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Actualités - REPORTAGES

Rencontre - Disciple de Martha Graham Marianne Hraibi : une danseuse attachée à ses racines (photos)

Née au Vermont, USA, la Libanaise Marianne Handy Hraibi est une danseuse chevronnée bien connue aux États-Unis. Elle a travaillé avec Martha Graham (1894 -1991) avant d’en développer la technique. Qu’elle enseigne actuellement au Dartmouth College de New York. Elle est de passage à Beyrouth pour deux semaines, après «quinze ans de douloureuse absence». Pour donner des démonstrations de danse et des conférences dans différents établissements. Vive, le regard brillant, Marianne Hraibi parle avec émotion de ses deux passions : la danse et le Liban. Car bien qu’étant native des States, elle reste avant tout libanaise. «Ana lubnaniyya», clame-t-elle avec fierté, dans un accent très appuyé dont elle est la première à rire. Libanaise «de père, de mère et de mari». Très tôt, Marianne Hraibi se découvre une passion pour la danse. «Je rêvais de danser, un jour, à New York City», se souvient-elle. Après plusieurs diplômes et une expérience solide, elle rencontre Martha Graham. À qui elle voue une admiration sans bornes. «Cette femme était extraordinaire», dit-elle. «C’est avec elle que j’ai vraiment compris ce qu’est le génie. Elle a développé un véritable langage à travers le mouvement et je suis convaincue que sa technique est fondamentale dans l’apprentissage et dans l’exercice de la danse», ajoute-t-elle. «Son répertoire était riche et exceptionnel. À part les tragédies grecques, elle a chorégraphié des sentiments, des états d’âme. Des moments intenses de la vie de l’homme : douleur, désespoir, bonheur ou peur». De 1973 à 1984, Marianne Hraibi vit à Beyrouth avec son mari Saher (de Nabatiyeh) et leurs deux garçons. «Des années très heureuses, malgré la guerre», se souvient-elle, évoquant plus d’un souvenir ou d’une anecdote. «En février 84, nous avons fui pour les États-Unis. Et c’est aujourd’hui mon premier retour». La larme à l’œil, elle souligne avoir vécu «très douloureusement cette rupture. Durant toutes ces années loin d’ici, je ne me suis sentie qu’à moitié vivante», dit-elle. «J’avais en moi cette terrible honte d’avoir abandonné mon pays en guerre. Et cette guerre, je la vivais à distance, à travers les journaux, la télévision». Retour Marianne Hraibi a donc vécu un exil de quinze années. «Si j’ai tardé autant à revenir, c’est parce que je refusais de le faire en visiteuse», explique-t-elle. «Aujourd’hui, c’est sur insistance de mes frères et sœurs qui ne connaissent pas le Liban que je suis là», poursuit-elle. Et de dédier ce séjour à son père Ned Handy, décédé l’an dernier, avec qui elle projetait de faire ce voyage au Liban. «Comme je ne voulais pas débarquer les mains vides», reprend-elle, «j’ai pensé donner des sortes de cours-démonstrations de la technique Martha Graham», insiste-t-elle. Un cadeau qu’elle offre à «toutes ces merveilleuses et courageuses personnes qui sont restées, pour que survive le Liban». Projette-t-elle de revenir plus souvent ? «Bien sûr», répond-elle sans hésiter. «Depuis que je suis ici, je me sens revivre. J’ai retrouvé mes amis, et surtout, ce quelque chose de magique qui fait le Liban». La danse, elle en fait toujours. «Excepté la tête, j’ai encore, Dieu merci, 20 ans. Je suis en bonne santé et je garde toute ma souplesse», dit-elle dans un sourire. «La vie d’un danseur est courte, espérons que la mienne durera le maximum». L’école de Martha Graham, à New York, est en train d’être démolie. «Nous n’avons pas réussi à empêcher cela, et nous en sommes consternés», affirme Marianne Hraibi. «Ni les lettres envoyées au président Clinton et autres personnalités influentes, ni les SOS lancés tous azimuts n’ont abouti. Pour nous, ses anciens élèves, ce lieu était sacré. C’était un symbole». La matière étant périssable, l’important est de sauver l’esprit.
Née au Vermont, USA, la Libanaise Marianne Handy Hraibi est une danseuse chevronnée bien connue aux États-Unis. Elle a travaillé avec Martha Graham (1894 -1991) avant d’en développer la technique. Qu’elle enseigne actuellement au Dartmouth College de New York. Elle est de passage à Beyrouth pour deux semaines, après «quinze ans de douloureuse absence». Pour donner des démonstrations...