Fantasmes afghans

Le rêve, le nirvana, le pied : une petite villa avec jardinet sur les contreforts de Kaboul, un canon antichar sur le toit, des champs de pavot à perte de vue… et des taliban ruraux qui gambadent autour. Cette crise mondiale nous aura au moins permis de nous familiariser avec l’Afghanistan du Mollah Mohammed Omar. Ubu continue de frapper… L’Iran en comparaison, c’est le Club Med, et Khamenei, un gai luron. Momo gouverne par oukases et par le verbe. Il n’a qu’un seul mot à son vocabulaire : interdire. De fait, la liste des péchés est longue comme un jour sans pain : le cinoche, la télé, la musique, Tintin et Milou, la drague, les bisous, l’Internet… Y a pas à dire, c’est un pays qui respire la joie de vivre. Que la population ait le ventre creux ne lui donne pas trop d’états d’âme. À défaut de remplir les estomacs, il préfère bourrer les crânes. Pour Momo, toute femme est une bombe sexuelle en puissance. Comme il ne peut pas interdire le sexe féminin, cet homme simple a développé une théorie profonde: «Elles ne pensent qu’à ça !» Enveloppées et grillagées comme des tortues Ninja, il leur est défendu de s’instruire, de bosser, de se soigner. Toute situation qui semble affoler la libido des taliban. Mais faut aussi qu’elles bouffent. Alors l’agité du turban, dans un élan de générosité, leur permet de mendier. Demi-dieu exotique et Maître bouffon, le Mollah Omar mène son pays à grandes enjambées à travers le troisième millénaire. En plus, il a des relations, Momo. On raconte que l’une de ses filles aurait épousé Oussama Ben Laden, l’autre illuminé, dont on se demande ce qu’il fout avec ses millions dans ce cirque. Tout ça pour te dire que dans la vie, finalement, tout est relatif. Miracle : maintenant j’adore les Syriens et le Hezbollah.