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Actualités - CHRONOLOGIE

Le bilan des raids aériens de l'Otan contesté

Le bilan des destructions militaires serbes annoncé par l’Otan est remis en cause par des sources autorisées et concordantes, au Kosovo et à Paris. Selon un décompte du comité des chefs d’état-major des armées américaines, 122 chars et plus de 220 véhicules de transport de troupes auraient été détruits ou endommagés lors des 79 jours qu’a duré la campagne aérienne de l’Alliance atlantique contre l’armée yougoslave. «Je ne crois pas du tout à ces chiffres. Je crois qu’en termes strictement militaires, les effets des frappes ont été très limités. Très décevants. Nos avions volaient trop haut pour être efficaces», assure à Paris un expert militaire de haut rang, qui demande à conserver l’anonymat. «Si nous avions cassé autant de tanks que l’Otan le dit, nous les verrions. Ils n’ont eu ni le temps ni les moyens de les évacuer», poursuit-il. «Transporter un blindé endommagé est un cauchemar logistique, une manœuvre de force demandant du temps et de gros moyens. L’armée française ne dispose par exemple que de 142 camions porte-chars». Après plus de deux semaines de travail dans la province, de nombreux journalistes et observateurs internationaux cherchent en vain, notamment dans les zones proches de la frontière avec l’Albanie, les dizaines d’épaves qui devraient, si l’on en croit les chiffres de l’Otan, parsemer les champs de bataille, les positions militaires ou les routes du Kosovo. «Trouver un char ou une pièce d’artillerie entièrement détruit n’est pas exactement rare mais ça n’arrive pas tous les jours», concédait jeudi à Pristina le colonel Jeffrey Schloesser, chef des pilotes de la force aérienne américaine de soutien à la Kfor. Et le lieutenant-colonel Dietmar Jeserick, porte-parole du contingent allemand de la Kfor déployé autour de Prizren, déclarait récemment au New York Times: «Il n’y a rien ici. Nous avons trouvé des positions. Des dommages causés par des bombes dans ces positions, mais pas de véhicules ou de tanks». Lors de leurs onze jours de retraite vers la Serbie, en bon ordre et sous le regard de dizaines de témoins occidentaux, les forces de Belgrade ont évacué, selon l’Otan, au moins 220 chars et plus de 300 engins blindés de transport de troupes. Mais tous étaient en bon état de marche. Dans un faubourg de la ville de Klina (centre du Kosovo), deux chars ont été visiblement victimes de chasseurs-bombardiers: le canon du premier a été sectionné net, l’autre gît sur le flanc dans un cratère d’obus d’une dizaine de mètres de circonférence. Mais deux autres blindés, datant visiblement de la fin des années cinquante, semblent avoir été remorqués là après être tombés en panne. Des témoins à Pristina assurent que l’armée yougoslave, retranchée dans d’imposants bunkers ou dispersée parmi la population, laissait à dessein à l’abandon, dans des endroits bien dégagés le long des routes, des véhicules hors d’usage qui étaient rapidement pris pour cible. «J’ai reconnu sur les images de l’Otan un gros camion militaire abandonné pendant plusieurs jours par l’armée près de Komorane» affirme un habitant (serbe) de Pristina. Sur la vidéo commentée par Jamie Shea, il est pulvérisé par une roquette. Je suis passé par là deux jours plus tard: il était calciné dans le fossé». Enfin, «il ne faut pas oublier que l’armée yougoslave a développé au cours des quarante dernières années une vraie culture défensive: Tito s’est préparé pendant des décennies à résister à une invasion de l’Armée rouge» assure le même expert militaire français. «Il y a un PC sousterrain dans chaque ville, d’immenses cuves de carburant, des tunnels, des bunkers. Ils n’ont presque pas combattu mais étaient très bien protégés».
Le bilan des destructions militaires serbes annoncé par l’Otan est remis en cause par des sources autorisées et concordantes, au Kosovo et à Paris. Selon un décompte du comité des chefs d’état-major des armées américaines, 122 chars et plus de 220 véhicules de transport de troupes auraient été détruits ou endommagés lors des 79 jours qu’a duré la campagne aérienne de...