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Actualités - ANALYSE

Un départ virtuel qui sème le trouble chez les loyalistes mais pas chez les opposants ...

Il existe des hommes politiques ordinairement assez discrets, mais qui de temps à autre se dévouent pour telle ou telle mission médiatique. Ainsi c’est le ministre de la Défense M. Mohsen Dalloul qui se charge maintenant de faire savoir, urbi et orbi, que M. Rafic Hariri n’a aucune envie de continuer à gouverner sous le prochain régime. Reculer pour mieux sauter? Ce serait en l’occurrence le contraire qu’il faudrait peut-être dire: reculer pour ne pas sauter… En tout cas l’effet vraisemblablement voulu a été largement atteint: dans les salons, il n’y en a plus que pour le sujet partira-partira-pas, qui éclipse même le sujet viendra-viendra-pas concernant les candidats favoris à la présidence de la république. Il n’est d’ailleurs pas exclu que l’annonce de la prochaine retraite du milliardaire ait eu pour but de freiner un peu une course à la présidence partie un peu trop tôt selon les prosyriens. Cependant si l’on met de côté l’élément tactique et si l’on accorde du crédit aux propos de M. Dalloul ( et il n’y a aucune raison de ne pas le faire), les déclarations d’intentions de M. Hariri sont de nature à semer dans le Landernau local un trouble durable. L’homme est en effet devenu sinon indispensable du moins incontournable, comme le reconnaissent ses adversaires les plus acharnés. Tout le monde ou presque se situe par rapport à son poids politique. Au point que l’un des points principaux de la bataille des présidentielles paraissait de savoir si le nouveau chef de l’Etat allait pouvoir faire équipe avec l’inamovible chef du gouvernement ou vice versa. Mais les opposants se montrent naturellement moins émus par l’annonce Dalloul que les loyalistes de toutes tendances. «Il est clair, persifle un contestataire, que M. Hariri ne sait plus quoi inventer pour lustrer son image de marque ternie par l’usure du pouvoir et le flagrant fiasco de ses orientations économiques. S’inspirant de précédents célèbres, comme le faux départ de Chéhab dans les années soixante, il tente de jouer sur la fibre psycho-affective des taëfistes qui lui doivent tant et se sentiraient déstabilisés sans lui. Il espère ainsi faire d’une pierre deux coups: être mieux entendu comme petit électeur dans le choix du prochain président; puis revenir au pouvoir à ses propres conditions. Il ne veut pas se retrouver avec des ministres frondeurs qui lui seraient imposés, comme c’est le cas dans l’actuelle formation». Selon cet opposant, «on aurait pu penser que M. Dalloul a agi, sur recommandation des décideurs, pour ralentir la campagne des présidentielles». Plaidoyer «Mais, poursuit cette source, les explications que M. Dalloul donne montrent clairement qu’il a consulté le principal intéressé. Le ministre va en effet jusqu’à nous accuser, à nous les opposants, d’avoir poussé à bout M. Hariri, en nous imputant «la responsabilité» de ce qui adviendrait après son départ et qui serait à l’en croire forcément négatif. Nous ne sommes pas tout à fait de cet avis. Mais nous n’irons pas jusqu’à faire des paris, pour la bonne raison que nous ne croyons pas tellement à l’éventualité d’une retraite anticipée de M. Hariri. Le problème pour lui doit se résumer dans cette équation-interrogation: comment faire pour rattraper le terrain perdu après les échauffourées successives avec des ministres de premier plan comme MM. Walid Joumblatt, Sleiman Frangié, Farès Boueiz, Elias Hobeika et Jean Obeid? Question d’autant plus lancinante ou agaçante que quatre de ces personnalités inamovibles ou intouchables étant maronites, cela place assez mal le président du Conseil dans la course d’influence articulée sur l’élection présidentielle. Le bras de fer se soldant au mieux par un nul (car il est difficile aux gens d’un même système en verre de se lancer des pierres), le camp du chef du gouvernement cherche des astuces pour marquer des points. Mais l’idée de jouer au dégoûté pour annoncer qu’on quitte est une arme à double tranchant, car on risque d’être pris au mot…». Un autre opposant, peut-être plus optimiste, se demande «si M. Hariri, qui est bien informé, n’a pas appris que le prochain président sera un homme avec lequel il ne peut pas s’entendre. Et comme il ne pourra pas s’élever ouvertement contre le choix des décideurs, il préférerait dès à présent faire savoir qu’il ne compte pas, lui non plus,proroger son mandat». Une hypothèse comme une autre mais qui semble peu plausible. Dans la mesure où les décideurs, de toute évidence, n’ont encore fait aucun choix définitif, vu que pour eux, rien ne presse. Pour le moment donc, tout prête à croire qu’on en reste, côté annonces, au stade des ballons d’essai…
Il existe des hommes politiques ordinairement assez discrets, mais qui de temps à autre se dévouent pour telle ou telle mission médiatique. Ainsi c’est le ministre de la Défense M. Mohsen Dalloul qui se charge maintenant de faire savoir, urbi et orbi, que M. Rafic Hariri n’a aucune envie de continuer à gouverner sous le prochain régime. Reculer pour mieux sauter? Ce serait...