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Actualités - ANALYSES

Spéculations à Beyrouth sur les retombées régionales - et locales des coups portés à l’Amérique

Plus rien d’autre, pour le moment. Beyrouth, sous le choc comme le monde entier, se demande ce que le tournant historique du 11 septembre va signifier pour la région. Et, partant, pour ce pays. Car une évidence saute aux yeux : quels que soient les véritables commanditaires de l’attaque contre la puissance économique, militaire et politique du supergéant américain, les présomptions de départ mettant en cause le Proche ou le Moyen-Orient sont si lourdes qu’elles vont certainement peser très vite, et très fort, sur la politique des États-Unis dans cette région trouble. La question est de savoir dans quel sens va s’opérer la nouvelle orientation. Deux choix différents, sinon opposés, s’offrent à l’analyse. Tout d’abord, dans un réflexe d’animal blessé, l’Amérique peut s’enfoncer dans le durcissement et la vindicte à l’encontre des parties soupçonnées d’engendrer ou de receler le terrorisme. C’est-à-dire, pour dire les choses comme elles sont, à l’encontre du monde musulman en général, des Arabes en particulier. La vis serait, dans cet esprit, redoutablement resserrée, avec la coopération des Occidentaux comme de la Russie bien obligés de suivre, autour des États accusés de complaisance à l’égard des mouvements terroristes ou qualifiés de tels, voire de complicité passive ou active. Bien entendu la panoplie des sanctions commencerait par le domaine économique, avec interruption des aides ou même boycott. Mais pourrait éventuellement prendre un caractère sécuritaire ou militaire. Directement, comme pour l’Irak, ou par le truchement d’alliés dont Israël et la Russie, comme pour les Palestiniens ultras, les Tchétchènes ou les Afghans. Il va de soi que l’option dure signifierait un jumelage étroit avec les vues, également radicales, de Sharon. Dans un tel cas, Washington ne redonnerait sa chance au processus de paix qu’après avoir bien balayé le terrain du côté du présumé terrorisme palestinien. Et en ce qui concerne le Liban, la pression se ferait beaucoup plus forte, sur la Syrie notamment, pour la neutralisation du Hezbollah. L’autre volet de l’alternative, moins impulsif et plus réfléchi, viserait tout au contraire à désamorcer le problème du terrorisme, ou de l’activisme ainsi appelé, par la paix. Les États-Unis reviendraient aux principes de Madrid, cesseraient de se montrer partiaux en faveur de l’État hébreu. Et sortiraient de leur léthargie diplomatique de ces derniers mois. Pour forcer les Israéliens à mettre un terme à leur répression antipalestinienne et à reprendre les pourparlers. Autant avec Yasser Arafat qu’avec Bachar el-Assad et Émile Lahoud. De même, Washington mettrait de l’eau dans son vin en ce qui concerne l’Irak et lèverait les sanctions frappant ce pays. Non pas tant pour récupérer politiquement le régime de Saddam que pour cesser de susciter la haine d’un peuple réduit à la famine par les sanctions US. Et pour réduire ainsi le nombre d’ennemis qui sont tentés de se livrer à des opérations terroristes d’envergure contre le territoire ou les intérêts américains. On note, dans cet esprit, le rapport remis au président Bush par le comité d’études spécial sur le terrorisme qu’il avait désigné. Ces experts soulignent que le principal danger terroriste vient du Moyen-Orient. En ajoutant qu’il faut encourager dans cette région les expériences réussies comme celle de la Turquie avec le PPK kurde d’Oçalan ou de l’Égypte avec les Frères musulmans. Ajoutant que les bases du terrorisme doivent être frappées sans hésitation. Cependant, le document souligne qu’il faut dissocier la lutte contre le terrorisme du dossier des négociations de paix. Justement pour ne pas faire le jeu des activistes ou des extrémistes islamistes hostiles au processus. Mais les recommandations du comité, établies évidemment avant le 11, ne seraient probablement plus prises en considération aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, le temps que l’onde de choc se dissipe, que l’on pourra connaître la ligne retenue par Washington. D’ailleurs, ce laps de temps pourrait amener l’Administration Bush à lier ses décisions finales aux progrès de l’enquête sur les attaques du 11. Il est probable que le FBI et la CIA mettent rapidement la main sur quelques fils conducteurs ou dénichent des pistes sérieuses. Mais l’opération, très complexe, paraît si bien montée qu’il faudra sans doute beaucoup de temps, des mois ou même des années, avant que la vérité se fasse jour et que les commanditaires ne soient identifiés. Il n’est donc pas exclu que, tout en faisant montre d’un esprit de décision plus marqué, la diplomatie US au Proche et au Moyen-Orient reste un peu flottante dans les prochains mois. D’autant que l’Amérique va être très occupée à se remettre du choc ou encore à multiplier les contrôles préventifs et d’investigation. Comme en ce qui concerne ses innombrables immigrants de fraîche date, qui vont sans doute être tenus étroitement à l’œil, s’ils viennent d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient.
Plus rien d’autre, pour le moment. Beyrouth, sous le choc comme le monde entier, se demande ce que le tournant historique du 11 septembre va signifier pour la région. Et, partant, pour ce pays. Car une évidence saute aux yeux : quels que soient les véritables commanditaires de l’attaque contre la puissance économique, militaire et politique du supergéant américain, les...