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Actualités - REPORTAGES

CONSOMMATION - Le problème réside dans le manque de fourrages verts pour l’alimentation des vaches - Le secteur privé assure 30 % des besoins - du pays en produits laitiers

À partir des années 90, le Liban a commencé à explorer les possibilités de développer son industrie laitière. Celle-ci a, depuis, rapidement évolué et le secteur privé produit au stade actuel près de 30 % des besoins du pays en produits laitiers. Mais le problème réside dans le manque de fourrages verts pour l’alimentation des vaches. Cette faille accroît le coût de production et pousse les industriels de produits laitiers à chercher en dehors du pays leurs besoins de matières premières. Durant toute la période de la guerre du Liban (1975-1990), le cheptel bovin, ovin et caprin était en régression permanente. Au début des années 90, le cheptel bovin a repris son volume d’avant-guerre avec une nette amélioration génétique et une augmentation de la production laitière. Le dernier recensement datant de 1997 estime le volume du cheptel bovin à 85 000 têtes dont 55 000 vaches laitières. 10 % de ces vaches sont de race pure (Holstein-Frisonne pie noire) importées de Hollande, d’Allemagne et de France. Elles sont dotées de certificats sanitaires et le reste est composé de races croisées (local + Holstein-Frisonne). L’élevage traditionnel extensif commence à céder sa place aux dizaines d’élevages intensifs qui ont adopté de nouvelles techniques de transformation alimentaire pour satisfaire les besoins du marché local. Mais le manque de fourrages verts reste un facteur limitatif dans la production locale, puisque le pays est annuellement privé de pâturages entre mai et octobre. Les vaches sont alors nourries à la ferme à partir d’une production locale de luzerne, trèfle d’Alexandrie ou maïs vert et de différents types de pailles hachées, sous-produit des céréales et des légumineuses. La plus grande partie de l’alimentation – les concentrés – est principalement importée d’Europe. Dans ces conditions, les rendements en lait pour chaque vache sont relativement bas : près de 4 000 kilogrammes par an. Il en résulte que le coût de production est élevé par rapport à celui de la Syrie qui possède un avantage certain dû aux vastes pâturages et à une main-d’oeuvre beaucoup moins chère. Les industries de fromages et de produits dérivés établies au Liban n’hésitent pas à profiter de cette situation pour alimenter leurs stocks en produits bruts en provenance des pays voisins. «Il faudra subventionner le secteur laitier à travers l’étude du coût de production et le prix de vente comme c’est le cas en Europe. Là-bas, le prix est subventionné par le contribuable», explique Mansour Kassab, directeur des Ressources animales au ministère de l’Agriculture. M. Kassab considère le problème du point de vue socio-économique puisque 35 000 Libanais travaillent dans le secteur intégré de l’agriculture en général. Il rappelle que le ministère a augmenté les taxes sur le lait importé pour encourager la production locale. «Si on importe le produit brut et on le transforme en produit dérivé, il reviendra 10 % moins», ajoute M. Kassab. En fait, le coût de production d’un kilogramme de lait s’élève à 450 LL au Liban dépassant de loin la moyenne de 309 LL en Europe. Pour encourager la production individuelle des fermiers de la Békaa, le ministère de l’Agriculture a créé un centre pour rassembler et commercialiser le lait dans le cadre du projet de ravitaillement de la production animale. Sa création a été financée par l’Ifad (International Fund for Agricultural Development), l’OPEC et le ministère de l’Agriculture mais la plus grande contribution, atteignant 21 millions LL vient des éleveurs de vaches laitières dans la Békaa. Outre les services et les conseils offerts aux agriculteurs, le centre de Bar Élias (établi en 1994) accueille aujourd’hui environ 7 tonnes de lait frais par jour, taux inférieur à sa capacité d’intégration : 15 à 20 tonnes en une seule fois. Ce chiffre peut atteindre 13 tonnes en période de lactation des vaches. Le centre avait importé durant les 4 dernières années 1600 vaches de moins de 30 mois en provenance de la France et des Pays-Bas. Celles-ci ont été distribuées aux éleveurs qui ont signé des accords avec la coopérative de la Békaa. La coopérative se charge d’acheter le lait des agriculteurs et de le remettre au centre de Bar Élias. Des analyses physicologiques et bactériologiques sont effectuées au centre pour s’assurer de la bonne qualité du lait frais qui sera ensuite vendu sans bénéfice aux usines de production de fromage et de labné. «De plus en plus d’éleveurs adhèrent à la coopérative et profitent des conseils de nos vétérinaires», a déclaré Dr Joseph Freiji, chef du service d’extension des informations au ministère de l’Agriculture. En fait, trois autres centres vont ouvrir leurs portes dans la région de Baalbeck et 2 autres au Liban-Sud pour assurer la gestion du lait frais. En 1997, la production annuelle a atteint 261 000 tonnes mais n’arrive toujours pas à combler les besoins des consommateurs qui s’élèvent à 850 000 tonnes. 25 tests sur le lait De son côté, le secteur privé croit toujours en l’avenir de l’industrie laitière au Liban. Si bien qu’un investissement de plus de 400 millions de dollars a été initié en 1996 pour la construction de fermes spécialement conçues pour l’élevage et leur équipement. Un projet de grande envergure est celui de la ferme de Liban-Lait qui s’étend sur 504 000 m2 au coeur de la Békaa. «Elle comprend actuellement 1 200 vaches dont 1 000 au stade de lactation et dont la production s’élève pour le moment à 15 tonnes par jour. Le système peut gérer à la fois 7 500 vaches», explique l’ingénieur Hussein Sabra. La ferme est automatisée et chaque animal numéroté est suivi de près par les ingénieurs. Le lait est vérifié en permanence par 25 tests différents et transporté de la ferme à l’industrie pour l’emballage. «On produit actuellement du lait frais, UHT, labné, laban, ayran et des yaourts aromatisés», explique Fatima Ghosn coordinatrice des relations publiques à Liban-Lait, cette compagnie produit le lait UHT (ultra haute température) qui pourra être gardé pour 6 mois mais devra être conditionné en l’exposant à 140
À partir des années 90, le Liban a commencé à explorer les possibilités de développer son industrie laitière. Celle-ci a, depuis, rapidement évolué et le secteur privé produit au stade actuel près de 30 % des besoins du pays en produits laitiers. Mais le problème réside dans le manque de fourrages verts pour l’alimentation des vaches. Cette faille accroît le coût de...