Actualités - REPORTAGES
Balades hors des sentiers battus
Par D. B., le 03 juillet 1999 à 00h00
Le soleil est là et revoilà la saison idéale pour les excursions du dimanche, en famille ou entre copains. Pour la plupart d’entre nous, la hausse des températures et le bleu limpide du ciel riment surtout avec plage. L’on se rue donc sur nos complexes balnéaires trop bondés et nos quelques plages plus ou moins aménagées, histoire de se refaire une beauté hâlée. En fait, ils ne sont pas nombreux ceux d’entre nous qui savent profiter des richesses du Liban et du potentiel touristique du pays, pourtant bien plus important qu’on le croirait. Notre mythique Levant cache effectivement des merveilles peu connues et qu’il serait vraiment dommage de ne pas aller découvrir par une belle journée ensoleillée. En cette saison d’été et avec l’approche des vacances scolaires, ce ne sont pas les occasions qui devraient manquer. Leçons d’histoire Lorsqu’ils pensent «tourisme», les Libanais songent automatiquement à quelques sites archéologiques, vestiges de la grandeur de l’Empire romain ou de l’esprit de découverte et d’ouverture qui caractérise les Phéniciens. En gros, ils ont tendance à ne penser qu’à l’ancienne ville de Byblos et aux temples romains de Baalbeck. Mais bien que ces vestiges soient effectivement parmi les plus impressionnants du pays, il n’en demeure pas moins que le Liban abrite de nombreux sites historiques et naturels datant de tous les âges qui mériteraient d’être intégrés aux itinéraires préparés par les agences de voyages, mais surtout par les organisateurs de randonnées pédestres. l Les ruines de Saïda : une fois débarrassées des déchets qui l’étouffent, ces ruines ne manqueront pas de rivaliser avec les sites archéologiques les plus connus. l Le temple de Ain Horcha : ce petit village de la Békaa-Sud possède un petit temple sans toit et quelques ruines et sépulcres que l’on peut atteindre après une vingtaine de minutes d’escalade plutôt facile. Un peu plus loin que Ain Horcha, le traditionnel village de Rachaya vaut le détour. L’air sec du coin justifie une gourde et un pull. l Nahr-el-Kalb : les civilisations et les armées qui ont traversé le Liban, en amis ou en ennemis, y ont laissé leurs traces. Pourquoi pas vous ? l Anjar : pour des raisons politiques, Anjar n’a pas retrouvé ses jours de gloire mais ce site archéologique islamique du VIIe siècle mérite de faire partie des itinéraires prestigieux notamment pour les voyageurs vers Damas. La légende locale veut que le roi Salomon y ait bâti un palais pour la reine de Saba. l Machnaqa : ancien poste d’observation romain qui domine la vallée de Nahr Ibrahim. Charmante escale au cours d’une balade vers le Jord de Jbeil (Kartaba et Aqoura). l Faqra n’offre pas uniquement son club et ses chalets huppés, mais aussi des ruines romaines où il serait bon de faire escale en toute saison. Même si les ruines elles-mêmes ne sont pas impressionnantes et leur histoire peu connue, la marche pour y accéder peut être très agréable sans toutefois être dure. De merveilleux chefs- d’œuvre rocheux S’aventurer à l’intérieur d’une grotte ou d’un gouffre que la nature a tranquillement confectionné au fil des siècles provoque toujours comme un sentiment étrange de communion avec la terre. On dirait toujours un coin mystérieux qui n’a pas voulu se montrer aux yeux du monde et est demeuré reclus sous terre, à l’intérieur d’un flanc de montagne ou au fond d’une vallée. Des splendeurs naturelles de ce genre, le Liban en a plusieurs, malheureusement souvent peu connues, négligées ou, pire, détruites par l’insouciance des hommes. l La grotte de Jeita est une des merveilles naturelles les plus impressionnantes du Liban et sans doute de la région. Stalactites et stalagmites impressionneront enfants et adultes. La balade en chaloupe est un délicieux voyage au centre de la terre. À noter toutefois qu’on y paye l’entrée relativement cher, alors, prenez votre temps une fois dedans. Les montagnes du Liban cachent des dizaines d’autres grottes et des gouffres non moins impressionnants, sauf peut-être par leur taille, mais dont l’accès demeure souvent difficile, faute de parcours définis et de prise en charge par les autorités de l’aménagement de tels sites naturels. Les plus difficiles à atteindre réservent alors leurs secrets et leur beauté aux spéléologues. Quant aux ponts naturels, ils sont aussi une preuve