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Actualités - INTERVIEWS

Fadi Raïdy - est-il vraiment SLCHI ?

Même «en civil» et lorsqu’il prend son air le plus sérieux, Fadi Raïdy est drôle. Un drôle de jeune homme qui aime rire, faire rire, mais également brosser les portraits de notre société et ses nombreuses caricatures. Son champ d’inspiration est vaste, juste là, devant ses yeux attentifs, la voisine, l’enfant gâté, le villageois, le politicien… Fadi Raïdy irrite ou amuse. Beaucoup. Il n’y a pas de demi-mesure. Son langage se veut populaire, son humour également. Et la majorité applaudit. Il ne peut d’ailleurs pas faire quelques pas dans la rue sans être rapidement abordé, «Bonjour Fadi ?», «Comment vas-tu Youssef ?», collecter salutations, sourires, complicités d’un passant qui en a déjà fait un ami pour la vie. «J’aime les gens, les observer, absorber des évènements, des caractères. Et surtout j’ai la grande chance de pouvoir m’exprimer». Ce qu’il fait chaque semaine et cela depuis 1995 dans l’émission SLCHI diffusée sur MTV. «L’émission avait déjà deux ans lorque je me suis joint à l’équipe. J’étais encore étudiant». Dans le civil, Fadi est… architecte d’intérieur. Difficile de le prendre au sérieux et pourtant, «au bout de cinq minutes, mon interlocuteur arrive à me séparer de mes personnages». Ses personnages sont nés progessivement, petite famille de cœur qui s’est imposée à lui presque naturellement, compagnons de route qui lui permettent de «m’amuser et amuser, ce que j’aime le plus au monde». Les voilà tous au rendez-vous fixé par leur créateur, ce matin. Impatients de s’exprimer, de se présenter, de plaisanter aussi, bien sûr. Rencontres d’un autre type La première arrivée, déjà installée une tasse de café au bout des lèvres qu’elle a grassement maquillées, et que l’on ne peut rater, c’est bien évidemment Fadia el-Cherraka. On ne la présente plus. Sa voix et son rire résonnent aujourd’hui dans toutes les radios, vedette d’une campagne publicitaire «à son image». Une vraie star. Elle scrute les consommatrices, critique coiffures, maquillage, garde-robe, entrecoupe ses remarques d’un rire si peu discret, le chewing-gum activement mastiqué. «Fadia est mon personnage préféré, précise Fadi, sans doute le plus facile à concevoir et interpréter. J’avais très vite perçu son âme, une cancanière jalouse et hypocrite, une vraie sorcière. Son apparence s’est construite petit à petit, j’y ai rajouté des détails, des ingrédients». Et la sauce a pris. Fadia, toujours très bavarde, est enfin interrompue par le passage d’un petit garçon en salopette et casquette, un sandwich à la main. Pipo nous aborde, essaie de nous vendre des gardénias, avant d’être repêché par sa mère, furieuse d’être ridiculisée «devant tout le monde». «Souvent pour rire, avec des amis, je faisais l’enfant. Pipo est un caractère difficile. C’est un gosse intelligent, bien plus mûr que son âge, négligé par sa mère – à laquelle il est très attaché – et qui est très occupée par sa petite personne. J’y ai mis tout ce que je n’aime pas dans l’éducation des enfants au Liban. J’avais présenté un premier sketch pour tester la réaction des gens. Il a plu. Nous avons continué». Et d’ajouter : «Je ne sais pas d’où me viennent les idées. Sans doute ma sensibilité en éveil qui retient tout. J’ai un grand dépôt d’idées ! Je pense à tous les détails en essayant, autant que possible, de ne froisser personne. Il y a bien sûr des gens qui aiment et d’autres qui n’apprécient pas, pour différentes raisons. Ils ne regardent pas l’émission, ne me comprennent pas, ont sans doute leurs propres problèmes ou tout simplement un autre sens de l’humour». Sur le trottoir d’en face, la voix particulièremenet élevée d’un villageois, apparemment de passage dans la capitale, se fait entendre. Les gens se retournent. «Oui, c’est moi, Youssef Kleykel. Je rentre des États-Unis où j’ai rencontré Georges. Tu sais, Georges Double you Bush». Et pendant qu’il poursuit son discours de voyageur imaginaire, Fadi précise : «Youssef était mon premier personnage. Ce monsieur, villageois du Kesrouan, ne possède aucune culture, aucune logique, avec un caractère sec mais intelligent. Il ne connaît pas de limites à ses mensonges». Youssef a même, et ceci n’est pas un mensonge, voyagé aux USA avec Fadi. «J’y ai loué une caméra et j’ai filmé quelques sketches». Parallèlement à la télévision, Fadi Raïdy a fait du théâtre avec «Les Diseurs» et du cinéma, Sl Film. La situation politique et sociale est également une importante source d’inspiration. Le «responsable», voisin de table dans ce café très fréquenté, en est l’exemple parfait. Cigare au poing, cravate et lunettes pour faire très sérieux, il parle, beaucoup, pour ne dire que très peu. «Ce n’est pas une création mais plutôt une parodie du politicien à la logique souvent tordue. Je préfère interpréter qu’imiter. Pourtant je le fais bien ! Chaque caractère doit transmettre un message, c’est pour moi une soupape très importante qui me repose. Parce qu’elle me permet d’exprimer toutes mes frustrations». Fadi Raïdy SLCHI ? D’apparence seulement. «Ma vie a beaucoup changé, la célébrité est agréable mais elle n’est pas essentielle, même si je devais être dérangé si on me l’enlevait. Le plus important ? De petites choses. Une maison, j’aime beaucoup les intérieurs, une personne, des moments de bonheur». À déguster seul ou à partager avec ses acolytes, de joyeux lurons toujours inspirés et des spectateurs, fidèles au poste, tous les jeudis soir.
Même «en civil» et lorsqu’il prend son air le plus sérieux, Fadi Raïdy est drôle. Un drôle de jeune homme qui aime rire, faire rire, mais également brosser les portraits de notre société et ses nombreuses caricatures. Son champ d’inspiration est vaste, juste là, devant ses yeux attentifs, la voisine, l’enfant gâté, le villageois, le politicien… Fadi Raïdy irrite ou amuse....