Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINIONS

Tribune - Deux incompatibilités : productivité et festivités

«Quand un pays est aux prises avec des problèmes financiers et socio-économiques, il est inadmissible que le fonctionnaire ne travaille que 32 heures par semaine». Qui a dit cela ? Le ministre des Finances. Lui-même, le 8 mars. C’était au lendemain des 5 jours de festivités, où le pays était comme en état d’hibernation. Il a donc tapé du poing et lancé son avertissement. En effet, la sous-production des services de l’État et des établissements publics a atteint la cote d’alerte. Où allons-nous ? Revenons aux chiffres : Dans les années 1970-1975, le Liban comptait 27 jours de chômage officiel, tandis que la France n’en avait que 10… (1er janvier, 1er mai Travail, 6 mai Martyrs, 31 décembre évacuation troupes étr., 1er moharram, 10 Moharram-Achoura, 1er Shawal-Fitr 4 jours, 10 zoul hijjat-Adha 4 jours, 9 février St-Maron, Vendredi-Saint, Lundi de Pâques, Ascension 15 août, 1er novembre Toussaint, 25 décembre Noël). Ajouter à ces 27 jours, 21 jours de congé payé, plus les 52 dimanches de l’année, et l’on arrive à 100 jours. Ainsi, sur les 365 jours de l’année, le salarié se repose 100 jours et travaille 265, cela en supposant qu’il accomplit sa tâche avec conscience, sans exploiter les congés de santé avec maladie fictive. Lorsque le gouvernement du président Élias Sarkis a pris la situation en main fin 1976 (la fameuse «guerre des 2 Ans»), il a décidé dès la première réunion du cabinet de réduire les journées de chômage à 3 pour les fêtes nationales (Jour de l’An, fête du Travail 1er mai et 22 novembre Indépendance), 6 pour les fêtes chrétiennes et 6 pour les fêtes musulmanes (le 6 mai fête des Martyrs étant célébré le dimanche suivant, pour ne pas chômer 2 jours la même semaine). Le premier communiqué de ce cabinet est daté du 2/1/77 sanctionné par le décret n° 35 du 21/2/77 (J.O. n° 6 du 31/3/77). Cette décision fut strictement observée pendant 7 années malgré l’ampleur de la tourmente. Puis, sans qu’on sache pourquoi, elle fut suspendue en 1984 avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement Rachid Karamé. Et ce fut le laisser-aller qui a perduré jusqu’aujourd’hui. D’un autre point de vue, pour savoir combien ce laxisme coûte au pays, une étude avait été faite en 1973 par des particuliers «avec les moyens du bord» : Un simple calcul «d’épicier» à la portée du premier venu a donné les chiffres minima suivants : 28 000 fonctionnaires au salaire moyen de 350 LL par mois (allant des plantons jusqu’aux ministres, ambassadeurs, techniciens cumulant toutes sortes d’indemnités, etc.) dont environ 10 000 instituteurs. Plus, employés de banque, services autonomes, ports et autres administrations contraintes de chômer avec l’État : grosso modo 5 000 au salaire moyen de 450 livres (en y comprenant les diverses prestations sociales). En calculant les salaires globaux annuels divisés par 300 jours ouvrables (tenant compte des 52 dimanches) pour les 18 000 fonctionnaires et les 5 000 employés; et 200 jours ouvrables pour les 10 000 instituteurs (qui ont, en prime, les 3 mois d’été, plus Noël et Pâques), on a les résultats suivants : par an par journée 18 000 fonctionnaires LL75 600 000 252 000 10 000 instituteurs 42 000 000 210 000 5 000 employés 27 000 000 90 000 Soit, coût total moyen d’une seule journée de chômage : LL 552 000. En tenant compte du cours de la livre en 1973, soit 2,75 pour 1 dollar, on obtient aisément $ 200 000, et en considérant que le pouvoir d’achat du dollar de 1973 était d’au moins 10 fois supérieur à celui de l’an 2000, on arrive au chiffre réel, aujourd’hui, de «deux millions de dollars, le coût de la perte pour le pays d’une seule journée de travail» (en concédant que la boulimie de l’État n’a pas bousculé l’austérité des années 70...). Conclusion : «Maintenant que le gouvernement entreprend des compressions douloureuses pour arrêter la dérive et remonter le ravin, mesures qui feront inévitablement des mécontents, il doit mobiliser toutes ses énergies pour braver les opposants et exécuter les réformes salutaires. Or, la seule mesure à laquelle aucun citoyen se prétendant de bonne foi ne peut trouver à redire est l’application du décret Élias Sarkis mentionné plus haut, qui ferait faire des économies non négligeables : le gouvernement, d’un seul trait de plume, peut la remettre en vigueur».
«Quand un pays est aux prises avec des problèmes financiers et socio-économiques, il est inadmissible que le fonctionnaire ne travaille que 32 heures par semaine». Qui a dit cela ? Le ministre des Finances. Lui-même, le 8 mars. C’était au lendemain des 5 jours de festivités, où le pays était comme en état d’hibernation. Il a donc tapé du poing et lancé son...