ultime de ce que la nature peut faire de splendide sur des centaines d’années, pour le plus grand bonheur des yeux. Pourtant, ces destinations fantastiques taillées dans le roc, fruits d’un mélange de minerais et de températures extrêmes, devraient soulever aussi bien l’intérêt des spéléologues professionnels et amateurs, que celui des visiteurs simplement curieux de faire meilleure connaissance avec les souterrains des montagnes libanaises. Jeita est bien entendu une adresse incontournable, mais devenue un site touristique officiel et attirant donc souvent un grand public. D’autres sites plus retranchés des yeux des masses : l Le gouffre de Balaa (Laqlouq-Tannourine) impressionne, surtout durant la période de fonte des neiges lorsqu’une épaisse colonne d’eau tombe du sommet du gouffre pour se fracasser sur les rochers du fond. Les trois étages du gouffre sont visibles en été lorsque l’eau faiblit. l La grotte de Afqa : la superbe grotte est entourée des mystères de la mythologie grecque. Le mythe raconte que le beau prince Adonis a été tué par un sanglier pendant qu’il chassait et que, partie à sa recherche, son amante Aphrodite le retrouve et pleure tellement que ses larmes forment un fleuve dont l’eau est rouge du sang d’Adonis. C’est cette eau rouge qui jaillit à chaque début de printemps de la grotte d’Afqa pour devenir le fleuve d’Adonis, une des sources de Nahr Ibrahim. La grotte est d’ailleurs entourée d’un paysage splendide et côtoie un temple antique dédié à Ashtart, principe féminin de Dieu. L’eau dans la grotte peut paraître particulièrement tentante mais elle est glacée et déconseillée pour une trempette. l Le pont naturel de Faqra se détache sur un fond montagneux d’une très grande beauté. Cette merveille naturelle est d’ailleurs très agréable à admirer à partir d’une petite plaine environnante tout à fait indiquée pour un pique-nique printanier. Pique-nique sur une rive paradisiaque Pour ceux qui n’ont pas toujours envie de mélanger effort physique et plaisir, rien de plus agréable qu’une journée de farniente passée sur les rives relativement peu fréquentées d’un cours d’eau dont le son berce la nature environnante et rappelle au calme et à la sérénité. Pour ceux qui croient que de tels sites n’existent pas au Liban, détrompez-vous : ils font aussi bien le bonheur des couples solitaires et des groupes de copains que des familles. Les cascades de Jahiliyé (dans le Chouf, sur la route de Beiteddine) : le charme de l’endroit est autant dû à la beauté du paysage qu’aux traditions des habitants des villages avoisinants. En effet, il est demandé aux femmes de porter un T-shirt au-dessus de leurs maillots, mais tout le monde peut nager librement dans une eau agréablement fraîche. L’eau a naturellement creusé dans la roche des bassins à fond lisse où les enfants adorent barboter. Les environs sont d’ailleurs particulièrement alléchants pour une balade ou simplement pour une sieste bercée par le gazouillis des oiseaux. l Janné (sur la route de Kartaba) : le nom (paradis) en dit beaucoup sur l’endroit. Bien que plutôt connu comme site pour pique-niqueurs, Janné reste propre et conserve son charme. Rien de plus agréable que de boire ou manger les boissons et pastèques plongées dans le cours d’eau qui traverse la région. L’eau est parfois un peu rapide au printemps et nécessite beaucoup de prudence, surtout pour les enfants. l L’une des sources du fleuve de l’Oronte (Nahr el-Assi) dans le Hermel, ou encore les cascades de Dirdara dans la même région, sont deux sites où il fait bon de passer son dimanche, accompagné de quelques gourmandises et de tout ce qu’il faut pour faire une petite plongée bien fraîche dans les eaux fraîches, ou encore une petite marche revigorante avant un déjeuner sur l’herbe. Bizarrement, ces sites sont encore relativement bien préservés, peut-être bien grâce à la vigilance des habitants des villages voisins qui veillent à ce que soit préservée la beauté naturelle des rives des cours d’eau qui traversent la nature environnante. Alors, n’hésitez pas à vous faire plaisir en choisissant un de ces sites pour y passer une bonne fin de semaine mais, de grâce, n’y laissez pas de souvenirs... Montagnes vierges et panoramas célestes Nul doute, Mère Nature a gâté le Liban : le pays est riche des plus belles montagnes et cimes de toute la région du Moyen-Orient. Mais combien d’entre nous vont-ils en balade, en