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Actualités - CHRONOLOGIES

EDL - Le parquet annonce l’ouverture d’une enquête sur les factures non payées - Addoum : Les employés qui n’ont pas coupé le courant - aux contrevenants seront condamnés

La tempête provoquée par ce qu’on appelle désormais le scandale de l’électricité, notamment la publication de listes de personnes et d’établissements qui ne règlent pas leurs factures, est en train de s’apaiser. Et l’annonce solennelle du procureur général près la Cour de cassation Adnane Addoum de l’ouverture d’une enquête a donné le sentiment que l’affaire n’ira pas bien loin. Dans une conférence de presse tenue hier au Palais de justice, Addoum a donné une idée précise de ce qui va se passer. Selon lui, aussi bien ceux qui ne règlent pas leurs factures que les employés qui ne leur ont pas coupé le courant seront condamnés. Ce qui est une manière à peine déguisée de rappeler les employés de l’établissement public à leurs responsabilités. Mais ceux-ci pouvaient-ils réellement couper le courant à des responsables, ministres, députés ou autres refusant de régler leurs factures ? Addoum a promis d’enquêter au cas par cas. Mais déjà, les Libanais sentent dans quelle direction le vent va souffler… Le procureur général de la République a annoncé que le procureur financier Khalil Rahal et son adjoint, l’avocat général financier Roukoz Rizk, ont entamé leur enquête aujourd’hui et ils ont entendu le président du syndicat des employés de l’EDL, Émile Géha. Addoum a ajouté que le directeur général de l’EDL, Georges Moawad, ainsi que les deux directeurs de la distribution, Salah Abou el-Khoudoud et Farid Maghnié, seront entendus aujourd’hui afin d’obtenir des détails sur le fonctionnement de l’office. De même, Addoum a révélé que le président du syndicat des employés de l’EDL sera entendu une seconde fois pour plus de précisions sur la collecte des factures et le partage des responsabilités. Le parquet réclame des listes Selon Addoum, le parquet financier a demandé à l’EDL de lui fournir trois listes : la première porte sur les usagers qui ont payé leurs factures, la seconde comprend les noms de ceux auxquels un avertissement a été envoyé et la troisième liste comporte les noms de ceux auxquels on a coupé le courant parce qu’ils n’ont pas répondu à l’avertissement. Le parquet a aussi réclamé une liste de tous les responsables de l’établissement depuis 1991. Il s’agit essentiellement de mieux comprendre le fonctionnement de la collecte des factures, le percepteur se contentant, si la facture n’est pas réglée, de la rendre à l’établissement qui l’intègre au service des paiements en retard qui, lui, se charge d’envoyer les avertissements. Le rôle du percepteur est donc assez limité. En obtenant ces listes, le parquet espère connaître les responsables du fait que le courant n’a pas été coupé chez certaines personnes qui n’ont pas réglé leurs factures et les noms de ces dernières. Interrogé sur les listes qui ont circulé dans les médias, Addoum a déclaré que les noms sont entre les mains des employés, mais il est impossible de savoir qui les a distribués à la presse. Les démentis de Berry, Khatib, Jaber et la NTV À la question de savoir si le parquet compte engager des poursuites à l’encontre des personnes qui n’ont pas réglé leurs factures, Addoum a répondu qu’il s’agissait d’une question civile. «Si, après l’avertissement, l’usager ne règle pas ses factures, on lui coupe le courant et on lui réclame les sommes dues. Mais il n’est pas poursuivi pénalement. À moins qu’il n’y ait fraude ou dilapidation de fonds publics, ce qui entraînerait une responsabilité pénale. Il faut aussi étudier l’éventualité de pressions exercées sur les employés ayant des instructions pour couper le courant. Nous comptons enquêter sur toutes ces situations», a-t-il déclaré. Interrogé sur le fait que le parquet a tardé à ouvrir une enquête sur la question alors qu’elle dure depuis des années, Addoum a répondu que le parquet dépend du ministre de la Justice et de l’autorité politique. «Mais de toute façon, c’est à l’EDL de réclamer le paiement des factures qu’on lui doit. Le parquet n’intervient que lorsqu’il y a dilapidation de fonds publics ou complicité dans la fraude». Sera-t-il possible de poursuivre en justice des députés si leur culpabilité est prouvée ? Addoum a déclaré qu’il ne comptait pas expliquer maintenant le système de l’immunité des députés, pendant et hors des sessions parlementaires. «J’espère toutefois que nous n’aurons pas à poursuivre des députés, censés respecter les lois». Devant le scepticisme des journalistes quant à l’aboutissement de l’enquête menée par le parquet, Addoum a répliqué : «La justice fait son devoir comme les journalistes font le leur. Je m’adresse sérieusement et en connaissance de cause à l’opinion publique». Le procureur a aussi révélé que les députés Sami Khatib et Yassine Jaber, dont les noms ont figuré dans les listes de ceux qui ne paient pas leurs factures d’électricité, ont porté plainte pour diffamation. Il a aussi ajouté que «le nom du fils du Premier ministre a de même figuré sur une des listes et après enquête, il est apparu que ce dernier n’a absolument rien à voir avec la société Unifood qu’on lui a attribuée. Tout comme l’enquête a montré que la Banque libano-française a réglé toutes ses factures. Je conseille à tous ceux qui lancent des accusations de vérifier leurs propos, car il n’est pas permis d’attaquer des responsables de l’État sur base de rumeurs ou pour régler des comptes personnels». Addoum a conclu sa conférence de presse en émettant le souhait que tous les abonnés paient désormais leurs factures. De son côté, le président de la Chambre Nabih Berry, dont le nom a figuré sur la liste de ceux qui ne paient pas leurs factures, a vivement nié hier devoir le moindre sou à l’État. «Toutes mes factures sont payées, qu’il s’agisse de mon domicile de Msayleh, de ma résidence à Aïn el-Tiné ou des différentes permanences d’Amal». M. Berry a appelé à la tenue d’une réunion, aujourd’hui, de la commission parlementaire de l’Énergie, en présence du directeur général de l’EDL Georges Moawad et du directeur de l’Inspection centrale, Fouad Haïdamous. Selon des sources parlementaires, la commission devrait publier, à l’issue de la réunion, une recommandation, demandant de laisser la justice suivre son cours, loin des surenchères. C’est en tout cas l’impression qui s’est dégagée après une réunion d’urgence tenue hier, place de l’Étoile, entre le président de la Chambre et le président de la commission parlementaire de l’Énergie, Mohammed Kabbani. Les mêmes sources ajoutent que ce serait M. Berry qui aurait demandé à M. Kabbani de convoquer le directeur de l’Inspection centrale à la réunion d’aujourd’hui. Le président de la Chambre aurait en effet le sentiment qu’il y a des objectifs politiques derrière la fabrication et la divulgation des listes de personnalités ne réglant pas leurs factures, d’autant que certains noms ont été ajoutés au fur et à mesure, les derniers figurant sur les listes étant ceux de Berry lui-même et de MM. Hariri et Joumblatt. Par ailleurs, la NTV, dont le nom figure aussi parmi les établissements qui ne règlent pas leurs factures, a publié hier un communiqué niant vigoureusement l’accusation portée contre elle.
La tempête provoquée par ce qu’on appelle désormais le scandale de l’électricité, notamment la publication de listes de personnes et d’établissements qui ne règlent pas leurs factures, est en train de s’apaiser. Et l’annonce solennelle du procureur général près la Cour de cassation Adnane Addoum de l’ouverture d’une enquête a donné le sentiment que l’affaire...