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Mounir Chamoun : Sans transfert , il n'y a pas de psychanalyse
Par J. Je., le 30 avril 1999 à 00h00
Pourquoi une psychanalyse et pour qui ? Question essentielle que se posent tous ceux qui seraient tentés de s’embarquer dans ce «voyage que représente leur histoire personnelle». Pour le professeur Mounir Chamoun, psychanalyste de longue date, la fonction thérapeutique de la psychanalyse doit aboutir à «une réorganisation psychique» de l’analysant (on ne parle plus de patient aujourd’hui), c’est-à-dire une manière de repenser sa vie en toute liberté, tout en faisant des choix d’autant plus conscients qu’après une analyse “on sait plus”, beaucoup plus, d’où la notion de «savoir» qui est essentiel sous cet aspect. Cette «réorganisation», enchaîne le professeur Chamoun, suppose «un passage progressif d’une souffrance ou d’un trouble constaté en un sentiment profond de meilleur être ou de bien-être». Pour cela deux conditions de base s’imposent : tout d’abord, l’existence du phénomène du transfert que M. Chamoun qualifie de «pierre angulaire et d’axe central» de l’analyse. «Le patient, ou analysant, vient avec une histoire personnelle. À travers ce qu’il dit, il remobilise d’une manière profondément affective et dynamique ce qu’il ressent à l’intérieur et ce en fonction du psychanalyste», nous explique M. Chamoun. Le lien pour mieux se libérer En d’autres termes, c’est le lien qui va unir le psychanalyste et son patient pour permettre à ce dernier d’opérer «le déplacement sur la scène thérapeutique de ses conflits les mieux ancrés et les plus profonds», dira Mounir Chamoun. Pour n’avoir pas réglé ses comptes, à un moment de son histoire sur la scène de la vie réelle, le patient viendra le faire, symboliquement, et par la parole – support royal d’une thérapie – à l’aide de l’analyste qui joue un peu le rôle de souffre-douleur. Ce dernier ne doit toutefois jamais passer à l’acte, c’est-à-dire ne doit «réagir» aucunement aux projections que lui attribue le patient. «C’est à partir de là que se fait un travail de connaissance de soi qui commence par une reconnaissance des troubles et par un travail d’aveu», le tout devant aboutir, à long terme, à une modification qualitative par le sujet de sa vie. Guérison ou rémission ? «Ce qui est récupéré, nous explique le psychanalyste, c’est un pouvoir de décision personnel indépendamment des influences ultérieures. Le sujet sorti de l’analyse est un sujet plus personnel, plus volontaire qui a (toujours) ses “démons” intérieurs, mais qui ne tombe plus dans les compulsions de répétition». Voilà peut-être une réponse à double tranchant qui rassure certes, mais remet en question la notion même de guérison en termes de «souffrances psychiques» et de cicatrices pas tout à fait refermées. «Il n’y a pas de gomme magique», reconnaît M. Chamoun qui explique que lorsque quelqu’un a vécu quelque chose de douloureux, cela laisse des traces. Par contre, l’analysant deviendra, à la fin de sa cure, en partie “immunisé”. Désormais, il a une meilleure emprise sur lui-même et sur son environnement. Il a même vite fait de restituer son pouvoir créatif et son énergie de base, longtemps occultés par les inhibitions qui leur faisaient écran. Voilà pourquoi «l’allié principal de la psychanalyse» s’appelle «temps», dit M. Chamoun, car non seulement «il faut beaucoup pour se défaire de perturbations ou désordres de la personnalité [...], mais également pour remettre en place tout un processus pour réorganiser une vie entière», conclut le professeur. Bref “analyser” une vie c’est presque aussi long que de la vivre, avec toutefois beaucoup de souffrances en moins... !
Pourquoi une psychanalyse et pour qui ? Question essentielle que se posent tous ceux qui seraient tentés de s’embarquer dans ce «voyage que représente leur histoire personnelle». Pour le professeur Mounir Chamoun, psychanalyste de longue date, la fonction thérapeutique de la psychanalyse doit aboutir à «une réorganisation psychique» de l’analysant (on ne parle plus de patient...
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