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Actualités - REPORTAGES

L’imprimerie au Liban

L’apparition de l’imprimerie au Liban doit beaucoup à l’activité des monastères où se conservait l’écriture syriaque face à la montée de l’arabe dialectal. Les textes saints traduits en langue arabe continuaient d’y être écrits en caractères syriaques, en «karshouni». C’est donc dans un monastère, celui de Saint-Antoine de Kozhaya dans la vallée de la Qadisha, qu’aurait été édité en 1585 le premier livre imprimé au Liban, sous l’impulsion du patriarche Sarkis al-Rizzi. L’ouvrage, un psautier en «karshouni» qui semble malheureusement avoir disparu, est décrit dans le catalogue de la Bibliothèque médicéenne. Un second psautier fut publié quelques années plus tard, en 1610, dans ce même monastère où il est aujourd’hui conservé. Le premier livre en caractères arabes imprimé au Liban date de 1733 – 34. Le Mizan az-zaman (la balance du temps) sort de l’imprimerie al-Zakher au couvent Saint-Jean Baptiste appelé el-Choueir. On ne sait si, comme le veut la tradition, la presse et le matériel typographique de el-Choueir furent envoyés par le voïvode de Valachie Constantin Brancovan de Bucarest ou si les caractères typographiques furent fabriqués en grande partie à Alep. Le père jésuite Fromage signale dans une lettre que «l’imprimerie est déjà là (janvier 1726) et qu’il est occupé à en monter les pièces». Il va travailler en étroite collaboration avec Abdallah Zakher (1684 – 1748), fin linguiste arabe ayant étudié à Alep avec cheikh Souleyman al-Halabi al-Nahawi, qui s’installe à el-Choueir en 1731. La création de l’imprimerie de Choueir répondait au nombre grandissant de chrétiens arabophones. La diffusion de sa production essentiellement liturgique se faisait surtout à Alep, où les communautés melkite et maronite étaient depuis longtemps arabisées. En 1752, la première imprimerie privée voit le jour à Beyrouth ; il s’agit de l’imprimerie Saint-Georges. Au début du XIXe siècle apparaissent les premiers livres de lecture et de grammaire. Des missionnaires américains avaient fondé à Malte une imprimerie arabe dont ils confièrent la direction à un lettré libanais d’origine maronite converti à l’islam Ahmad Farès al-Chidiac. L’imprimerie de Malte fut transférée à Beyrouth (en 1834) lors de la création du «Syrian Protestant Collège». La mission américaine s’attela à la traduction et à l’impression de la Bible en arabe avec les pionniers tels que Cornelius van Dyck, al-Muallem Boutros al-Boustany et le cheikh Yusuf al-Asir. Les jésuites installèrent à Beyrouth «l’imprimerie catholique» (1848) gérée plus tard par l’Université Saint-Joseph. L’imprimerie des jésuites se consacra aux études linguistiques : grammaire, chrestomathies et dictionnaires en plusieurs langues. Elle crée la revue al-Mashriq en 1898. La rivalité entre l’Université américaine et l’Université Saint-Joseph était encouragée par les Libanais. Les deux grandes imprimeries, catholique et protestante, dominées par un souci missionnaire laissaient un vide dans le domaine laïc qui fut comblé par la fondation d’imprimeries indépendantes surtout autour de la presse. L’évolution qui s’est produite principalement dans la population chrétienne ouverte aux langues et à la culture de l’Occident va faire naître un mouvement de traduction et de compilation allant des manuels aux encyclopédies. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les imprimeries sont légion à Beyrouth et dans la montagne libanaise, alors même que prolifèrent revues et journaux européens, surtout français. La presse va connaître au Liban un développement spectaculaire. La presse arabe, d’abord culturelle, se développa et se politisa petit à petit. Portée par le vent de liberté qui soufflait en Europe orientale contre l’oppression turque, la presse libanaise se fit le champion de la lutte de l’arabité contre la turquisation. Khalil el-Khoury fonde en 1858 le premier quotidien arabe comportant à la fois des nouvelles, des commentaires et des articles de fons : Hadiqat al-Akhbar (Jardin des nouvelles). À côté des journaux apparaissent des périodiques. Le Liban fut le premier pays arabe à éditer des revues dans le sens moderne du terme. La première, la revue bimensuelle al-Ginan, fut créée en 1870 par Boustros, en 1876 fut édité al-Muqtataf par les docteurs Yacouf Sarruf et Faris Nemer (transféré ensuite en Égypte) et en 1878, al-Tabib du docteur Post, revue dirigée durant une année (1884 – 85) par Ibrahim al-Yazigi. Vers la fin du siècle, on comptait rien moins que vingt et un journaux et quarante-quatre revues à Beyrouth. En Égypte, mais aussi à Paris, Nicosie, Cagliari, en Sardaigne, aux Etats-Unis et Amérique du Sud, les Libanais seront la cheville ouvrière du journalisme arabe. H. B. «Liban, l’autre rive».
L’apparition de l’imprimerie au Liban doit beaucoup à l’activité des monastères où se conservait l’écriture syriaque face à la montée de l’arabe dialectal. Les textes saints traduits en langue arabe continuaient d’y être écrits en caractères syriaques, en «karshouni». C’est donc dans un monastère, celui de Saint-Antoine de Kozhaya dans la vallée de la...