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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Elyssar : les experts contestent le projet de relogement des habitants de la banlieue-sud(plans)

Le Centre d’études et de documentation a organisé hier à l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth une conférence ayant pour thème «Elyssar: réalité et changements» au cours de laquelle plusieurs experts ont donné leur point de vue sur le projet d’aménagement des 560 hectares de la banlieue-sud-ouest de Beyrouth. Les spécialistes ont étudié la situation des 10.200 appartements où seront relogées des familles habitant la banlieue-sud. C’est M. Assem Salam, président de l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth, qui a pris la parole en premier. Il a souligné que «le projet Elyssar est fort délicat car il réaménage une partie de la banlieue-sud de Beyrouth». Notant que «ce projet porte des points positifs», il a souligné toutefois que «le système de zoning adopté séparera les quartiers riches des quartiers pauvres formés de logement qui ne respectent pas les traditions rurales des familles». M. Ali Fayad, président du Centre d’études et de documentation, a pour sa part souligné que «l’urbanisme doit assurer l’équilibre entre trois facteurs: social, scientifique et artistique». M. Samer Raad, professeur à l’Université libanaise, a, pour sa part, noté que le projet «permettra de construire une nouvelle ville. Cependant, elle sera construite sur les décombres de quartiers qui ont connu leur essor avec la guerre civile». Il a affirmé que «le projet déplacera les personnes habitant actuellement des quartiers étendus vers de petites HLM». «Les bâtiments seront construits selon les normes internationales sans prendre en compte les habitudes sociales des locataires, originaires pour la plupart de milieux ruraux», a-t-il dit. C’est ensuite M. Joseph Hélou, directeur général d’Elyssar, qui a pris la parole. Il a déclaré que «le but primordial de l’entreprise publique dont je suis responsable est le développement humain durable». «Depuis 1992, le gouvernement libanais a pris les mesures nécessaires pour développer la banlieue-sud. C’est ainsi qu’Elyssar a vu le jour en juin 1995», a-t-il dit. Et d’énumérer les raisons de la création de l’entreprise: «L’emplacement stratégique de la banlieue-sud-ouest de Beyrouth, l’absence de plan directeur général dans la banlieue-sud, la confusion dans les titres de propriété, la situation illégale de l’occupation de terrains et d’immeubles, la dégradation de l’environnement et la crise de logement dans la région». Il a rappelé aux contestataires que «l’entreprise, pour des raisons politiques, prévoit 10.200 logements pour une population dont la moitié occupe des maisons illégalement dans la banlieue-sud». Et de préciser que «le programme d’Elyssar, si l’entreprise trouve le financement nécessaire au projet de relogement, s’étale sur 12 ans». «La zone dont l’entreprise est chargée est vaste de 560 hectares dont 330 sont à réaménager. Seuls 17 hectares ont été gagnés sur la mer», a-t-il dit. Quant à M. Rahif Fayad, secrétaire général de la conférence des architectes arabes, il a souligné qu’Elyssar «comporte un point positif parce qu’elle est une entreprise publique qui s’occupe de l’aménagement urbain contrairement à la société foncière Solidere». Il a cependant noté que «le projet, qui prévoit des logements et des magasins de luxe à proximité de HLM, contribuera à la création de bidonvilles». Critiquant l’architecture des logements, il a relevé «l’absence de larges trottoirs, d’espaces verts et de système d’aération dans les appartements». «Les HLM sont également proches de l’aéroport de Beyrouth», a-t-il ajouté. M. Elie Yachouhi, économiste, a déclaré que «les projets de relogement touchent des familles ayant pour revenus mensuels une moyenne de 450 dollars. Ils peuvent s’arrêter, à tout moment, de payer les 130 dollars mensuels nécessaires à l’achat de leur appartement». Il a noté que «le projet coûtera au gouvernement 1 milliard 800 millions de dollars américains. Somme qu’il ne pourra pas récupérer entièrement». Et de souligner que «l’autofinancement d’Elyssar pourrait nuire à l’entreprise: si elle ne trouve pas des investisseurs, ses projets ne verront pas le jour». Evoquant l’urbanisme au Liban, il a estimé qu’il «est impossible de regrouper tout le Liban entre Damour et Dbayé, cette région étant incapable d’assurer de l’emploi à la majorité du peuple libanais». Il a souligné en conclusion que «le gouvernement doit établir un plan capable de développer les régions rurales au lieu d’obliger les habitants de ces zones à quitter leur terre pour s’établir dans les banlieues de Beyrouth».
Le Centre d’études et de documentation a organisé hier à l’Ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth une conférence ayant pour thème «Elyssar: réalité et changements» au cours de laquelle plusieurs experts ont donné leur point de vue sur le projet d’aménagement des 560 hectares de la banlieue-sud-ouest de Beyrouth. Les spécialistes ont étudié la situation des...