Contacts séoudo-yéménites pour circonscrire le différend frontalier

Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a accusé l’Arabie Séoudite d’«agression» pour avoir occupé dimanche une île yéménite, faisant trois morts et neuf blessés, lors d’une conférence de presse hier à Sanaa. «Neuf unités de la marine séoudienne, soutenues par l’artillerie lourde, ont agressé l’île d’al-Douwaima, au large des côtes yéménites en mer Rouge, faisant trois morts et neuf blessés parmi les gardes-côtes yéménites», a déclaré le président Saleh. L’occupation de l’île a été confirmée par un diplomate arabe à Ryad. Des sources officielles à Sanaa ont pour leur part indiqué que les «forces séoudiennes ont occupé dimanche l’île de Douwaima à la suite d’accrochages qui ont duré cinq heures». Le ministre yéménite des Affaires étrangères Abdel Kader Bajamal, «doit se rendre mardi ou mercredi en Arabie Séoudite, à l’invitation de son homologue séoudien Séoud al-Fayçal pour examiner» cette affaire, a annoncé le président Saleh. Il a ajouté que le vice-président Abed Rabbo Mansour avait pris contact dès dimanche avec le ministre séoudien de la Défense, le prince Sultan ben Abdel Aziz, pour contenir l’incident. «Des contacts entre Yéménites et Séoudiens sont en cours pour tenter de contenir la situation après l’agression militaire contre al-Douwaima», a poursuivi le président, qui a exhorté les «frères séoudiens à comprendre que l’escalade ne servira pas la sécurité et la stabilité de la région», a dit le général Saleh. Le chef d’Etat yéménite a estimé à ce propos que les commissions mixtes séoudo-yéménites chargées du tracé des frontières «n’ont pas réussi et n’ont pas abouti à des résultats concrets». «En cas d’échec des pourparlers frontaliers, nous allons opter pour l’arbitrage», a dit le président. «Les Séoudiens ne respectent pas les accords avec le Yémen, y compris ceux en matière de sécurité», a déploré le président yéménite, indiquant que Sanaa avait demandé à Ryad l’extradition d’éléments yéménites accusés d’avoir fomenté les derniers troubles au Yémen. «Le ministre yéménite de l’Intérieur Hussein Arabe a récemment demandé à son homologue séoudien (le prince Nayef) de remettre à Sanaa des éléments tribaux impliqués dans les troubles et qui ont fui en Arabie Séoudite», a-t-il poursuivi. Des troubles avaient éclaté en juin dans plusieurs villes du Yémen à la suite d’une décision du gouvernement de majorer les prix des carburants et de certains produits alimentaires, dans le cadre d’un programme inspiré par la Banque Mondiale et le Fonds monétaire international pour assainir l’économie. Le bilan des heurts a été de 52 morts et 214 blessés, selon la presse yéménite, 34 tués et 102 blessés, selon la police. Jeudi, Sanaa avait officiellement accusé son puissant voisin de «grignoter» son territoire et lui a demandé de mettre fin à la «présence séoudienne» en territoire yéménite. L’occupation de l’île d’al-Douwaima, au large de la frontière terrestre séoudo-yéménite, ne semble pas être la première dans la longue dispute territoriale entre les deux pays. Dimanche, un journal gouvernemental yéménite avait accusé pour la première fois l’Arabie Séoudite d’occuper des îles, sans les énumérer. Al-Wehdawi, organe d’un parti d’opposition, avait rapporté en juin que les forces séoudiennes occupaient depuis le 23 mai l’île de Dhou Hourab, au large des côtes du sud-ouest du Yémen, et refusaient de s’en retirer.(AFP-Reuters)