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Actualités - CHRONOLOGIES

Sourdes appréhensions au niveau de l’opinion locale

Ce malheureux pays est tellement habitué à payer les pots cassés que les attentats de Manhattan et de Washington suscitent bien des appréhensions au sein de sa population. Certes, pour le moment, c’est l’Afghanistan qui est en ligne de mire. Mais après ? À supposer qu’il y ait une guerre de résistance afghane, comme du temps des Soviétiques, quelles en seraient les conséquences sur la région, et sur le Liban ? Probablement un fort raidissement populaire antiaméricain et une montée en puissance de diverses formes de violence, agitation de rue, actes de subversion et retombées d’actes terroristes qui se multiplieraient au Moyen-Orient comme ailleurs dans le monde. Dans cette perspective, le Libanais a généralement tendance à se rallier au sage point de vue actuellement développé par les capitales arabes et européennes. À savoir qu’il faut marcher à pas comptés, en s’abstenant de toute attaque entraînant une réaction en chaîne de violence incontrôlable. Qui mettrait en péril aussi bien les libertés, les démocraties que les équilibres ou la stabilité régionale et mondiale. Il faut donc lutter contre le terrorisme par le biais d’une véritable internationale des États comme des peuples, répètent l’Europe et les pays arabes. En s’entendant d’abord sur le sens concret à donner à cette acception de terrorisme, sans amalgame avec le concept de résistance à une occupation étrangère ou à une oppression intérieure. Dès lors, la quasi-totalité des nations estime, après le 11 septembre, qu’il est désormais nécessaire de tenter d’éradiquer à la racine le fléau terroriste. Mais peu de pays, même parmi leurs plus proches alliés, sont d’accord avec les méthodes d’approche abrupte, instinctive, que Washington semble tenté de privilégier. Tout le monde, ou presque, pense qu’aussi puissants qu’ils soient, les États-Unis ne doivent pas chercher à faire cavalier seul. Et, ce qui paraît évident au vu de la mondialisation, qu’on ne peut lutter efficacement contre le terrorisme que par une action internationale bien coordonnée. Ce qui implique, entre autres, la mise au point de nouvelles conventions juridiques internationales, au niveau des extraditions par exemple, assorties de tout un train de législations nationales adaptées. Les pays arabes, dont le Liban, mais aussi les Européens, ont peur actuellement que l’Amérique ne cherche à leur forcer la main pour une participation à une guerre en Afghanistan, à l’instar de ce qui avait été fait au Koweït. Ils redoutent qu’en cas d’échec des opérations sur le front du terrorisme, ils n’en payent le prix par des attentats subis sur leurs propres territoires. Ou, dans certains cas régionaux, par des soulèvements de masses contre leurs régimes. Dès lors, les Libanais, comme les Arabes en général, ne sont pas loin d’approuver la ligne de conduite suggérée par des capitales européennes et qui se résume ainsi : – En tout premier lieu, s’entendre sur le sens du mot terrorisme. Sans quoi, bien évidemment, il ne pourrait y avoir de programme de lutte coordonné et efficace. – Traiter le mal en profondeur. C’est-à-dire ne pas se contenter d’opérations policières. Mais étudier les causes, politiques et sociales, qui permettent ou favorisent l’éclosion des mouvements terroristes. – Sur le plan technique, tenter de situer les bases ou les camps d’entraînement des formations terroristes. Mais aussi, s’efforcer de supprimer leurs sources de financement ou de logistique. En obtenant des États hôtes qu’ils cessent tout soutien à ces mouvements, qu’ils les expulsent de leurs territoires ou en arrêtent les membres. Sans quoi ces États seraient isolés, subiraient de sévères sanctions et seraient soumis à un blocus économique sans faille. Leurs dirigeants risqueraient de plus d’être liquidés ou remplacés à l’issue d’opérations déterminées. – Mais bien avant tout cela, insistent les Européens et les Arabes, il faut que les investigations en cours identifient, preuves définitives à l’appui, les organisations qui ont planifié et exécuté les attentats du 11 septembre ainsi que les États complices. Pour que des frappes éventuelles contre l’Afghanistan, accusé de protéger Ben Laden, soient justifiées et légalisées. De préférence, sous l’égide de l’Onu étant donné le caractère international de l’affaire. – Enfin, insistent les Arabes, les USA doivent comprendre qu’il leur faut changer de politique extérieure, notamment en ce qui concerne le conflit israélo-arabe et la cause palestinienne. Pour cesser de s’attirer l’inimitié des peuples arabes et musulmans.
Ce malheureux pays est tellement habitué à payer les pots cassés que les attentats de Manhattan et de Washington suscitent bien des appréhensions au sein de sa population. Certes, pour le moment, c’est l’Afghanistan qui est en ligne de mire. Mais après ? À supposer qu’il y ait une guerre de résistance afghane, comme du temps des Soviétiques, quelles en seraient les...