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Actualités - DISCOURS

Il a critiqué la mentalité héritée de la guerre à la cérémonie de pose de la première pierre de la cité universitaire à Hadeth Hariri : l'élection d'un nouveau président sans changement des pratiques politiques et administratives n'arrangera pas les choses (photos)

Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, est revenu à la charge hier, en attribuant implicitiment à la «mentalité héritée de la guerre» les déboires de la deuxième République. C’est sur cette idée qu’il s’est fondé d’ailleurs dans le discours qu’il a prononcé à la cérémonie organisée pour la pose de la première pierre de la Cité universitaire de l’U.L. à Hadeth, pour insister sur le fait que la réussite du prochain mandat et sa capacité à édifier l’Etat de droit dépendra en grande partie du changement de la pratique du pouvoir politique et administratif. M. Hariri s’est exprimé ainsi devant une foule nombreuse de personnalités politiques, diplomatiques, militaires et académiques. La cérémonie était placée sous son égide et s’est déroulée en présence notamment du ministre omanais de l’Information, M. Mohammed Abdel Hamid Rawwas, représentant le sultan Qabous et des ambassadeurs du Koweït, du Maroc, d’Egypte, du Soudan, de Tunisie et d’Arabie Séoudite. Les orateurs, qui se sont succédé à la tribune, se sont accordés pour souligner la dimension symbolique du lieu où la Cité universitaire sera édifiée: une ancienne ligne de démarcation devenue aujourd’hui un lieu de rassemblement des étudiants libanais, soit un symbole d’unité. Mais si le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Culture et le recteur de l’Université, MM. Fawzi Hobeiche et Assaad Diab, ont choisi de prononcer des discours académiques, M. Hariri a, pour sa part, tablé sur le côté politique, justifié par l’approche de l’échéance présidentielle. Lui aussi a mis l’accent sur l’importance du choix du lieu «où le sang des innocents a tracé une frontière artificielle au sein de l’Etat», mais c’était essentiellement pour rappeler qu’«en dépit de la victoire des Libanais sur la guerre, certains continuent malheureusement d’imposer la loi, le concept et le pouvoir de cette guerre sur l’Etat et ses institutions». Le ton est ainsi donné et M. Hariri a poursuivi dans le même ordre d’idées, estimant que «ces pratiques», puisées dans la mentalité de la guerre, ont «affecté l’édification de l’Etat fort dans lequel nous avons cru et que nous tenterons toujours de construire: un Etat qui garantisse la sécurité du citoyen, qui préserve les libertés publiques, qui libére les zones occupées du pays, qui protège la Résistance, qui interdise les atteintes à la loi et qui laisse à la justice seule le pouvoir de juger». «Des événements peu réjouissants» Selon lui, la période transitoire que le pays a traversée après la fin de la guerre et qui était ponctuée de «plusieurs événements peu réjouissants» s’achève. «Plus de tolérance au détriment de la loi, plus d’atteintes aux institutions, plus d’hégémonie pour des considérations personnelles et plus de spoliation de la volonté et des choix du peuple. Nous sommes à l’orée d’une période nouvelle porteuse d’un nouvel espoir», a-t-il déclaré. Puis, dans ce qui semble être une allusion à la polémique qui l’a récemment opposé au ministre des Déplacés, M. Walid Joumblatt, le chef du gouvernement a préconisé «le dialogue calme, posé, objectif et entrepris dans le cadre des institutions pour satisfaire les revendications justes et légitimes et pour faciliter le travail des services concernés loin de l’exploitation sectaire et politique». Et de poursuivre: «Pour être plus clair et pour confirmer ce que j’ai déclaré récemment, je répète à partir de cette tribune que l’élection d’un nouveau président de la République avec le maintien des mêmes pratiques politiques et administratives n’arrangera pas les choses, voire même pourrait avoir les effets contraires (à ceux qu’on souhaite). Il serait utopique de croire (à un changement quelconque dans ce cas) sans compter qu’il est injuste à l’égard du régime actuel et de ses réalisations de tenir ce genre de langage». M. Hariri a considéré que «le prochain président de la République ne peut pas réaliser avec le gouvernement les aspirations des Libanais si un changement radical ne s’opère pas au niveau des pratiques du pouvoir politique, administratif et judiciaire». Il a fait remarquer que «toutes les forces politiques qui jouissent d’un mandat du peuple ont leur place au Liban grâce à son système démocratique». Et de renchérir: «Il faut seulement qu’elles décident d’adhérer à l’Etat. Non seulement à sa gestion. Il faut qu’elles souscrivent à la mentalité de l’Etat responsable, capable et juste ». Il a enchaîné en soulignant son «attachement à préserver les institutions pour leur permettre de jouer leur rôle et à immuniser l’administration face aux caprices, aux tiraillements ainsi qu’aux tentatives d’accaparement, d’hégémonie et au clientélisme». Selon lui, la réussite du prochain régime «dépendra largement du soutien qu’il obtiendra des forces politiques libanaises influentes dès lors qu’elles se libèreront de la mentalité de la guerre et souscriront à la mentalité de l’Etat de droit». M. Hariri a affirmé qu’il poursuivra l’exécution des promesses qu’il a formulées après avoir déclaré qu’il tend la main à toutes les personnes de bonne volonté. Il a notamment souligné la détermination de l’Etat à maintenir la sécurité dans le pays et à barrer la route aux pêcheurs en eau trouble. «Le lien existant entre la sécurité et le développement est fondamental pour poursuivre le processus de redressement et l’Etat de droit dont nous avons consolidé les fondements se renforcera», a-t-il dit.
Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, est revenu à la charge hier, en attribuant implicitiment à la «mentalité héritée de la guerre» les déboires de la deuxième République. C’est sur cette idée qu’il s’est fondé d’ailleurs dans le discours qu’il a prononcé à la cérémonie organisée pour la pose de la première pierre de la Cité universitaire de l’U.L....