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Actualités - OPINIONS

Le silence des agneaux

Israël et la Syrie gangrènent depuis plus de vingt ans le Liban. Le premier est parti, certes, et le seul souhait est que plus jamais il ne revienne. La seconde est encore là. Plus que jamais. Un pacte national, à l’image de celui de 1943, un pacte national pour une nouvelle indépendance, est aujourd’hui vital. Nécessaire et vital. Pour que les mots Liban – et surtout Libanais – continuent d’avoir un minimum de sens. Quels sont les deux, les trois, les six, les dix hommes ou femmes capables ici et maintenant de sortir le Liban de la fange dans laquelle il s’enlise ? Capables, contre vents et marées, capables, malgré les diktats régionaux, malgré les collusions certaines entre deux capitales moyen-orientales que tout oppose – sauf la conception de leurs intérêts, qu’ils calculent naturellement, essentiellement, sur le dos du Liban – malgré les diktats internationaux, capables donc de taire les haines, de taire, enfin, les incitations au crime confessionnel ? Capables ici et maintenant de faire oublier aux musulmans leurs complexes et leurs frustrations d’hier, aux chrétiens ceux qui sont, aujourd’hui, les leurs ? Capables de jeter aux oubliettes de l’Histoire tout ce qui ressemblerait de près ou de loin à une troïka ? Capables en mobilisant les rues, les diasporas, les opinions publiques de refaire, n’en déplaise à tous ceux qui n’ont que realpolitik en bouche ou la résignation comme seule hygiène de vie, du Liban une nation, alors qu’il n’est même plus un pays, encore moins un État ? Capables d’expliquer aux esprits obtus, aux foules rageuses qu’au Liban, les concepts de majorité ou de minorité n’existent pas, n’existeront jamais, n’ont pas à exister, qu’au Liban, une seule voie est possible : le consensus ? Capables ici et maintenant de sauver ce qui reste à sauver et de commencer à rebâtir, à redonner à un peuple la seule chose qu’il demande, des dollars, sauver et rebâtir en expliquant à tous ceux qui ont décidé de ne rien comprendre que ce consensus, en 2001 comme en 1943, reste l’indépendance, la souveraineté, la décision libre – avec un petit plus, un détail qui compte : les indispensables bienfaits de deux ambassades, l’une à Damas, l’autre à Beyrouth. Qui ? Les dix hommes de 1943 seraient sans doute fiers d’avoir des héritiers. Dont la mission aujourd’hui est infiniment plus difficile que ne l’était la leur, il y a 58 ans. Aujourd’hui, leur mission est de (re)faire – à partir de ce qui est devenu un néant – un pays, un État, une nation. Qu’ils se réveillent donc, et prennent la seule décision possible : l’indépendance. Pour que les Libanais ne finissent pas, en silence, égorgés sur un quelconque autel.
Israël et la Syrie gangrènent depuis plus de vingt ans le Liban. Le premier est parti, certes, et le seul souhait est que plus jamais il ne revienne. La seconde est encore là. Plus que jamais. Un pacte national, à l’image de celui de 1943, un pacte national pour une nouvelle indépendance, est aujourd’hui vital. Nécessaire et vital. Pour que les mots Liban – et surtout...