Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIES

LOISIRS - Une première au Moyen-Orient grâce au Liban - Symposium international à l’Usek sur la spéléologie

«Spéléologie 2001 au Moyen-Orient» (MES 2001) est le thème du congrès qui a regroupé deux jours durant une centaine de spéléologues à l’amphithéâtre de l’Usek. Professionnels ou amateurs, les membres des quatre clubs spéléologiques du Liban ont assisté aux conférences ; ils ont apporté leur savoir, leurs expériences et leurs recherches dans le domaine. L’idée du symposium est née au sein du Spéléo-Club du Liban, qui fête cette année son cinquantième anniversaire. Voulant rendre hommage au plus ancien club spéléologique du pays du Cèdre, ses responsables ont organisé ce congrès, le premier en son genre au Moyen-Orient. L’organisation de cet événement a nécessité la collaboration des membres des trois grands clubs spéléologiques : Spéléo-Club du Liban (SCL), Association libanaise pour les études spéléologiques ALES et Groupe d’études et de recherches souterraines au Liban GERSL. Cinq mois durant, ils ont tenu des réunions hebdomadaires afin de préparer les différents thèmes inscrits au programme du congrès. Leur travail a porté fruit puisque les sujets élaborés couvrent les différents aspects de la spéléologie ainsi que certaines des sciences qui lui sont auxiliaires. Le spéléo-secours, l’hydrogéologie et le karstique, l’environnement dans les grottes, spéléologie et explorations, ainsi que l’habitat troglodytique ont été les principaux axes des conférences. Vu qu’il est impossible de séparer spéléologie et photographie, et étant donné que les spéléologues sont souvent des photographes hors pair, une exposition, intitulée «Spélémédia», s’est tenue au cours du symposium. Cent cinquante photographies ont orné les murs des salles, sélectionnées pour illustrer les différents sujets abordés lors du congrès. Plusieurs de ces photographies sont splendides et révèlent la passion des spéléologues pour ce domaine. Ces derniers savent montrer l’unicité de chaque stalagmite et stalactite, éterniser les émotions et gestes, jouer sur les tonalités des couleurs pour faire vivre des «panoramas» souterrains. Et pour que l’animation soit maximale, les organisateurs du symposium ont effectué des sorties d’exploration sur le terrain. L’itinéraire suivi par les participants couvrait une grande partie de la montagne libanaise, allant du «jurd» de Nahr Ibrahim à celui du Batroun. Le circuit choisi illustre les différentes ères géologiques qu’a connues le Liban. Nouveaux contacts «Le projet initial de MES 2001 avait pour principal objectif de réunir des spéléologues libanais et étrangers dans un but d’échange et de mise à jour des nombreuses découvertes au Moyen-Orient», souligne M Joe Zogheib, président du comité organisateur du symposium. «D’ailleurs, les récentes découvertes de cavernes dans les milieux désertiques de cette région du monde intéressent énormément les scientifiques» poursuit-il. En effet, cet intérêt était clair lors de l’arrivée des spéléologues de France, Belgique, Allemagne, République tchèque, Italie, Japon, Arabie séoudite et même du Mexique. Les nouvelles explorations ont été largement traitées. Le groupe allemand a parlé de la grotte de Cater sur l’Euphrate en Syrie, et le groupe américo-séoudien a exposé l’état des lieux des cavernes du désert, alors que d’autres équipes parlaient des grottes en Turquie, Iran et Égypte. À part les découvertes, les discussions ont porté sur les différentes méthodes d’exploration ainsi que sur les études hydrogéologiques et karstiques utilisées par les spéléologues dans leurs pays respectifs. «Cet échange d’idées et de techniques d’explorations entre les spéléologues libanais et leurs collègues étrangers est certainement très fructueux pour améliorer encore plus les techniques utilisées au Liban», note M. Zogheib, qui poursuit en assurant que «ce symposium a permis à la jeune génération de spéléologues libanais de confirmer son haut niveau scientifique en intervenant dans les différentes disciplines inscrites au programme