Rechercher
Rechercher

Actualités - BOOK REVIEWS

VIENT DE PARAITRE - Byblos-Jbeil à travers le regard d’Amine Rihani

Astucieuse idée de «redécouvrir» des régions entières du Liban, si ce n’est le Liban profond, à travers la plume et le regard des hommes de lettres. Louable et érudite entreprise, menée tambour battant par un prolifique Raja Choueiri qui vient de signer aux éditions Felix Beryte Le pays de Byblos-Jbeil visité par Amine Rihani (236 pages). Après Dhour-Choueir ou la paix des pins, Deir el-Kamar et Fakhreddine, Bécharré, Gibran et le gibranisme, Baskinta et Neaymé ou la nouvelle montagne inspirée, voilà le tour du penseur de Frayké de nous révéler une partie de notre territoire et des richesses de notre patrimoine. Se référant surtout au vivant et volumineux ouvrage intitulé Qalb Loubnan (Cœur du Liban) d’Amine Rihani, l’auteur de cet essai, oscillant entre analyse littéraire, portrait d’un écrivain et lumière sur la région Byblos-Jbeil, a voulu dévoiler la portée essentielle d’un texte majeur d’un des plus brillants auteurs du «mahjar», texte aussi qu’on n’a pas encore suffisamment pioché. Mais aussi révéler, par le même biais, l’importance d’une terre et de son histoire. Écoutons Raja Choueiri s’expliquer avec verve et un brin d’humour dans son prologue à propos de son entreprise : «À ces lignes vivantes, un cachet savoureux s’accroche toujours, et si le terme de pittoresque ne s’était pas affadi à force d’être employé à tout propos et hors de propos, il aurait été tout trouvé pour ce ton, lui et quelques autres attributs comme folklorique, alerte, imagé. À sa façon, c’est une fresque familière sur l’histoire vivante et inofficielle du peuple provincial libanais ; non pas l’histoire politique vue de Beyrouth, mais une photographie des humbles villages qui sont socialement en dessous de la capitale, mais géographiquement bien au-dessus… «J’ai lu là le reportage le plus fin, attrayant et révélateur sur le Liban d’une époque et de toutes les époques, car notre pays a ceci de déroutant que dans chaque période sont emboîtées toutes les autres, et y retentissent tous les temps : il suffit parfois de changer seulement les noms… «Les voyages libanais de Rihani sont des condensateurs, vu les petites distances ; et des amplificateurs, vu les multiples thèmes abordés. Derrière ces courtes promenades dans le vieux pays cananéen, pointent l’inoubliable expérience de New York et l’acquis des périples arabes. Et puis, partout se détache une éternelle donnée libanaise : l’émigration. À le lire, on comprend à quel point le Liban et sa diaspora sont, depuis les temps de la Phénicie, deux étroitement communicants». Écrit dans une langue française soignée, fourmillant de détails historiques, littéraires et de références culturelles, disséquant les écrits de cet écrivain arabo-new-yorkais, faisant revivre ses amitiés, les réseaux d’influence (Charles Corm et Ernest Renan) et ses coups de cœur pour la nature, Raja Choueiri brosse, à travers cette remontée aux sources, un magnifique portrait, non d’un «poète mais d’un intrépide explorateur, non d’un homme de méditation mais d’un inébranlable homme d’action». Extrait … Et pour ceux qui reviendraient bredouilles de leur quête, il reste une chaleureuse consolation, toujours dans le registre des splendeurs et délicesdu Liban : le vin du Liban. Notre pays est la terre d’élection antique, dans tout l’Orient, pour la vigne et son jus fermenté. Terminons donc par l’éloge savant et comparatif auquel se livre Rihani en l’honneur d’un des titres de gloire supplémentaire du Liban historique. Du reste, ce jour-là, l’atmosphère se prêtait aisément aux libations bachiques. Rihani était à Beit-Chébab, en compagnie d’un moine défroqué qui avait pris la poudre d’escampette de son couvent, et de quelques amis du lieu. On porta un toast aux absents et aux voyageurs, aux amis étrangers et à ceux qui se sont élevés avec honneur à l’étranger. «Nous avons bu du vieux vin du Liban, qui surpasse le “Xérès” espagnol, le “Porto” anglais et le “Dubonnet” français. Il les surpasse tous par la saveur de son amertume et de son parfum, et par la douceur de son tranchant et de sa limpidité».
Astucieuse idée de «redécouvrir» des régions entières du Liban, si ce n’est le Liban profond, à travers la plume et le regard des hommes de lettres. Louable et érudite entreprise, menée tambour battant par un prolifique Raja Choueiri qui vient de signer aux éditions Felix Beryte Le pays de Byblos-Jbeil visité par Amine Rihani (236 pages). Après Dhour-Choueir ou la paix...