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Actualités - CHRONOLOGIE

CYCLISME - Amstel Gold Race Armstrong échoue d'un rien contre Boogerd

L’Américain Lance Armstrong a échoué d’un rien face au champion des Pays-Bas Michael Boogerd, samedi à Maastricht, à l’arrivée de l’Amstel Gold Race, la manche néerlandaise de la Coupe du monde de cyclisme. Pour deux centimètres, la distance estimée par le jury, la victoire est revenue à Boogerd qui a (enfin) satisfait l’attente de ses compatriotes au terme des 253 kilomètres. Depuis 1991 et la victoire de Frans Maassen dans les mêmes lieux, les Néerlandais n’avaient pas gagné une grande classique du printemps et les derniers résultats de l’équipe Rabobank avaient attisé l’impatience de ses supporteurs. En nombre dans le «final» des classiques, les coureurs au maillot orange s’étaient inclinés à chaque fois, Michael Boogerd étant le dernier en date face au Belge Frank Vandenbroucke, dimanche dernier, dans Liège-Bastogne-Liège. Dès lors, tout a concordé pour que Boogerd soit instamment prié par le manager de son équipe, Jan Raas, de refuser de collaborer avec Armstrong, présumé plus rapide que lui au sprint. Dans les quarante derniers kilomètres, les deux hommes forts de la course se sont détachés d’un groupe de quatorze coureurs comprenant la plupart des favoris. Ils ont été rejoints ensuite par le Suisse Markus Zberg, un coéquipier de Boogerd, et par l’Italien Gabriele Missaglia (Lampre), lesquels ont été distancés dans la côte d’Halembaye à 15 kilomètres de l’arrivée, sur une attaque franche d’Armstrong. Une immense admiration Boogerd, au tempérament généreux, a dû alors se résigner à la passivité dans la roue d’Armstrong. Zberg et Missaglia sont parvenus à revenir sur le duo de tête à 6 kilomètres de la ligne avant que toutes les données ne soient chamboulées par un coup de théâtre causé par une moto de photographe garée sur le côté de la chaussée. Zberg, qui l’a heurtée, s’est retrouvé à terre tout comme Missaglia et le duo Armstrong-Boogerd s’est disputé la victoire sur le boulevard de la Meuse. L’Américain a lancé le sprint de loin et a lutté jusqu’au bout. Il a même cru avoir gagné la course. Mais le geste de Boogerd, le bras levé dès la ligne franchie, était des plus justifiés. «Je regrette de n’avoir pu relayer Armstrong», a souligné ensuite Boogerd. «J’ai une immense admiration pour lui». Il est vrai que le combat du Texan contre son cancer des testicules, qui l’a privé de toute la saison 1997, a profondément marqué le peloton. Champion du monde 1993, Armstrong est revenu au premier plan à partir de l’été dernier (4e de la Vuelta et du Championnat du monde 1998). Contrarié en début de saison par une blessure, le coureur de l’US Postal a signé un retour fracassant en Coupe du monde par cette deuxième place qui vaut (presque) une victoire. Le constat ne retire pourtant rien à Boogerd, qui a cumulé... sept places de deuxième depuis le début de l’année. À 26 ans, le champion des Pays-Bas s’impose comme un des grands protagonistes des courses par étapes (vainqueur de Paris-Nice) et des courses d’un jour sélectives. L’Amstel par exemple, qui a souligné aussi la combativité du Français Laurent Roux (5e) et le sens des responsabilités du Belge Frank Vandenbroucke, même si VDB a usé sans doute prématurément son équipe derrière une échappée de trois coureurs (Vinokourov, Dierckxsens, Moerenhout). Déclarations Michael Boogerd (P-B/Rabobank, 1er) : «J’ai dû laisser Armstrong faire le travail dans l’échappée et cela m’a fait un peu mal au cœur. Ce n’est pas mon genre... J’ai été très surpris par Armstrong. On ne l’a pas beaucoup vu jusqu’à présent et il revient très