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Actualités - CHRONOLOGIES

RELIGION - « Fêter Pâques en commun ne devrait plus être l’exception, mais la règle », affirme le colloque œcuménique d’Alep (1997) - Deux calendriers pour une seule Église

Le fait pour les catholiques et les orthodoxes de fêter Pâques le même jour est un beau cadeau pour le début du nouveau millénaire. On a assisté, à l’occasion de la fête des Rameaux, à des explosions de joie lors de processions communes organisées par des paroisses catholiques et orthodoxes voisines. Pour quelle raison cette joie ne pourrait-elle être retrouvée tous les ans ? Qu’est-ce qui empêche les chrétiens de par le monde de fêter Pâques en commun ? Un document du Conseil œucuménique des Églises (COE) jette un éclairage objectif sur cette question. Nous en reproduisons ici de larges extraits. «La foi commune en la Résurrection unit les chrétiens d’Orient et d’Occident ; souvent, cependant, les dates différentes auxquelles ils célèbrent Pâques les séparent. La raison de cette différence tient au fait qu’ils suivent deux calendriers différents : le calendrier grégorien, qui remonte au XVIe siècle, principalement utilisé par les Églises occidentales, et le calendrier julien, plus ancien, qui sert de base avant tout aux Églises orthodoxes pour fixer la date de Pâques. À l’heure actuelle, le calendrier julien a treize jours de différence avec le calendrier grégorien ; en 2100, la différence sera de 14 jours. «Dans les régions où les chrétiens des traditions d’Orient et d’Occident se côtoient tous les jours, cette situation de différence est ressentie comme particulièrement douloureuse. Le colloque tenu à Alep (Syrie) en mars 1997 sous les auspices du Conseil œcuménique des Églises (COE) et du Conseil des Églises du Moyen-Orient (CEMO) dans le but de progresser vers l’établissement d’une date commune de Pâques constitue sans nul doute un jalon marquant dans les efforts faits pour aplanir les obstacles existants. Dans ce contexte, il est important qu’on ait reconnu que les différences dans les méthodes de calcul de la date de Pâques n’étaient pas dues à des divergences théologiques fondamentales. Pour le colloque d’Alep , le principe est le suivant : “Fêter Pâques à la même date ne devrait plus être l’exception, mais la règle”. «Le colloque a avancé une proposition concrète en vue de parvenir à une date commune de Pâques. Ainsi, on devrait s’en tenir à la méthode de calcul reconnue par les Églises d’Orient et d’Occident, fixée par le Concile de Nicée en 325. Selon cette méthode, on fête Pâques le dimanche qui suit la première pleine lune de printemps. Toujours, selon ces recommandations, on devrait calculer les données astronomiques relatives à l’équinoxe de printemps “par les moyens scientifiques les plus exacts possibles”. Pour cela, on prendra comme base de calcul “le méridien de Jérusalem, lieu de la mort et de la résurrection de Jésus”. Mais cela signifie un changement tant pour l’Orient que pour l’Occident, puisque les deux calendriers sont imprécis du point de vue astronomique. Pour les Églises qui utilisent le calendrier grégorien, un écart de date interviendrait pour la première fois en 2019 : sur la base du calcul purement scientifique, Pâques tomberait alors le 24 mars, alors que le calendrier grégorien fixerait la date au 21 avril et le julien au 28 avril. «Le problème de la proposition du colloque d’Alep, c’est qu’elle entraîne un changement plus considérable pour les Églises qui utilisent le calendrier julien, étant donné que le grégorien est déjà beaucoup plus proche de la constellation astronomique exacte. «Tout changement implique des problèmes pratiques, mais la situation se complique par le fait que, dans l’esprit de certains orthodoxes, le calendrier est si étroitement lié à la tradition que tout changement est impensable. Bien que la proposition d’Alep ait été formulée dans le cadre d’une réunion panorthodoxe, le fait qu’elle n’entraîne que peu de changement pour les Églises occidentales donne l’impression, à première vue, qu’elle revient à adopter le calendrier grégorien. C’est pourquoi les Églises orthodoxes ont affirmé très clairement qu’elles auraient besoin de beaucoup de temps pour préparer leurs fidèles à accepter cette modification. «Il apparaît donc que bien que la question de la date de Pâques soit purement pratique, dans la situation actuelle, certaines Églises ne peuvent pas envisager de changement sans courir le risque d’un schisme. «Il faut donc que les personnes participant à cette discussion fassent preuve de beaucoup de patience. Il semble pourtant que les vingt années à venir offrent une chance de poursuivre les efforts de rapprochement, puisque au cours de cette période les deux dates de Pâques coïncideront à six reprises, soit en 2004, 2007, 2010, 2011, 2014 et 2017. Les Églises ne pourraient-elles pas y voir le signe favorable à l’adoption d’une date commune? Si la proposition mentionnée plus haut n’est pas applicable, ne pourrait-on pas envisager des solutions régionales? «Les Églises occidentales ne pourraient-elles pas, comme on l’a suggéré, accepter, au nom de l’unité, la date du calendrier julien? «De nombreuses Églises, tant occidentales qu’orthodoxes orientales non chalcédoniennes se sont déclaré disposées à accepter la proposition susmentionnée, pour autant que toutes les autres l’acceptent aussi. Les Églises occidentales ont ainsi fait un pas en direction des orthodoxes en acceptant de maintenir l’ancienne règle, tandis que lors de discussions antérieures elles avaient évoqué une troisième voie – ce qui serait revenu à adopter une troisième date – consistant à fixer Pâques sur un dimanche d’avril, toujours le même. «On voit ainsi que les attitudes changent et que les Églises peuvent se rapprocher les unes des autres. C’est pourquoi, il faut poursuivre la discussion sur la date de Pâques, en continuant à espérer trouver une solution».
Le fait pour les catholiques et les orthodoxes de fêter Pâques le même jour est un beau cadeau pour le début du nouveau millénaire. On a assisté, à l’occasion de la fête des Rameaux, à des explosions de joie lors de processions communes organisées par des paroisses catholiques et orthodoxes voisines. Pour quelle raison cette joie ne pourrait-elle être retrouvée tous les...