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Actualités - BIOGRAPHIES

DANSE - Une grande patience pour enseigner, « mais il n’y a pas de cas désespérés » - À l’école de Nay Lahoud Merheb, l’Orient-folklore des traditions

Nay Lahoud Merheb est la plus jeune sœur de Roméo Lahoud, et comme un peu tout le monde dans sa famille, elle a travaillé avec son frère pendant un certain temps, sur scène, mais surtout comme danseuse dans sa troupe folklorique. C’est là qu’elle rencontre Alain Merheb, qui deviendra son mari. Ensemble, ils seront les chorégraphes de la troupe, puis ouvriront leur propre école de danse, dabké et danse orientale. Mais avec la guerre, cette école ferme ses portes, et Nay Lahoud Merheb s’associe avec sa sœur Papou dans le stylisme et la mode. Costumes de théâtre, prêt-à-porter, haute couture… Aujourd’hui, deux enfants et bien des années plus tard, elle retourne à ses premiers amours, la danse. À partir du premier février, elle donnera des cours de danse orientale chez «Tamareen», rue Abdel Wahab al-Inglizi. Nay Lahoud se souvient bien de ses débuts dans la danse. «J’ai commencé très jeune, à 14 ans. Comme j’allais à l’école, ce n’est que l’été que j’avais la permission de danser. À cette époque, mon frère Roméo participait souvent au Festival Baalbeck et c’est là que j’ai fait mes premiers pas sur scène, en 1968. On peut donc dire que je suis entrée dans la danse par la grande porte», dit-elle dans un sourire. N’ayant jamais considéré le théâtre et la danse comme sa future carrière, elle n’a jamais travaillé dans ce domaine avec d’autres que Roméo Lahoud. «Cela a toujours été un hobby pour moi. Mon métier, c’est la mode et les vêtements». Cela ne l’a pas empêchée toutefois de fonder une école de danse, avec son mari, L’École d’Alain et Nay Merheb, à Achrafieh, où l’on pouvait apprendre la dabké et la danse orientale. «La danse orientale telle que je la danse n’est pas la danse du ventre, précise Nay Merheb. Ce n’est pas non plus une danse de caractère ou du ballet moderne. La base est vraiment orientale, et s’inspire bien sûr de la danse du ventre, mais en moins “provoquant”, avec une touche de stylisation». L’École avait d’abord très bien fonctionné, mais au gré des bombardements. En ce temps-là, Beyrouth n’était pas divisée en «est» et «ouest» et les Merheb recevaient des «élèves» venant de différents coins de la capitale. Mais au plus fort des événements, le projet a dû être abandonné. «J’ai ensuite été très prise par le travail avec Papou et par mes enfants, et je dois aussi avouer que j’ai été un peu paresseuse, mais à aucun moment je n’ai abandonné l’idée de reprendre la danse». Et c’est en discutant avec une amie de classe, Samia Hachem Bitar, propriétaire – avec sa sœur Ghada Hachem – du centre sportif «Tamareen» qu’elle décide de se remettre à la danse, et aux cours de danse orientale notamment vu que la dabké ne semble pas avoir d’amateurs. Mémoire visuelle et patience Nay Lahoud Merheb a toujours été une grande admiratrice de la «grande» Nadia Jamal, qui a souvent travaillé avec Roméo Lahoud. «J’ai une mémoire visuelle extraordinaire. Toute petite déjà, j’observais le moindre de ses gestes et elle a donc été pour moi une véritable école, visuellement. Et lorsque j’ai commencé à danser moi-même, j’ai pu expérimenter tout cela». Le cours de Mme Merheb s’adresse à toutes celles qui aiment la danse orientale, mais pas aux petites filles. «Je trouve que ce n’est pas joli, que l’on doit avoir au moins un début d’allure de femme pour que cela ne choque pas». Les hommes non plus ne sont pas les bienvenus, la danse orientale restant quand même un genre artistique féminin. Faut-il avoir quelques notions pour s’inscrire aux cours ? «Pas du tout. Je dirais même qu’il est parfois préférable de n’avoir aucune notion, car certaines habitudes – mal – prises sont très dures à corriger». Ayant été chorégraphe de troupe, elle sait qu’elle possède cette grande patience dont on a besoin pour enseigner. «Il n’y a pas de cas désespérés, affirme-t-elle. Il y a celles qui finissent par donner un très bon rendement, d’autres qui s’arrêtent à un certain niveau. Et cela dépend beaucoup de la patience du professeur». À partir du 1er février 2001 donc, Nay Merheb accueillera ses élèves chez «Tamareen». Ils seront divisés en deux groupes, avant-midi ou après-midi, et suivrons deux cours par semaine. Les leçons s’étendront sur toute l’année, avec un temps d’interruption en été. «Chacun est libre de s’arrêter lorsqu’il le désire», insiste Nay Merheb, soulignant que la première période d’essai sera révélatrice. Le clan Lahoud, la tribu Lahoud…Appartenir à une famille d’artistes est «très agréable. Nous nous comprenons à demi-mots, nous nous complétons et nous sommes très liés. Toutefois, la chose a été un peu exagérée et beaucoup ont pensé que nous étions des exclusivités les uns pour les autres, ce qui n’est pas vrai». Et la jeune génération ? «Pour notre part, mon mari et moi n’avons jamais essayé de diriger nos enfants vers l’art. Mais il y a un atavisme dont on ne peut pas sortir. Mon mari étant originaire de Aakoura, qui est resté un vrai village comme on les aime, nous y passions nos étés et nos enfants y ont appris la dabké, seuls. Et aujourd’hui, notre fils aîné a choisi de se spécialiser en “Sonic Art”, autrement dit tout ce qui se rapporte au génie du son. À part cela, on retrouve effectivement chez tous les enfants de la famille des tendances artistiques. Ils – ou elles – ont en général de belles voix, et beaucoup d’oreille musicale». Un vieux rêve dont elle continue de souhaiter la réalisation : que l’État libanais fonde un centre ou une académie nationale des «affaires» folkloriques, pour préserver les traditions. «Tous les pays du monde ont leur folklore qu’ils essayent de garder vivant, même s’ils le modernisent parfois. Nous avons des milliers d’années d’histoire et de coutumes derrière nous, et il est très important d’en garder quelque chose. Nos jeunes ne savent pas ce qu’est la dabké, et c’est vraiment dommage. Ce qu’ils voient parfois aujourd’hui n’a rien à voir avec la vraie dabké». Dans ce centre ou cette académie, il n’y aurait pas que la danse, mais beaucoup d’autres choses. On apprendrait par exemple comment s’habillaient nos ancêtres, quels étaient leurs habitudes et usages. Finalement, le Liban est un pays touristique et c’est de cela qu’il est censé vivre. Malheureusement, les gens sont occupés à faire autre chose, de la politique…
Nay Lahoud Merheb est la plus jeune sœur de Roméo Lahoud, et comme un peu tout le monde dans sa famille, elle a travaillé avec son frère pendant un certain temps, sur scène, mais surtout comme danseuse dans sa troupe folklorique. C’est là qu’elle rencontre Alain Merheb, qui deviendra son mari. Ensemble, ils seront les chorégraphes de la troupe, puis ouvriront leur propre...