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Actualités - ANALYSES

La crédibilité des services - au centre du débat

C’est presque une question de foi. Les révélations des services, on y croit ou on n’y croit pas. Et la vérité oblige à dire que les sceptiques sont bien plus nombreux que les charbonniers d’occasion. Qui se réduisent en pratique à ces deux puissantes formations que sont la branche locale du Baas syrien et les vaillants Najjadés, héros jadis de l’indépendance. Il reste que, pour la bonne règle, il est utile de s’arrêter un peu à la version qu’endossent le parquet et le ministère de la Défense. Le «communiqué numéro un», comme on dit perfidement en se référant à une solide tradition arabe de pronunciamientos juntistes, se résume comme suit : des fractions déterminées veulent exploiter les largesses de l’État en matière de libertés, ainsi que le climat de réconciliation ambiant, de dialogue comme de consolidation de la coexistence (une fleur habile en direction de Bkerké) pour lancer des slogans contre la Syrie et contre la présidence de la République. La belle affaire, serait-t-on tenté de dire. Mais il n’y a pas que cela, enchaînent (c’est le mot), les services. Qui affirment que le but de cette agit-prop est d’élargir le spectre de la contestation. Pour qu’au jour J, c’est-à-dire au moment d’une frappe israélienne monstrueuse, la partition, ce vieux spectre démoniaque des années soixante-dix/quatre-vingt, prenne enfin corps. Sous forme d’une fédération. Un bien gros complot que l’on aurait préparé, toujours selon les services, par toute une série d’actions subversives. Et de conclure en rappelant que la sécurité est une ligne rouge qu’il leur appartient de faire respecter. Mission dont ils se sont acquittés par des rafles appropriées. Mais peut-être pas très bien ciblées, si l’on considère le nombre élevé de relaxes, ces deux derniers jours. D’où s’explique la déferlante de réactions hostiles à ce genre de zèle. Flagrante démonstration des contradictions qui déchirent le pouvoir : parmi les protestataires, on dénombre beaucoup de ministres et non des moindres. Ainsi que la quasi-totalité des VIP de la classe politique locale. Même certains hérauts connus de la noble cause de la fraternité vont d’un hochement de tête réprobateur. Ou, pour ne fâcher personne, surtout pas les décideurs, se réfugient dans un silence prudent. Ou dans de soudaines obligations familiales qui les écartent à un moment aussi crucial de cette scène publique qui leur est si chère ordinairement. La thèse subite d’une conspiration gigantesque est qualifiée généralement d’abracadabrantesque, comme dit le président Chirac. D’autant que les cadres interpellés, respectables intellectuels, médecins, avocats ou ingénieurs ne sont que très peu connus comme étant des James Bond ou des Carlos. Des pôles, sans doute actifs politiquement, mais qui restaient notoirement sous trop étroite surveillance policière, depuis des années, pour avoir le loisir de préparer des cocktails Molotov dans leurs kitchenettes. Sans compter que, également réduits à la portion congrue, désarmés et presque marginalisés depuis 1990 pour les aounistes et depuis 1994 pour les FL, ces militants ne sont visiblement pas en mesure de fomenter un coup d’État. À leur actif, pratiquement, un seul avantage : remuer la jeunesse, faire bouger les universités et les écoles… qui se trouvent présentement fermées. De plus, pour entrer dans les détails, le courant aouniste est en baisse de forme. Au point que le général Aoun a décidé de le réorganiser. En base d’un programme de 6 pages fullscape qui vise à fusionner l’Assemblée générale, dirigée par le général Nadim Lteif, et le directoire politique, dirigé par le juge Youssef Saadallah el-Khoury. Pour la plupart des politiciens locaux, l’affaire est claire comme de l’eau de roche. Malgré leurs protestations mutuelles d’amitié, les dirigeants sont à couteaux tirés entre eux. En outre, certains se sentent affaiblis par la dimension que prennent conjointement, du fait de leur jonction justement, le patriarche Sfeir et M. Walid Joumblatt. Il fallait donc inventer de toute urgence quelque chose. Afin de continuer à diviser pour mieux régner.
C’est presque une question de foi. Les révélations des services, on y croit ou on n’y croit pas. Et la vérité oblige à dire que les sceptiques sont bien plus nombreux que les charbonniers d’occasion. Qui se réduisent en pratique à ces deux puissantes formations que sont la branche locale du Baas syrien et les vaillants Najjadés, héros jadis de l’indépendance. Il reste...