fort. Chapeau ! Je crois qu’il était émoussé, ce qui est logique. Sinon, il m’aurait laissé à cinq longueurs. Partout, j’ai lu que l’équipe Rabobank courait mal. Elle n’a pas été épargnée par la presse néerlandaise et j’ai trouvé que c’était exagéré. Je vais maintenant courir le GP de Francfort et l’Amsterdam Derny. Ensuite, je prendrai un peu de repos. Depuis novembre dernier, je suis sur la brêche, mais ne comptez pas sur moi pour rester assis sur mon divan à ne rien faire. Ce n’est pas parce que j’ai gagné l’Amstel Gold Race que je considère ma saison terminée». Lance Armstrong (USA/US Postal, 2e) : «Quand j’ai franchi la ligne, je pensais avoir gagné. Il s’en est fallu de très peu. J’ai demandé peut-être une dizaine de fois à Boogerd de rouler avec moi. Mais il n’a pas voulu». Gabriele Missaglia (Ita/Lampre, 3e) : «Je n’ai pas pu éviter la chute quand Zberg s’est retrouvé par terre à cause d’une moto. Le dérailleur était cassé et je n’ai pas pu l’utiliser dans la dernière côte. C’est une occasion incroyable de perdue. Je pense que j’avais mes chances dans une arrivée à quatre. J’ai eu un petit passage à vide pendant la course mais, dans le final, je crois que j’étais le plus costaud». Laurent Roux (Fra/Casino, 5e) : «J’y ai toujours cru. Mais j’ai eu constamment avec moi un coureur de Rabobank (Den Bakker) qui est resté dans la roue. Je ne suis pas vraiment déçu. Ce que je regrette surtout, c’est de n’avoir pas été présent quand le groupe de quatorze est parti. Sans ce petit passage, je pouvais faire mieux. Ici, c’est une course qui me convient». Classement de l’Amstel Gold Race Voici le classement de l’Amstel Gold Race, cinquième manche de la Coupe du monde de cyclisme, disputée samedi sur 255 kilomètres : 1. Michael Boogerd (P-B) Rabobank 6 heures 37’23’’ 2. Lance Armstrong (E-U) US Postal même temps 3. Gabriele Missaglia (Ita) Lampre-Daikin à 16’’ 4. Maarten den Bakker (P-B) Rabobank 5. Laurent Roux (Fra) Casino tous même temps 6. Leon van Bon (P-B) Rabobank à 46’’ 7. Marcus Zberg (Sui) Rabobank même temps 8. Gian Matteo Fagnini (Ita) Saeco à 51’’. Classement de la Coupe du monde (après cinq manches) : 1. Frank Vandenbroucke (Bel) Cofidis 199 pts 2. Michael Boogerd (P-B) Rabobank 170 3. Andrei Tchmil (Bel) Lotto 168 4. Peter van Petegem (Bel) TVM 135 5. Zbigniew Spruch (Pol) Lampre-Daikin 124 6. Markus Zberg (Sui) Rabobank 101 7. Andrea Tafi (Ita) Mapei 100 8. Leon van Bon (P-B) Rabobank 99 9. Maarten den Bakker (P-B) Rabobank 98 10. Michele Bartoli (Ita) Mapei 91. Armstrong hors normes Nul ne ressemble à Lance Armstrong, ce champion cycliste arrêté net par un cancer et redevenu un des meilleurs coureurs du monde. L’Américain, déjà différent des autres par son état d’esprit de cow-boy, a modifié son approche du métier. À l’arrivée de l’Amstel Gold Race, il a surmonté sa déception de terminer deuxième d’une course qu’il avait dominée dans le «final», sans recevoir d’aide de la part du champion des Pays-Bas Michael Boogerd ligoté par les consignes d’équipe. À 27 ans, Armstrong a vite fait de relativiser les désillusions ou les coups du sort. Il a affronté la maladie à l’automne 1996 et l’a combattue avec la même vigueur que cet ancien champion de triathlon, au corps d’athlète, manifeste sur le vélo. S’il a ensuite repris sa place dans le peloton, c’est avec une conception toute nouvelle de son activité. Son mariage au printemps dernier et surtout un stage, voici onze mois, avec son compatriote Bob Roll, ont fini de le relancer. Pendant leurs longues sorties paisibles sur les routes de Caroline, Bob Roll, un ancien coureur de l’équipe Motorola, a trouvé les mots justes pour redonner le goût du vélo au Texan, fort