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Actualités - CHRONOLOGIES

CORRESPONDANCE - L’histoire des pandas aux USA - Une affaire de femme, - puis une affaire d’État

WASHINGTON - Irène MOSALLI Tian-Tian et Mei-Xieng viennent d’être accueillis en grande pompe à Washington, malgré les relations actuellement tendues entre la Chine et les USA. Ces deux visiteurs, venant en droite ligne du pays du Soleil levant, sont des hôtes précieux. Et pour cause, ils appartiennent à une espèce en voie de disparition : les pandas géants. La Chine les a prêtés pour une période de dix ans au zoo de Washington pour la somme de 10 millions de dollars, une somme qui ira à la Société de conservation de la faune. Le zoo de Washington avait eu jusqu’à là une paire de pandas géants offerts par la Chine au président Richard Nixon lors de son voyage dans ce pays, en 1972. Ils avaient été nommés Hsing Hsing (le mâle) et Ling Ling (la femelle). Chaque épisode de leur vie (maladies, accouplement, naissance de leurs rejetons, dont aucun n’a survécu) avait fait la une des journaux américains car il s’agit là d’une espèce rare et difficile à conserver hors de son habitat naturel et à la constitution complexe. Tian-Tian et Mei-Xieng à Washington En effet, les pandas sont aujourd’hui classés comme des ours, alors qu’ils avaient été longtemps considérés comme appartenant à la famille des ratons laveurs. Ils ont le même système digestif que les carnivores, mais ne se nourrissent que d’herbes, en particulier de bambou. Leur temps d’accouplement étant réduit, ils se reproduisent peu. Sans compter qu’à travers les ans, les chasseurs ne les ont pas épargnés. Il n’en reste plus que 1 100 dans le monde dont 125 en captivité. Le zoo de Washington en possède deux,Tian-Tian et Mei-Xieng, et ceux de San Diego et d’Atlanta, respectivement trois et deux. Bien avant que les pandas géants ne deviennent une affaire d’État, une Américaine nommée Ruth Harkness avait ramené elle-même deux de ces animaux dans les années 40. On ressort à nouveau un ouvrage contant son aventure et en été doit sortir un film spectaculaire (pour écran Imax) qui lui est consacré et qui est intitulé Chine : l’aventure panda. Il y a plus d’un demi-siècle donc (quand il n’était pas question d’environnement ni de conservation de la nature), l’exploit de Ruth Harkness tenait de la pure fantaisie et d’un goût pour l’exotisme. Que pouvait-on penser d’autre à l’époque de cette femme appartenant à la crème de la crème new-yorkaise qui avait l’habitude d’aller de cocktail en dîner, de gala en bal ? Un beau jour, on la voit troquer ses tenues sophistiquées contre des vêtements d’explorateur afin de prendre le relais de son mari, William Harkness, parti en Chine à la recherche des pandas et décédé sur place des suites d’un cancer. À l’époque, il était de bon ton de ramener les animaux vivants (ce que faisait le fils du président Théodore Roosevelt), et non de les tuer. La jeune femme suit ce courant et se rend en Chine en avril 1936. Là, elle fait équipe avec un homme élégant et cultivé du pays qui avait opté pour un nom occidental, Quentin Young. Accompagnés de plusieurs «coolies», ils traversent la rivière Yangtzé puis font 5 000 kilomètres à pied pour atteindre leur but. Une New-Yorkaise et son panda en 1936 Un soir de novembre, ils trouvent sur un arbre un bébé panda qui venait de naître et qui pesait 1,5 kg. Ruth Harkness, qui avait pris soin d’emmener avec elle des biberons, prend le petit animal à sa charge et arrive à le ramener sain et sauf aux États-Unis. Une performance quand on connaît les difficultés que l’on a actuellement à faire survivre les pandas en captivité. Elle nourrissait le sien d’un mélange de lait, de sirop et d’huile de foie de morue. Une formule qu’elle avait mise elle-même au point et qui a la même teneur en gras et en glucose que celle développée aujourd’hui par les scientifiques. L’Amérique acclame son exploit. Cependant, elle devra attendre un an avant qu’un zoo (celui de Chicago) ne prenne son panda qui entre-temps vivait dans son appartement new-yorkais. Nullement découragée, elle reprend le chemin de la Chine et en ramène un second. De retour, elle écrit des livres dont The lady and the panda, tombe dans l’oubli et meurt le 19 juillet 1947. Elle aura été la première à avoir fait connaître cet animal unique en son genre à l’Amérique. Plus qu’une exploratrice de grand style, comme on aimait à la qualifier, elle avait ressenti, avant la vague écologiste, la nécessité de préserver la faune. Un geste devenu par la suite toute une science planifiée et calculée qui néanmoins n’a pas empêché que l’on rende aujourd’hui à Ruth Harkness son dû.
WASHINGTON - Irène MOSALLI Tian-Tian et Mei-Xieng viennent d’être accueillis en grande pompe à Washington, malgré les relations actuellement tendues entre la Chine et les USA. Ces deux visiteurs, venant en droite ligne du pays du Soleil levant, sont des hôtes précieux. Et pour cause, ils appartiennent à une espèce en voie de disparition : les pandas géants. La Chine les a...