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Actualités - ANALYSES

Les loyalistes outrés par les coups portés au plan de redressement économique

La bombe MEA n’était pas vraiment prévue au programme. Les protestataires lancent en effet le bouchon bien plus loin que prévu. Ils ne se contentent pas d’actes séditieux, mais profèrent des menaces à l’encontre du personnel qui refuserait de suivre l’ordre de grève. La gravité de ce problème réside cependant dans la récupération politique du mouvement. Ce qui met en péril, directement, tout le plan de redressement économique échafaudé par le pouvoir. Des députés, des partis, ont manifesté aux côtés des employés révoltés. C’est ce qui explique sans doute, en pratique, la pusillanimité remarquable de l’autorité judiciaire, qui n’a procédé à aucune interpellation malgré les flagrantes transgressions commises. Sous cet angle précis des choses, on aura remarqué que le système d’ordre se montre bien plus efficace quand il s’agit de contrer des étudiants manquant de protection politique. Pour en revenir au fond du problème, ce que le Hezbollah, Amal et le PSNS contestent, à travers leur mobilisation «sociale» aux côtés des radiés de la MEA, c’est bien évidemment le (vaste) programme de dégraissage de l’ensemble des services publics. On sait en effet que le gouvernement, sur injonction pressante de la Banque mondiale, entend remercier des milliers de soi-disant fonctionnaires qui sont autant d’éléments parasitaires. Et qui représentent un placement, au double sens du terme, pour nombre de formations politiques ou de leaderships locaux. Or cette surcharge entraîne pour le Trésor, donc pour le contribuable, une perte sèche qui alourdit son budget. Un déficit d’autant plus considérable qu’à bien y regarder, la présence de ce corps mort facilite d’une part les mécanismes de corruption et rend impossibles d’autre part toute réforme, toute modernisation de l’administration. Refonte sans laquelle, la Banque mondiale insiste également là-dessus, les mesures de relance économique seraient autant de coups d’épée dans l’eau. Partant de là, les actes de vandalisme commis à la MEA, les destructions de matériel, les coupures de courant, de téléphone et d’eau, les menaces de mort à l’encontre du PDG ne peuvent pas être réduits à un coup de chaleur estival. On n’est plus là dans la chronique des faits divers, mais bien dans une sorte de sédition politique, certains parlant même de soulèvement. Un peu paradoxalement, les responsables ont estimé que la préservation de la stabilité sécuritaire, également indispensable pour le traitement de la crise économique, leur impose de ne pas jeter de l’huile sur le feu. C’est pourquoi ordre a été donné aux forces régulières de ne pas faire respecter l’ordre, et la loi, comme il convient, de ne pas procéder à des arrestations malgré flagrant délit. Toujours est-il que les exactions commises coûteront beaucoup à la MEA en termes de réparation. Et les loyalistes se demandent à ce propos pourquoi des forces politiques qui participent elles-mêmes au pouvoir soutiennent un mouvement de pure nuisance. Car certains députés présents sur les lieux ne se sont pas contentés de se solidariser avec les contestataires, ils les ont ouvertement incités à se révolter, à fouler aux pieds les préavis de licenciement. Le sort de la compagnie n’a pas semblé retenir l’attention de ces parlementaires et de leurs partis. Ce qui permet de dire qu’ils ne se soucient pas non plus de la crise socio-économique dans laquelle le pays se débat et dont la MEA n’est qu’une image. Dans cet ordre d’esprit, le chef du gouvernement tient pour sa part à rappeler que le sauvetage est après tout l’affaire, et la responsabilité, de tous les Libanais. En d’autres termes, ceux qui contrent un tel effort se mettent au ban de la nation. Le président du Conseil, sans doute outré de voir des députés jouer les pyromanes, souligne ensuite que le gouvernement et la Chambre doivent travailler la main dans la main. Et que l’intérêt national leur commande de ne pas se chercher des crosses, comme de ne pas politiser les dossiers à caractère économique, comme la réforme administrative. Incidemment, M. Hariri souligne que le plan social vise à sauver la MEA de la faillite. Ajoutant que si elle devait déposer son bilan, le personnel n’aurait plus droit, selon le code du travail, qu’à un mois d’indemnités de licenciement. Et il répète qu’on ne peut ni compromettre l’avenir de la compagnie ni celui du plan de redressement économique. Le chef de l’État va encore plus loin : lors du dernier Conseil des ministres, il a fermement prié le gouvernement de ne pas fléchir et de faire appliquer les décisions prises, notamment en ce qui concerne la réforme administrative. Les décideurs ne sont pas loin non plus de cette optique. Ils ont de la sorte initié une rencontre de réconciliation jeudi entre le Hezbollah, M. Hariri et M. Walid Joumblatt.
La bombe MEA n’était pas vraiment prévue au programme. Les protestataires lancent en effet le bouchon bien plus loin que prévu. Ils ne se contentent pas d’actes séditieux, mais profèrent des menaces à l’encontre du personnel qui refuserait de suivre l’ordre de grève. La gravité de ce problème réside cependant dans la récupération politique du mouvement. Ce qui met...