Actualités - CHRONOLOGIE
CYCLISME - La Grande Boucle 1999 Le Tour piégé par l'affaire Virenque
le 01 juillet 1999 à 00h00
Le piège s’est refermé sur le Tour de France dans «l’affaire Virenque» aux conséquences encore imprévisibles sur l’édition 1999 et sur l’avenir du sport cycliste. La société du Tour de France, contrainte d’accepter Richard Virenque par la volonté de l’Union cycliste internationale (UCI) et de son rusé président Hein Verbruggen, s’est inclinée. Elle a refusé l’affrontement qui l’aurait mise hors-la-loi par rapport à l’instance gouvernant le sport cycliste. Mais la stratégie de Hein Verbruggen, un Néerlandais de 58 ans issu du marketing, a ouvert un gouffre. D’ores et déjà, un des grands partenaires du Tour (le Crédit Lyonnais, qui parraine le maillot jaune du 1er au classement général) a envisagé de se retirer après l’arrivée sur les Champs-Élysées. Ce camouflet public et spectaculaire, qualifié de «coup de force» par le Tour, vient d’un homme qui dirige le cyclisme mondial, depuis le début des années 1990, sans s’embarrasser de collégialité. Daniel Baal, le président de la Fédération française (FFC), qui est également l’un des trois vice-présidents de l’UCI, a appris ses derniers projets (conseil professionnel) et décisions (réadmission de Virenque et de Saiz) par la presse. Un proche de Verbruggen Membre du Comité international olympique (CIO) comme... Jean-Claude Killy (président de la société du Tour de France), Hein Verbruggen s’est abrité, pour le cas Virenque, derrière l’avis de sa commission disciplinaire dont la composition, choisie dans une liste de personnalités, est censée garantir l’indépendance. Mais, sans préjuger de l’impartialité de ses membres, la répartition de cette commission (un Belge, un Néerlandais, un Espagnol) et sa présidence assumée par le Belge Eddy Beugels, un proche de Hein Verbruggen, sont vite apparues ouvertement défavorables au Tour. Jean-Marie Leblanc avait donc quelque raison d’être inquiet, lundi, avant de comparaître devant elle. Le cas Virenque diffère sensiblement de celui de Manolo Saiz, à qui le Tour de France reprochait principalement des propos insultants, l’an passé, quand son équipe a claqué la porte dans les Alpes. Une lettre d’excuses et une attitude plus discrète de la part du bouillant directeur sportif de l’équipe ONCE, avec lequel Hein Verbruggen entretient d’excellentes relations, auraient pu satisfaire les dirigeants du Tour. Le désaveu Pour Virenque, tête d’affiche de l’énorme scandale déclenché l’été dernier, la société du Tour de France avait choisi l’attitude la plus ferme. La plus hypocrite, avaient tempêté les supporteurs du Varois, convaincus que leur idole est devenu le bouc émissaire d’autant qu’il s’est soumis, cette saison, aux mêmes obligations que les autres coureurs français. La plus symbolique, avaient répondu les partisans de la mesure, peu enclins à pardonner à un coureur enfermé dans son système de défense. Hein Verbruggen en a jugé autrement, quitte à affaiblir le Tour de France. Car l’argument retenu officiellement (délai d’engagement non respecté) a valeur de prétexte. Dans la tourmente que traverse le cyclisme, le poids d’un vice de forme éventuel – la procédure suivie est la même depuis une dizaine d’années – ne peut être raisonnablement mis en balance avec la crédibilité que doit posséder la plus grande course du monde. L’incident a permis au président de l’UCI de rappeler son autorité sur le monde cycliste. Jean-Marie Leblanc, à qui l’UCI doit pourtant beaucoup (entre autres, le sauvetage du cyclisme sur piste), peut méditer sur ce désaveu. Mais il n’en aura guère le temps au moment où commence la période la plus lourde, à défaut d’être la plus chargée, pour le cyclisme. La presse parisienne très critique La presse parisienne se montre très critique, mercredi, face à la réintégration dans le Tour de France, par l’Union cycliste internationale (UCI), du directeur sportif de l’équipe Once Manolo Saiz et du coureur français Richard Virenque. «Accablant!», titre le journal L’Équipe qui s’en prend à la décision de l’UCI, mais aussi à la société du Tour de France – qui fait partie, comme le quotidien, du groupe Amaury –, parce qu’elle a «cédé bien tristement» au «diktat scélérat, au mépris de toutes les promesses tenues depuis un an». «Quelle honte !», s’exclame Jérôme Bureau dans l’éditorial du quotidien sportif, affirmant que la présence au départ du Tour de France de Richard Virenque «n’honore ni cette épreuve ni le cyclisme ni le sport en général». «L’UCI et son président Hein Verbruggen en imposant ces réintégrations ont choisi d’ériger le mensonge et l’insulte en nouvelles valeurs fondatrices du sport et, ce faisant, de légitimer le dopage», affirme l’éditorialiste. En revanche, Le Parisien – qui fait aussi parti du groupe Amaury – défend la société du Tour de France. «Les organisateurs n’ont pas eu d’autres choix que de se soumettre», admet Le Parisien, estimant que «le bras de fer, c’était risquer de perdre le label UCI». Le quotidien s’interroge néanmoins sur «l’étrange M. Verbruggen». Il réprouve le président néerlandais de l’UCI qui «réfléchit toujours à deux fois quand il s’agit de frapper fort contre le dopage» parce qu’il est ni «un chaud partisan de la répression» ni de la prévention. L’Humanité, pour sa part, ironise dans son titre sur la présence de Virenque sur le Tour de France. «Stupéfiant : Virenque serait au Tour», écrit le journal communiste qui constate que la société du Tour de France «réprouvait totalement la position de l’UCI». Même constatation de la part de Libération. Sous le titre de «Virenque repêché du Tour», le quotidien déplore également que le «grand dessein des organisateurs, qui s’efforçaient jusque-là de faire du tour celui du “renouveau”, vient de se fracasser».
Le piège s’est refermé sur le Tour de France dans «l’affaire Virenque» aux conséquences encore imprévisibles sur l’édition 1999 et sur l’avenir du sport cycliste. La société du Tour de France, contrainte d’accepter Richard Virenque par la volonté de l’Union cycliste internationale (UCI) et de son rusé président Hein Verbruggen, s’est inclinée. Elle a refusé...
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