du congrès. Et leurs recherches et présentations permettent de créer de nouveaux liens à l’échelle mondiale». Thèmes variés La spéléologie a débuté il y a plus d’un siècle comme une passion pour l’exploration et la découverte, pour devenir très vite un sport extrême au profit de la science. En effet, elle aide énormément dans l’hydrogéologie puisque c’est l’eau qui creuse les grottes. Et ce sujet a été abordé en profondeur par le congrès : deux sessions lui ont été consacrées alors que les autres sessions étaient centrées sur la géomorphologie, la télédétection, la radiolocalisation à grande profondeur. Il est important de souligner que les explorateurs du souterrain mettent tout leur savoir à la disposition de l’État pour régler le problème de l’eau dans certaines localités. Ainsi, grâce à la découverte du gouffre Qattine Azar par le groupe spéléologique ALES, dix-sept villages du Metn seront approvisionnés en eau. Et faut-il rappeler que l’eau de la grotte de Jeïta alimente une grande partie de Beyrouth. Malheureusement, les cavernes n’ont pas échappé à la pollution. Même le sous-sol libanais est très contaminé par les déchets que l’on y jette et les égouts qui s’y déversent. Dans certains villages, les excavations servent de dépotoirs, alors que dans d’autres localités, les fosses septiques se vident dans les grottes. La pollution noircit les stalactites et stalagmites, les érode et modifie tout l’environnement karstique. La protection de ce milieu a été elle aussi discutée par les spécialistes qui illustrent la grande dégradation des roches. Mais il est évident que les démarches pour la protection du sous-sol libanais ne seront pas poursuivies par l’État. La spéléologie est un sport à risques. Pour minimiser le danger et assurer le maximum de sécurité aux équipes d’exploration, les clubs spéléologiques ont appris au cours des sessions les techniques du spéléo-secours. Désormais, ils peuvent assurer les premiers soins médicaux à n’importe quelle personne dans le sous-sol et sont même capables d’emmener à la surface de la terre, sur brancard, un blessé qui se trouve à six cents mètres de profondeur. Ces techniques de secours appliquées actuellement au Liban ont été présentées à l’occasion des conférences qui ont été clôturées sur un thème relatif au patrimoine. Il s’agit de l’archéologie dans les grottes, «sujet traité pour la première fois dans un tel symposium», a assuré dans son introduction M. Sami Karkabi, un des membres fondateurs du Spéléo-Club du Liban. L’archéologie dans les grottes est une facette encore mal connue de notre patrimoine, et pourtant, l’homme qui a habité le Liban a utilisé les excavations au cours de toutes les périodes préhistoriques et historiques. Sépulture, habitat, ermitage, abris fortifiés… Les cavernes ont toujours abrité et très bien conservé les vestiges de leurs occupants. Les études en ce domaine en sont encore à leurs balbutiements au Liban mais sont pleines de promesses, car ceux qui s’en occupent sont des archéologues-spéléologues. D’ailleurs, la plupart des spéléologues libanais sont des universitaires qui se spécialisent dans les sciences touchant au sous-sol. C’est leur recherche, leur travail continu, leur étude de ce milieu qui assurent sa sauvegarde pour les générations futures. Ces jeunes sont souvent guidés dans leur travail par les «bons conseils des anciens» et profitent du soutien des membres de leurs clubs. En effet, c’est la collaboration de toute l’équipe qui rend toute étude spéléologique fructueuse. Ce sport n’est nullement individuel, l’aide des collègues est aussi importante dans les sorties qu’au cours des recherches. La spéléologie est un travail de groupe réalisé par des passionnés.
«Spéléologie 2001 au Moyen-Orient» (MES 2001) est le thème du congrès qui a regroupé deux jours durant une centaine de spéléologues à l’amphithéâtre de l’Usek. Professionnels ou amateurs, les membres des quatre clubs spéléologiques du Liban ont assisté aux conférences ; ils ont apporté leur savoir, leurs expériences et leurs recherches dans le domaine. L’idée du symposium...