excursion ou en randonnée pour découvrir les splendeurs de nos flancs de montagnes boisés et de nos cimes surplombant des paysages à couper le souffle? Depuis quelques années, de plus en plus de randonnées sont organisées par des amateurs et des professionnels qui servent à la fois d’exercice physique et d’évasion au cœur de la nature libanaise, malheureusement si peu connue des Libanais. Des marches de plusieurs niveaux permettent aux intéressés de choisir le parcours qui leur convient, certains étant même destinés aux familles. Bien entendu, certains sites sont accessibles sans guide, à condition qu’on ait la santé physique exigée. Faqra, Afqa, les montagnes du Chouf et du Nord sont autant de régions où une randonnée bien guidée peut mener à des sites où le paysage est féerique et d’où la vue est éblouissante. Les plus courageux pourraient d’ailleurs choisir d’y faire leur baptême de l’air ; le parapente est un sport de plus en plus à la mode dans le monde et, nouvellement, au Liban. Certains peuvent même se lancer le défi d’escalader la montagne la plus élevée du Liban : Kornat el-Saouda. D’en haut, le panorama est grandiose et l’on se sent au-dessus de tout. En fait, on l’est : par un ciel clair, il paraît que la vue, subjuguante, englobe la Bekaa, le Nord du pays, l’anti-Liban et même les plaines de Syrie. Une initiative privée est à louer, à Afqa... Il s’agit d’une réserve naturelle où petits et grands peuvent s’adonner aux activités les plus diverses (chasse, tire à l’arc, randonnée équestre, pistes cyclistes, spéléologie, escalade, etc.). On peut même y passer le week-end car un camping y a été aménagé. Éventuellement, nous l’espérons, le développement de l’intérêt que portent les Libanais aux richesses naturelles de leur pays et aux sports devrait engendrer plusieurs initiatives originales et réussies du même genre que la réserve d’Afqa. Le développement de l’éco-tourisme paraît être une piste à suivre dans le cadre de la politique d’encouragement de l’industrie du tourisme au Liban. Si le secteur touristique libanais venait à redémarrer, aussi bien le secteur public que le secteur privé auraient intérêt à développer des projets d’un style nouveau, des produits et des services jusque-là inexistants, mais pour lesquels la demande potentielle est sans doute de taille. Le cèdre, grandiose mascotte Il est vrai qu’il ne reste plus au Liban qu’un très faible nombre de ces arbres grandioses et impressionnants que sont les cèdres. Raison de plus pour se rendre dans certaines forêts du Liban qui en abritent encore quelques spécimens. Si certains circuits pédestres sont plus difficiles que d’autres et indiqués seulement aux grands marcheurs, plusieurs sites sont facilement accessibles, même en famille. Contrairement à ce que l’on aurait tendance à croire, le cèdre pousse ailleurs qu’à Bécharré où l’historique forêt de cèdres a rétréci, face à une exploitation trop intensive, et ne consiste malheureusement plus qu’en quelques centaines d’arbres. Plusieurs sites libanais abritent ces fameux arbres, une espèce dont la taille, la forme, la force et la durée de vie varient beaucoup selon l’environnement où l’arbre croît. l Les cèdres de Jaje (en passant par Amchit puis Haqel) ont leurs racines parmi les rochers et ont poussé ça et là dans un paysage au charme sauvage, à environ une heure de marche relativement difficile à partir de la route. Parmi les cèdres éparpillés de Jaje, un trou dans la terre comporte de la glace qui ne fond jamais. Les environs du village sont aussi parsemés de boutiques où abondent des fossiles marins de toutes tailles. l Mezyara (sur la route de Ehden) se trouve sur le chemin des randonneurs qui peuvent profiter de l’ombrage de sa forêt de cèdres pour une pause bien méritée et une photo-souvenir peu commune. On atteint la forêt après une petite marche facile. À Mezyara, les cèdres ont une forme particulière et la route (facile) qui mène aux premiers grands arbres est tapissée de petites pousses de cèdres qui, nous l’espérons, survivrons aux troupeaux de la région. Les pique-niqueurs devront emporter boissons et nourriture car le coin n’abrite aucun café ou restaurant. Sur les pas des ermites et des saints Le Liban est aussi jonché de sites marquant la pluralité de ses croyances et religions. La montagne libanaise est l’un des berceaux du christianisme, et des dizaines de sites permettent aujourd’hui de suivre