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Actualités - COMMUNICATIONS ET DECLARATIONS

DIPLOMATIE - Ferzli défend lors d’un dîner la position libanaise - Battle, hermétique, élude les questions précises

Achrafieh, restaurant Al Dente. Dîner de Robert et Viviane Ghanem en l’honneur d’un ambassadeur. Rubrique des mondanités ? Pas du tout. L’hôte n’est autre que M. Vincent Battle. Aussitôt assailli d’un million d’interrogations plus ou moins inquiètes, par les convives, presque tous politiciens, hommes d’affaires ou assimilés. Souriant mais imperturbable, le diplomate, que tout le monde connaît depuis longtemps car il a déjà été en poste à Beyrouth, élude les questions précises, tente même de détourner la conversation du dédale de la politique ou de la brûlante actualité. Pour un peu, s’il s’écoutait, il discuterait volontiers base-ball ou football américain. Ces sports n’ayant que peu d’adeptes localement, sauf du côté de l’AUB et encore, M. Battle renonce à les aborder. Mais tient bon pour le reste, comme pour le restant de la soirée, sans se faire tirer les vers du nez, laissant ses interlocuteurs sur leur faim. Ce qui est un peu dommage pour un souper en ville. Une attitude courtoise, pour éviter un quelconque clash verbal sur les sujets qui fâchent, comme le Hezbollah. Mais aussi, tout bien considéré, un refus de dialogue. Décidé, bien entendu, en conformité avec les instructions de Washington. Qui ne veut rien savoir, qui ne veut rien comprendre, et se soucie peu des arguments qu’on peut opposer à sa rhétorique d’amalgame entre terrorisme et résistance. Quoi qu’il en soit, si l’Américain ne s’est pas montré loquace, M. Élie Ferzli, brillant avocat des causes ardues et vice-président de la Chambre, a su pour sa part meubler le silence par un exposé détaillé de la position libanaise. Il a certifié, à l’instar du président du Conseil, M. Rafic Hariri, que ce pays se tient aux côtés des États-Unis dans l’épreuve subie à travers les attentats du 11 septembre. Ajoutant que le Liban, qui en a longtemps été la victime expiatoire, condamne sans appel toute forme de terrorisme. Comme il l’a prouvé l’an dernier en neutralisant les mouvements intégristes subversifs de Denniyé. M. Ferzli, sans trop mâcher ses mots, a enchaîné en fustigeant l’actuelle campagne américaine contre le Liban. Qu’il a qualifiée de «déplacée», en se posant des questions quant à sa portée. Le vice-président de l’Assemblée nationale a souligné que le Hezbollah exerce une résistance légitime contre un occupant, en territoire national. Le parti bénéficie dans ce cadre de l’aval de l’État et du soutien unanime du peuple libanais. Dont le modèle de coexistence harmonieuse devrait être adopté par bien d’autres pays. Aussi, les États-Unis seraient mieux inspirés de conforter la scène libanaise plutôt que de tenter de la perturber. Car s’en prendre au Hezbollah c’est vouloir susciter un climat hautement néfaste de discorde intérieure. S’adressant (en arabe) à M. Battle, M. Ferzli lui a lancé en substance : «Vous êtes en quelque sorte notre ambassadeur aux USA. C’est-à-dire que vous y défendez, comme nous le savons, les intérêts et les positions de ce pays. Nous comptons sur vous…». Avec un sourire embarrassé, le diplomate a répondu : «Je n’ai pas très bien compris ce que M. Ferzli vient d’exprimer en arabe. Je ne l’en remercie pas moins pour sa vivacité de ton autant que pour son affection…». Comme quoi, quoi qu’il en eût dit, il avait bien reçu le message. D’ailleurs soigneusement capté par l’un de ses assistants qui tout le long de la soirée a pris des notes sur un calepin électronique. Toujours est-il que, se réfugiant prudemment dans les généralités, l’hôte d’honneur du dîner a prononcé comme il se devait une allocution de circonstance. Il a certifié que les États-Unis et le Liban doivent coopérer pour entretenir les meilleures relations, sans trop laisser les développements actuels affecter leurs rapports bilatéraux. Pour répondre à cette invite, et faire un pas dans la direction de Washington, des sources gouvernementales soulignent à l’envi qu’après tout, cette histoire de liste US n’est pas nouvelle. Que chaque année, elle se répète. Et que les Américains ont pris soin de ne pas la transmettre par le biais des Nations unies, comme cela avait été le cas pour les listes antérieures. Afin que la demande ne s’inscrive pas sous le chapitre redoutable de l’application de la résolution numéro 1373. En d’autres termes, la liste en question n’aurait qu’un caractère officieux de simple notification d’État à État, sans sanctions internationales à la clé. Les ministres rappellent qu’après avoir rencontré M. Hariri, M. Battle avait indiqué comprendre clairement les bases de la décision (de refus) libanaise. Et comme il faut toujours chercher un bouc émissaire, les sources loyalistes imputent aux médias, qui auraient fait trop de battage autour de la liste, la «fausse tension» qui, à les en croire, opposerait actuellement Beyrouth à Washington. Sauf que ces mêmes sources ne trouvent pas grand-chose à dire quand on leur rétorque que la récente entrevue entre M. Battle et le président Nabih Berry a été pour le moins orageuse, comme le soulignent volontiers les proches mêmes du président de la Chambre. Sans compter, puisque l’on parle de lune de miel, les doux propos tenus, même devant M. Battle, à l’encontre des USA par le ministre de l’Information, M. Ghazi Aridi. Lequel refuse systématiquement toutes les invitations à déjeuner ou à dîner lancées par Awkar. Reste cependant à savoir, relèvent les cercles diplomatiques, si ces deux prises de position en flèche ne sont pas porteuses de vues ou de manœuvres politiques locales déterminées. Et si elles reflètent un état d’esprit d’hostilité ouverte du pouvoir libanais envers Washington. Les loyalistes bon teint répondent que non, en soulignant la petite phrase de M. Hariri : «Nous sommes amis de l’Amérique». Dans la mesure, bien évidemment, où il y a réciprocité. Ce qui implique, il faut le dire, un minimum de compréhension quant au droit de résistance d’un pays dont une partie du territoire reste sous occupation.
Achrafieh, restaurant Al Dente. Dîner de Robert et Viviane Ghanem en l’honneur d’un ambassadeur. Rubrique des mondanités ? Pas du tout. L’hôte n’est autre que M. Vincent Battle. Aussitôt assailli d’un million d’interrogations plus ou moins inquiètes, par les convives, presque tous politiciens, hommes d’affaires ou assimilés. Souriant mais imperturbable, le...