physiquement mais défait moralement. Un discours décalé De retour en Europe, qu’il avait quittée en catimini après un abandon inexplicable dans Paris-Nice, Armstrong a enchaîné l’an dernier les résultats. Sa victoire au Tour de Luxembourg, pour sa course de rentrée, ses quatrièmes places dans la Vuelta et les deux Championnats du monde, contre-la-montre et course sur route, l’ont replacé dans les vingt-cinq premiers mondiaux. Est-il aussi fort qu’avant ? Le champion du monde 1993 tient un discours décalé par rapport aux normes habituelles. «Gagner, bien sûr que c’est bien, mais ce n’est pas plus important que le reste», disait-il récemment à Vélo Magazine. «Je suis content du simple fait d’être coureur et je ne me pose pas plus de questions». Cette décontraction joue en sa faveur. Armstrong bouscule les tactiques, provoque les ouvertures. Loin d’être écrasé par les responsabilités, il développe son tempérament d’attaquant sur le vélo d’autant qu’il a appris, par expérience comparée, à évaluer plus précisément la souffrance, à repousser le seuil de la douleur. L’homme, catalogué présomptueux à ses débuts dans le peloton (août 1992), s’est attiré en tout cas l’hommage et le respect des autres coureurs. Même Boogerd, au comble de la félicité après avoir gagné l’Amstel Gold Race devant son public, a reconnu, presqu’embarrassé : «J’ai une immense admiration pour Lance !» Coupe du monde : un gâteau bien partagé Cinq équipes différentes se sont partagées le gâteau des classiques au long des cinq courses de la Coupe du monde, dont la première mi-temps s’est achevée samedi par l’Amstel Gold Race. Lotto (Tchmil), TVM (Van Petegem), Mapei (Tafi), Cofidis (Vandenbroucke) et Rabobank (Boogerd) ont placé un homme au sommet du podium, à chaque fois leur leader désigné. Mais, au décompte des nationalités, la Belgique a raflé les prix avec trois des siens au palmarès des courses, un «triplé» marquant dans le Tour des Flandres et surtout l’affirmation de son enfant chéri, Frank Vandenbroucke. Face au numéro un mondial, l’Italien Michele Bartoli, VDB s’est imposé pour premier adversaire. Son compatriote Johan Museeuw revient de loin après sa longue indisponibilité de l’année dernière bien que le détenteur des victoires en Coupe du monde ait signé une belle troisième place dans les Flandres. Quant au champion de France Laurent Jalabert, il s’est doucement retiré du devant de la scène des classiques. Jaja, jusqu’à présent, s’est seulement illustré dans les courses par étapes. En une semaine, Bartoli et Vandenbroucke ont délivré les impressions les plus fortes du mois d’avril. L’Italien en menant à bien une échappée de 80 kilomètres dans une Flèche Wallonne (hors Coupe du monde) de pluie et de neige. Le Belge en s’imposant à la régulière dans Liège-Bastogne-Liège... comme il l’avait annoncé auparavant. Pour autant, le cyclisme se court en équipe. Mapei, dans Paris-Roubaix, Rabobank, dans l’Amstel Gold Race, ont affirmé leur force collective et ont logiquement confisqué les premières places. Andrei Tchmil, habilement aidé par un équipier qui coupa son effort derrière lui dans le dernier kilomètre de Milan-San Remo, a également illustré cet aspect de la course. Le Belge, auteur d’un chef d’œuvre tactique sur la Via Roma, avait ouvert par la grande porte la belle période du printemps.
L’Américain Lance Armstrong a échoué d’un rien face au champion des Pays-Bas Michael Boogerd, samedi à Maastricht, à l’arrivée de l’Amstel Gold Race, la manche néerlandaise de la Coupe du monde de cyclisme. Pour deux centimètres, la distance estimée par le jury, la victoire est revenue à Boogerd qui a (enfin) satisfait l’attente de ses compatriotes au terme des 253...