Vie politique - Le radicalisme perd du terrain - Divergences à l’Est sur la ligne à suivre

La situation issue des attentats du 11 septembre suscite, tout naturellement, une révision conjoncturelle des positions politiques sur le front intérieur libanais. Ainsi, à l’Est, les options radicales, qui avaient plutôt la cote auparavant, s’effacent progressivement au profit des orientations de retenue. Et l’on constate, dans ce camp, des divergences nouvelles quant aux questions fondamentales suivantes : A)- La présence militaire syrienne. Un thème conflictuel au niveau national, qui suscite maintenant des divisions parmi les formations chrétiennes auparavant unifiées. On relève de la sorte trois tendances distinctes. – La première, antérieurement hostile à cette présence, change carrément son fusil d’épaule. Pour s’aligner sur le pouvoir qui souscrit pleinement à une présence militaire syrienne jugée indispensable autant que légale. – La deuxième se dit toujours opposée à l’intrusion, au nom de la souveraineté, mais consent à fermer les yeux pour le moment, à cause de la gravité de la situation extérieure qui requiert une étroite coordination avec la Syrie. – Reste enfin une poignée d’indépendantistes qui estiment qu’il ne faut pas lâcher prise, mais mettent quand même une sourdine à leur campagne, en se contentant de marquer une position de principe. B)- Le déploiement de l’armée à la frontière avec Israël, pour y gommer la mainmise des forces de facto. Là aussi, l’on retrouve les mêmes subdivisions. Certains se rangent désormais aux côtés des autorités, pour juger qu’il ne faut pas faire le jeu de l’ennemi en neutralisant la Résistance. D’autres pensent toujours que le Liban doit assumer ses obligations envers lui-même en envoyant ses forces au Sud, mais préfèrent mettre provisoirement cette revendication sous le boisseau. Et, enfin, les irréductibles continuent à s’étonner des dérobades de l’État face à son devoir national. C)- La libération de Chebaa par les armes ou par la diplomatie. Les groupements de l’Est étaient presque tous opposés au recours à la résistance active, par crainte de représailles qui mettraient l’économie libanaise par terre. Aujourd’hui la majorité, si elle ne soutient pas ouvertement l’option de résistance, ne s’y oppose plus ouvertement. Tout en souhaitant que le Hezbollah tienne compte des intérêts bien compris du pays, qui requièrent de sa part du discernement quant au timing ou à l’opportunité des opérations sur le terrain. Au sujet de ce même parti, l’Est souligne dans la foulée des attentats du 11 septembre, à l’instar de Bkerké, qu’il constitue une formation de résistance légitime et non un mouvement terroriste comme l’affirme Israël. D’ailleurs tout le Liban, officiel et populaire, partage cette opinion. Ce qui porte sans doute les USA à nuancer leur attitude à l’égard du Hezb. Pour ne pas risquer de se mettre à dos, dans leur combat contre le terrorisme, ce pays ainsi que la Syrie et l’Iran. Washington a de la sorte fait savoir qu’il s’accorde un certain délai, pour voir si le Hezbollah se montre régulier, si l’on peut dire, dans sa façon de concevoir la résistance active au Sud. D)- La relaxe du Dr Samir Geagea et le retour du général Michel Aoun, dans le cadre d’une réconciliation nationale. Beaucoup de formations de l’Est renoncent désormais à insister sur cette double demande. En affirmant qu’il vaut mieux laisser les choses se dénouer en douce, la libération du Dr Geagea pouvant être liée à un permis qui serait de nouveau délivré aux FL. Tandis que le come-back du général Aoun semble de son côté entravé, disent ces mêmes groupes, par l’intransigeance qu’affiche le principal intéressé lui-même.