Tourisme de guéguerre en jupon, - et stratèges de salon

Un exotisme de pacotille circonstant. Tant et tant d’istans. Si proches du Proche-Orient, et si distants. Azéristan, Béloutchistan, Hindoustan, Kazakhstan, Kirghizstan, Kurdistan, Ouïguristan, Ouzbékistan, Pakistan, Tadjikistan, Turkménistan. Demi-mondaine, cocotte-minute pressée, la presse hebdo européenne s’empresse de transformer en prospectus touristique le sous-continent asiatique central. Comme un chauffage. Elle tourne dans l’œil du cyclone, autour du pot (au feu), du pot au noir. Sans aborder de front le front de Kandahar. Et se répand en tartines Lamartine sur les splendeurs de cités glorieusement déguenillées, de Tachkent à Samarkand en passant par Peshawar. À cause, à cause de l’Afghanistan. Ou plutôt des taliban. Qui n’ont à voir avec l’État Liban qu’une meute d’assassins réfugiés (palestiniens) autour du Ben Laden bis, Abou Mahjane, au camp d’Aïn el-Héloué. À cause, à cause d’une femme. Qui se répand partout en envoyée spéciale. Sous le rempart d’une tenue totale, cache-sexe hermétique. Et se trouve si incontournable, si indispensable pour pénétrer les replis secrets des tribus, que l’on voit même des reporters mâles se travestir en dames, en remisant leurs attributs. Avec, pour toutes (ces plumes), une seule mission : glaner à tout prix, à toutes roupies, de la couleur locale et du pittoresque. Mais, côté insolite, l’Europe civilisée fait aussi bien, chez elle, ou presque. En organisant à tour de bras des colloques hautement stratégiques. Avec le concours de spécialistes ultrabranchés. Comme Paco Rabanne, le ressuscité de l’ éclipse-apocalypse. Jacques Seguela le publicitaire, faiseur d’images de marque électorales. L’écrivain d’écrits vains Philippe Sollers, Casanova de la romance comme du roman. Alain Finkielkraut, le philosophe soixante-huittardé. Omar Bongo, l’elfe président gabonais. Jean-Marie Messier, médiatique industriel à la tête de Vivendi (et du client). Ou encore, Michel-Édouard Leclerc, souverain des grandes surfaces. Commerciales, et c’est tout dire.