assises privées, la question de l’envoi de l’armée dans la bande frontalière au Sud. Et n’hésitent pas, mais toujours entre quatre murs, à soutenir que l’Onu n’a pas tort de juger illégale la position du Liban par rapport à Chebaa. Sous-entendu par rapport au droit de résistance active dans cette enclave soumise à la juridiction de la 242. Le bruitage de contestation larvée reprend donc de l’ampleur sur la scène locale. Ce qui s’explique sans doute par deux raisons complémentaires. D’une part, l’impression générale est que le moment de gros danger extérieur est maintenant passé, avec la quasi-fin de la guerre d’Afghanistan et la relance de l’initiative diplomatique US du côté israélo-palestinien. Ensuite, l’impression tout aussi générale que le pouvoir ne veut vraiment pas d’un dialogue sérieux de fond. Puisqu’il oppose une fin de non-recevoir très nette à toute proposition de discuter le dossier de la présence syrienne. Ou celui, concomitant, de l’envoi de l’armée au Sud.
C’est un peu étonnant : nul à Beyrouth n’a relevé que c’est à Lakhdar Brahimi, concepteur du processus de Taëf, que l’on (l’On-u) confie l’orchestration de la paix civile afghane. Et nul, ailleurs, ne s’avise de s’en inquiéter ! D’autant que le cas du lévrier, bien plus tribalisé, mouvant et complexe tout compte fait, a besoin d’un autre levier, bien plus...