Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

CONCOURS - Meilleur spot publicitaire sur la participation de la femme à la vie politique - La lauréate, Carla Mehanna, a fait ressortir - la nécessité de réformes au Liban

La première scène se passe dans un foyer où l’on voit une femme en train de s’apprêter à faire le ménage, pour ensuite passer à la cuisine, puis à l’éducation des enfants, sans oublier de faire les achats au supermarché du quartier, tout en entretenant de bonnes relations de voisinage. Si elle a si bien réussi la gestion de son foyer, c’est qu’elle réussira tout aussi bien dans le secteur de la vie publique. Donnez-lui sa chance, sous-entend la voix off, qui invite la femme libanaise à participer à la vie publique. C’est le film de Carla Mehanna, de l’Université Saint-Joseph, Iesav, qui a été sélectionné «meilleur spot publicitaire» sur le thème de la participation de la femme à la vie politique, dans le cadre du concours organisé par le Conseil des femmes libanaises. Lancé en mars dernier avec la collaboration de l’Union européenne, ce projet, qui constitue l’un des chapitres d’une campagne nationale pour la promotion de la participation de la femme libanaise à la vie politique, devait couronner l’un des quatre spots télévisés présélectionnés par le conseil sur le même thème. En présence d’un jury composé de professionnels du monde publicitaire (Saatchi & Saatchi, H&C Léo Burnett, Impact BBDO) et des représentants d’organisations non gouvernementales, les jeunes producteurs – Rouba Abi Zeid de la Lebanese American University (LAU), Joseph Hélou de Notre Dame University (NDU), Hala Dahrouj de l’Académie libanaise des beaux- arts (Alba) et Carla Mehanna de l’USJ, ont vu leurs spots diffusés et applaudis par une foule nombreuse composée notamment du chef de la délégation de la Commission européenne au Liban, Patrick Renauld, du représentant du ministre de la Culture, Fawzi Atwi, et d’un certain nombre de diplomates et de responsables politiques et universitaires venus soutenir leurs étudiants. De nouvelles lois sont nécessaires «Ce pays a besoin d’un remaniement de fond en comble, d’un assainissement de ses administrations corrompues, d’un nettoyage quotidien des rues de la ville (et non pas tous les quatre ans), d’un contrôle scrupuleux des dépenses (publiques)», souligne le commentateur, alors que défilent les images montrant une mère de famille vaquant à ses tâches ménagères, époussetant ses meubles, faisant ses comptes après ses achats au supermarché, préparant le repas de midi. «Nous avons désormais besoin de nouvelles lois qui garantissent l’avenir de nos enfants», reprend la voix off alors que l’on voit de nouveau la mère de famille aidant ses enfants à faire leurs devoirs. Bien que le spot soit en lui-même une réussite, c’est surtout la conclusion «baseline» qui déclenchera les applaudissements, découlant d’une parfaite logique du parallélisme effectué dès le début : «Le pays, à l’instar de ton foyer, a besoin de tes compétences et de ta détermination. N’hésite pas à rejoindre la vie politique», affirme la voix off en s’adressant à la femme libanaise. Tout y était : la double responsabilité de la femme, capable aussi bien de gérer ses tâches ménagères que les affaires publiques, qui ne sont pas nécessairement incompatibles avec son rôle d’épouse et de mère au foyer. Autre idée cruciale que Carla Mehanna a fait ressortir à travers son spot publicitaire : la nécessité de réformes et d’un assainissement des institutions du pays, une opération qui exige désormais une touche féminine. Faisant écho au texte du film publicitaire, et un peu comme s’il en avait deviné le contenu, Patrick Renauld avait déjà donné le ton lors de son discours en affirmant que, pour «évoquer la femme, il faudrait l’évoquer au pluriel. Une femme c’est plusieurs professions dans une même journée : femme active à la ville ou à la campagne, mère à l’écoute, mère qui console, épouse, éducatrice consciencieuse. Combien de rôles pour si peu de reconnaissance parfois !», affirme le diplomate européen. «Soixante-dix candidats se sont présentés au concours. Six d’entre eux, de six universités libanaises, ont été présélectionnés pour produire un film de 30 secondes», nous explique le directeur exécutif du projet, Sélim Moawad. Finalement, quatre projets ont été retenus ayant obtenu chacun un budget de 2 000 US dollars non remboursables qui ont été alloués aux participants comme frais de production. Quant à la lauréate, elle a reçu un chèque de la délégation européenne de 3 000 dollars qui lui a été remis par M. Renauld et la présidente du Conseil des femmes libanaises, Mme Iqbal Doughan. Le projet du meilleur spot publicitaire TV s’inscrit dans le cadre d’une vaste entreprise et d’une campagne nationale de promotion de la participation de la femme à la vie politique, un dossier parrainé par le Conseil des femmes libanaises avec le support de l’UE. Réparti en plusieurs volets, le projet comporte d’abord une étude sur les élections parlementaires depuis 1972 effectuée auprès d’un échantillon de 420 femmes sélectionnées dans les secteurs public et privé ainsi qu’au sein des Ordres professionnels, des ONG, des partis politiques et des conseils municipaux. Les personnes soumises au questionnaire ont été interrogées sur la situation de la femme dans la vie politique et son niveau de participation. Les résultats de cette étude feront bientôt l’objet d’un débat lors d’un séminaire qui se tiendra prochainement à Beyrouth, indique M. Moawad. À la lumière des conclusions, un avant-projet sera présenté à l’UE sous forme d’une extension du projet actuellement en cours, toujours dans le but de redynamiser le rôle de la femme libanaise dans la sphère politique. De véritables archives Quant au second volet de ce projet, il consiste en une base de données bibliographique et audiovisuelle sur les femmes qui a été mise en place par le Conseil des femmes. Ces informations, qui ont été recueillies sous forme de CD, constituent de véritables archives pour toutes les personnes qui désirent effectuer des recherches sur le sujet de la femme. «On y trouve des publications, des données sur son statut politique, des articles spécialisés, ainsi que les séminaires relatifs à cette question», affirme une responsable du conseil. La campagne nationale enfin comprend dans ses deux derniers volets une série de séminaires de formation qui se tiendront dans les six mohafazats. «Comment gérer une campagne électorale pour la promotion de la femme dans la vie politique en prenant en considération l’apport et le soutien de l’homme, partenaire incontournable lors de la campagne électorale ? Comment s’assurer en outre l’appui de la femme pour soutenir les candidates en présence, mais aussi comment organiser une campagne médiatique, mettre en place un programme électoral, organiser une marche pacifique et former un réseau au sein de la société civile pour mieux réussir ces élections, tels sont les objectifs escomptés de ces séminaires qui devront paver la voie à la femme pour se lancer dans la prochaine bataille électorale», indique Sélim Moawad. En attendant les fruits que portera cette campagne, le conseil féminin, dont les activités ont pris un coup de jeune ces derniers temps, continue de travailler d’arrache-pied.
La première scène se passe dans un foyer où l’on voit une femme en train de s’apprêter à faire le ménage, pour ensuite passer à la cuisine, puis à l’éducation des enfants, sans oublier de faire les achats au supermarché du quartier, tout en entretenant de bonnes relations de voisinage. Si elle a si bien réussi la gestion de son foyer, c’est qu’elle réussira tout aussi bien...