l’histoire d’une communauté marquée par la persécution, le courage, l’érudition et la sainteté. l Wadi Qozhaya et Wadi Qannoubine (dans la vallée de Qadisha, dans le nord du pays) sont truffés de refuges rocheux, de grottes, d’ermitages, de monastères et de chapelles qui retracent, depuis le Moyen Age, l’histoire des chrétiens du Liban. Replongés dans ce havre de paix et de verdure, les visiteurs découvrent les dures réalités de la vie vécue durant des siècles par ceux, fuyants ou ermites volontaires, qui ont voulu méditer ou simplement subsister entre ces montagnes impressionnantes. L’accès de la vallée et de ses trésors est pourtant difficile et mieux vaut se limiter aux endroits les plus accessibles (Couvent Mar Qozhaya par exemple) si vous n’êtes pas en très bonne forme. l Toujours sur les pas des premiers chrétiens, les grottes du Hermel sont le berceau des maronites libanais (4e siècle après J.-C.). l L’ermitage de Saint-Charbel (Annaya), devenu un lieu de pélerinage, est connu de beaucoup. Il est facilement accessible et offre une vue splendide sur la montagne libanaise et sur la côte. Les environs offrent d’ailleurs de très beaux coins pour pique-nique ou marche dans la nature. Évasion au fond des mers Du haut des cimes renommées du Liban, nous redescendons vers la côte où la Méditerranée cache une faune et une flore exceptionnelles, malheureusement souvent étouffées par toutes sortes de pollutions. Pour les amateurs de plongée sous-marine, écologistes ou simples «voyeurs», la côte libanaise offre d’innombrables trésors. De plus en plus nombreux, les Libanais attirés par le fond des mers peuvent trouver leur bonheur en observant de près la vie sous-marine en des sites généralement repérés par les professionnels du métier. D’ailleurs, l’un après l’autre, et pour répondre à une demande croissante, les centres balnéaires sont en train d’offrir des cours de plongée de plusieurs niveaux. Les initiés vous l’affirmeront : tout peut paraître intéressant à regarder en-dessous de la surface de l’eau. l La côte de Tyr offre le plaisir unique d’une ville antique détruite par Alexandre le Grand. l Les côtes de Khaldé, Kaslik et Tabarja comprennent des épaves de navires l Une statue de la Vierge gît sur le fond de la mer, à Zouk Mosbeh. l À Ain-el-Mreissé, beaucoup plus de prudence : une grotte tentante abrite des requins redoutables. Sillonner la côte en évitant les embouteillages Cela devient de plus en plus jouable avec la multiplication des formules de crédit qui permettent de se procurer un petit yacht, un canot ou encore un jet-ski... Une balade en off-shore permet en effet de diversifier les plaisirs d’une journée. Savourez le calme de la haute mer tout en admirant la côte libanaise défiler sous vos yeux, avec ses plages, ses restaurants, ses vestiges, mais aussi, plus loin, les montagnes dont les pieds arrivent souvent jusque dans la Méditerranée. Croiser des pêcheurs parsemant la mer avec leurs barques artisanales et leurs filets donnera à votre promenade marine une touche rustique, sans compter que vous pourriez ainsi vous procurer la matière première, très fraîche, de votre déjeuner ou dîner. Le charme consiste aussi à accoster à l’endroit où il vous plaira, dans l’un des nombreux restaurants de la côte où le poisson a toujours un goût si particulier. l Attention à la déshydratation! Gardez toujours une gourde avec vous, mais buvez lentement. l En altitude, il fait souvent frais, malgré le soleil : sweat ou pull sont de rigueur. l Munissez-vous de bonnes chaussures de marche pour les randonnées. l Méfiez-vous des eaux des fleuves et des rivières : elles peuvent être beaucoup plus entraînantes qu'on le croirait. l Ne jamais faire de la plongée ou du parapente sans le matériel nécessaire. Débutants : ne prenez pas d'initiatives risquées et suivez les directives des moniteurs. l Canots, yachts, jet-skis et tout autre off-shore ne devraient s'approcher de la côte qu'avec la plus grande prudence.
Le soleil est là et revoilà la saison idéale pour les excursions du dimanche, en famille ou entre copains. Pour la plupart d’entre nous, la hausse des températures et le bleu limpide du ciel riment surtout avec plage. L’on se rue donc sur nos complexes balnéaires trop bondés et nos quelques plages plus ou moins aménagées, histoire de se refaire une beauté hâlée. En fait, ils ne...
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